Fidélité ou naïveté ?

M. Hamrouche, l’invité du forum de Liberté ce dimanche 30 mars, fait un constat des plus acerbes sur la situation actuelle du pays. C’est le leitmotiv de tous ceux et celles qui sont en panne d’idée constructive, à l’instar du système politique actuel. Il affirme, entre autres, que «nous n’avons plus de gouvernement, plus d’administration gouvernementale, les élections sont devenues un outil d’exclusion, etc.». Le bilan de la crise est lourd, dit-il. «Il y a des conflits à l’intérieur du système politique.» Avec ces propos et d’autres aussi virulents, il préconise une solution qui me semble sortir du chapeau d’un prestidigitateur que j’ai qualifié, sur le champ, de moquerie dans le sens où elle ne tient pas compte de ses propos précédents, de son analyse, loin de la raillerie, cela va sans dire. L’ancien ministre et chef de gouvernement nous jette la magie suivante : «La clé est aux mains de trois hommes.» Ce n’est donc pas une crise du système, puisqu’elle relève des hommes aussi puissants soient-ils, donc, au niveau du pouvoir. Nous savons que depuis un certain temps beaucoup d’hommes politiques à leur corps défendant en sont revenus de cette erreur stratégique que feu MDS et à sa tête Hachemi Chérif dénonçait dans son programme depuis les années 90. La deuxième aberration est dans ces sous-entendus que M. Gaïd-Salah serait au-dessus d’autres intérêts que ceux de la majorité des Algériens, que M. Mediène ne dépend pas du premier et enfin que le Président n’est pas malade, puisqu’il a la force de renier sa politique, son mandat… tout pour sauver l’Algérie au bonheur de la majorité de son peuple. Oui, M. Hamrouche précise que l’accord de ces trois hommes est une nécessité, non pas à la sortie de la crise, mais à une séquence primordiale à la voie d’une sortie de crise. A eux trois, nous dit-il, ils ont la clé. Si hier, il faisait appel aux jeunes généraux, on se demande à quel titre, aujourd’hui, il fait appel, appel à leurs supérieurs, les décideurs du pays, et là c’est compréhensible, puisque en tant que citoyen il a ce droit d’interpeller l’Autorité. Ce dernier appel corrige certainement le premier.
A mon avis, la solution comme par se rappeler que notre pays n’est ni le dernier ni le premier dans toutes choses. Les solutions aux grands problèmes exigent un débat soutenu, à long et peut-être à très long terme, souvent organisé jusqu’à faire jaillir un consensus d’une majorité qui se matérialisera obligatoirement un jour. On ne peut aller vers du nouveau qu’en tenant compte des drames que nous avons vécus avec ce rappel élémentaire qu’il ne peut y avoir de vie sociale sans sanction. Si nous ne tirons pas de leçon de notre passé le plus récent, celui qui a failli nous engloutir et qui nous a tellement affaiblis jusqu’au point où nous en sommes, nous risquons tout simplement d’y repasser. Exception faite de la solution qu’il préconise et le parallèle qu’il ose entre des libérateurs, malgré tous leurs défauts et des antidémocrates, malgré toutes leurs qualités. M. Hamrouche a dit beaucoup de choses justes, dont celle de rappeler que si les Novembristes ont fait référence à une République démocratique et sociale, leur modèle était les pays forts, c'est-à-dire les pays occidentaux. Ces pays ont, entre autres, séparé le politique du religieux, c’est à mon avis ce que nous devons faire. La sécularisation est aujourd’hui une de nos urgences, elle est l’affaire de tous les Algériens croyants ou non. Voilà une de mes réponses à sa question «sinon que faut-il faire ?», répétée comme un défi par le conférencier, lors de ses réponses aux questions et commentaires de l’auditoire.
Saâdeddine Kouidri
 

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