Aïn Témouchent : un site naturel risque de disparaître

La plage Madagh 2 qui se trouve dans la wilaya d’Aïn Témouchent, considérée comme l’une des plus belles plages d’Algérie, risque de disparaître définitivement à cause du projet d’abri de pêche. Malgré l’arrêt décidé par le ministère de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire, les travaux ont repris, il y a quelques jours, selon les habitués de la plage et les pêcheurs, et continuent d’avancer sur cette plage qui représente un des rares sites naturels à l’état sauvage. «Les travaux d’un abri de pêche ont repris à Madagh 2 et avancent à grands pas. Cette plage emblématique et paradisiaque risque de ne plus exister ; une plage classée parmi les plus belles d’Algérie et considérée comme l’un des rares sites naturels toujours à l’état sauvage et qui dispose d’une riche biodiversité», atteste une citoyenne à Algeriepatriotique. Selon les explications des représentants du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques, un besoin fut exprimé, il y a quelques années, pour la construction d’un abri de pêche sans pour autant donner des précisions sur la partie qui en a fait la demande. La plage Madagh 2 se situe à 8 km des îles Habibas, dans la wilaya d’Oran, lesquelles ont été classées, par décret ministériel, en 2003, comme étant une aire marine biostratégique protégée. En 2002, une loi a été promulguée pour la protection de tout le littoral algérien. «Les îles Habibas sont une réserve naturelle marine située seulement à 8 km de Madagh. Elles risquent aussi un déséquilibre de l’écosystème et la destruction totale et irréversible pour elles et toute la zone environnante», s’inquiète notre interlocutrice. Il aurait fallu, selon la réglementation, qu’avant toute construction côtière, tous les acteurs concernés de près ou de loin par ce projet soient sollicités pour apporter leur avis. Chose qui n’a pas été faite, car en 2008, tous les secteurs concernés étaient réunis pour décider de ce projet sauf le ministère de l’Environnement. Pourquoi ? Personne ne le sait. Les habitants et les pêcheurs de cette zone n’ont pas été consultés non plus, puisqu’ils ont bloqué l’accès à cette plage afin d’exprimer leur refus. «Les pêcheurs ont manifesté et bloqué l’accès de la plage pour montrer leur colère et leur désarroi à une absurdité puisqu’il existe déjà un port à 10 km, celui de Bouzedjar », déclare notre interlocutrice. Invité de la Chaîne III de la Radio nationale, le docteur Yacine Hamdane, de l’Ecole nationale supérieure des sciences de la mer et de l’aménagement du littoral (Ismal), ayant visité le site, avait indiqué, dans une émission consacrée à ce sujet, que cette zone est dite d’accumulation. «On ne peut pas installer un port sur cette plage, car c’est une zone d’accumulation, et l’expérience a démontré que lorsqu’on installe un port sur une plage, il va y avoir un ensablement», avait-il expliqué. Le Dr Hamdane s’est interrogé sur l’utilité de construire un port alors que celui de Bouzedjar est à peine 10 km de là. Selon lui, il serait plus astucieux de renforcer les capacités de ce port au lieu de détruire cette zone dont l’impact sera important sur l’environnement. La représentante du ministère de la Pêche avait avoué, à cette même émission, que le besoin pour cet abri fut exprimé il y a déjà quelques années, ce qui n’est plus le cas maintenant. Elle ne dit pas, par contre, pourquoi les travaux ont repris malgré cela.
Houneïda Acil
 

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