Sit-in contre un 4e mandat dispersé : le verrouillage sécuritaire en renfort au verrouillage politique

Le sit-in organisé aujourd’hui, au niveau de la faculté centrale d'Alger, pour dire «non au 4e mandat» a été dispersé par les services de sécurité, qui ont arrêté plusieurs personnes, dont des journalistes des secteurs public et privé, nombreux à avoir organisé et pris part à cette action. Les personnes arrêtées ont été dirigées vers plusieurs commissariats d’Alger, mais «sans aucune violence ni verbale ni physique de la part des policiers», selon des témoignages que nous venons d’avoir par téléphone de la part de nos confrères arrêtés. Au moment où nous écrivons cet article, les manifestants arrêtés n’ont toujours pas été relâchés. La célérité de la réaction des services de sécurité démontre, s’il restait le moindre doute, que les prochaines élections sont désormais verrouillées. D’abord, au niveau des institutions politiques, le Conseil constitutionnel et les ministères de la Justice et de l’Intérieur, mais aussi au niveau des institutions sécuritaires mobilisées pour réprimer toute contestation à la reconduction de Bouteflika. L’appel à la manifestation avait été lancé il y a quelques jours, via les réseaux sociaux, pour un rassemblement devant la Faculté centrale, aujourd’hui à 10h. Il a permis de réunir quelques dizaines de personnes vite encerclées par des policiers antiémeutes, et en présence de quelques personnes manifestant pour leur part au profit du quatrième mandat. Un rituel qui a tendance à se répéter depuis quelques années, pour contrer toute forme de contestation. Les slogans des manifestants contre un quatrième mandat ont été notamment «le pouvoir au peuple, ni Bouteflika, ni Toufik, ni mafia, ni police politique, ni compromission avec les cercles dirigeants occidentaux ou orientaux, ni compromission avec les intégrismes», «oui à une Algérie libre, oui à une Algérie démocratique et républicaine, oui à une Algérie souveraine, oui à une Algérie moderne, oui à la préservation des ressources naturelles, oui à une Algérie prospère, oui à une éducation de qualité, oui à un enseignement supérieur de haut niveau, oui à une santé de qualité accessible à tous, oui à la méritocratie, oui à un Etat fort respecté et respectueux, oui à une Algérie comme voulue par les chouhada». Les organisateurs avaient précisé dans leur appel au sit-in que l’action «est citoyenne», en notant qu’ il n'y a «ni réseaux occultes ni cercles vicieux. Tout citoyen algérien est le bienvenu. Le sit-in n'est chapeauté ni par un parti, ni par une association, ni par une personnalité, ni par une partie extérieure. Cette action est algéro-algérienne dans le fond et dans la forme. Mettons de côté nos divergences ! L'Algérie a besoin d'un sursaut populaire. Que Dieu nous aide !» Des slogans rassembleurs et partagés certainement par un grand nombre de citoyens algériens, mais qui résonnent malheureusement dans un paysage politique fermé et soutenu par un verrouillage sécuritaire qui ne donne aucune chance aux Algériens de s’exprimer. Le clan de Bouteflika risque pourtant d’engager le pays dans une impasse politique et de l’exposer à de multiples dangers.
Meriem Sassi

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