Faut-il autoriser les Français à exploiter le gaz de schiste en Algérie alors qu’ils l’interdisent chez eux ?

«Aujourd’hui, la fracturation hydraulique serait une atteinte considérable à l’environnement.» C’est le président français François Hollande qui faisait cette déclaration il y a quelques mois déjà. Son engagement n’était pas conjoncturel. «Je la refuse et tant que je serai là, je la refuserai, car j’en vois ailleurs les conséquences», ajoutait-il, sans doute en allusion aux dégâts causés par l’exploitation du gaz de schiste sur la santé et l’environnement aux Etats-Unis, seul pays de référence actuellement pour cette aventure anti-écologique. A une autre occasion, il avait souligné que «personne ne peut affirmer que cette technique, seule disponible actuellement, est exempte de risques pour la santé et pour l’environnement». La loi qui interdit la fracturation hydraulique en France avait été votée en juin 2011, sous Sarkozy, par le gouvernement de François Fillon. Elle a été maintenue par les socialistes. Il y a moins d’un an, les dispositions de cette loi visant à interdire la recherche et l'exploitation de ces hydrocarbures à partir de la fracturation hydraulique, et à abroger les permis de recherche nécessitant le recours à cette technique, ont été déclarées conformes à la Constitution par le Conseil constitutionnel. Mais en dehors des écologistes «purs et durs», personne, en France, n’ose «fermer la porte» à l’exploitation du gaz de schiste, ni Hollande, ni Montebourg, ni Mme Royal. Ils attendent qu’une autre technique soit mise au point, mais pour cela, il faut un terrain d’expérimentation. En Algérie, également, experts et hommes politiques ne ferment pas la porte à l’exploitation du gaz de schiste. Leurs réticences et désaccords, quand ils existent, ne portent pas sur l’impact environnemental, visiblement sous-estimé, mais sur des considérations d’opportunité liées à la rentabilité et à ce que rapportera réellement cet investissement très lourd. Jusqu’à maintenant, personne dans l’opposition n’a proposé l’interdiction de la fracturation hydraulique. Au sein du pouvoir, il y a même une tendance à présenter cette technique comme inoffensive et presque sans impact, puisque tout se passe loin des zones habitées et dans un espace dont le sous-sol regorge d’eau inutilisée, laisse-t-on entendre.
Kamel Moulfi

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