Imposante marche des étudiants à Béjaïa contre le 4e mandat

L’ébullition politique est loin de s’estomper à Béjaïa, après la grave tournure qu’a connue la campagne électorale samedi dernier lors de la venue d’Abdelmalek Sellal. Quelque deux mille étudiants ont répondu, aujourd’hui mardi, à l’appel d’un collectif des étudiants pour marcher contre le quatrième mandat. La marche s’est ébranlée vers les coups de 11h depuis le campus universitaire Targa-Uzemmur pour s’achever sur la placette de rue de la Liberté, devant le siège de la wilaya, à environ un kilomètre et demi. Les étudiants, soutenus par de nombreux enseignants et des membres de diverses associations de la société civile, comme l’association des chômeurs de la wilaya de Béjaïa, du mouvement Barakat, et des militants de partis politiques comme le MAK, le PST et le RCD, scandaient à tue-tête les traditionnels slogans hostiles au pouvoir dans une ambiance plutôt bon enfant. Une fois sur la placette, un rassemblement a été improvisé. Les animateurs se sont alors succédé devant le microphone pour haranguer la foule, clamer haut et fort leur rejet des élections et réclamer «un changement radical du système». L’un des orateurs avertit contre toute tentative de récupération de leur mouvement à des fins partisanes, en appelant à «sauvegarder cette dynamique de lutte autonome». Trois grandes banderoles ont été accrochées au portail fermé de la wilaya, sur lesquelles on pouvait lire, notamment, «Non au quatrième mandat du système» et «Dégage système». La foule s’est dispersée au bout d’une heure de rassemblement, dans le calme. Echaudés par les dérapages enregistrés devant la maison de la culture qui devait abriter le meeting du directeur campagne de Bouteflika, samedi dernier, les forces de l’ordre se sont fortement mobilisées tout au long de l’itinéraire que devaient emprunter les manifestants, mais se sont faites plus discrètes au centre-ville, sans doute pour éviter tout risque d’affrontement avec les groupes de jeunes qui ont tenté, en vain, de se greffer à la marche.
Rabah Aït Ali