Quand la conférence des pays non alignés sert à la promotion du quatrième mandat

Dans une allocution prononcée devant la 17e conférence ministérielle du Mouvement des pays non alignés, tenue aujourd’hui mercredi à Alger, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ne s’est pas gêné d’évoquer, en conclusion, la dernière élection présidentielle en Algérie, en affirmant qu'elle a représenté «une étape qualitative nouvelle dans l'approfondissement de la pratique démocratique et la consolidation de l'Etat de droit». Et de vanter, sur sa lancée, les mérites de la politique de concorde et de la réconciliation nationale et des «réformes structurelles» engagées depuis l’arrivée de Bouteflika au pouvoir en 1999. C’est à se demander si Sellal, qui parlait au nom du président de la République, ne s’est pas, ici, trompé de cadre pour disserter sur la politique interne. Car ses évocations n’ont visiblement aucun lien avec l’objet de cette conférence qui devait, essentiellement, porter sur les relations internationales, et notamment sur la position géopolitique des pays non alignés dans le monde d’aujourd’hui et les multiples défis qui les attendent. Il s’est avéré que toute l’introduction du discours du Premier ministre, axée sur le rôle qui devrait être celui de ce bloc dans l’avènement d’une mondialisation «plus humaine» et «plus équilibrée», n’était qu’un simple habillage rhétorique, de la simple littérature dirions-nous, pour mettre en exergue le seul vrai message qu’il a voulu exposer à cette occasion : celui d’une relégitimation, à l’internationale, d’une réélection largement contestée au niveau national. Or, l’Algérie était plutôt attendue sur les propositions qu’elle devait faire pour faire avancer la cause de ce mouvement luttant pour l’émancipation et la souveraineté des pays du tiers-monde, dans la conjoncture mondiale actuelle faite de démantèlement de pays entiers, d’invasions et d’aliénation accrue. Seulement, le rôle d’avant-garde que l’Algérie a toujours joué au sein de cette organisation n’était pas mis en valeur lors de cette conférence ou, du moins, n’était pas reflété par le discours sans relief du Premier ministre. Un ancien ministre et diplomate, Halim Benatallah, avait prévenu sur les colonnes d’Algerieptariotique que l’équipe actuellement au pouvoir allait se servir de ce premier événement international organisé à Alger après l’élection du 17 avril pour faire son «marketing diplomatique». Qui mieux qu’Abdelmalek Sellal, rompu à l’exercice d’autopromotion, pour avoir été le directeur de campagne à plusieurs reprises du président réélu, pour s’acquitter de cette corvée ?
R. Mahmoudi
 

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