Coface : l’économie algérienne toujours tirée par les hydrocarbures

Dans son nouveau rapport lié au «risque pays» publié jeudi, la Compagnie française d’assurance spécialisée dans l’assurance-crédit à l’exportation (Coface) prévoit pour le cas de l’Algérie un rebond de la croissance à 4%, contre 3% en 2013. Mais cette hausse prévue de la croissance n’est pas induite par une réelle relance de l’économie et demeure suspendue à deux facteurs essentiels : les exportations d’hydrocarbures et la dépense publique. La Coface note, en effet, que le rebond de croissance qui se profile pour 2014 devrait se faire grâce à une augmentation modérée de la production d’hydrocarbures et au programme d’investissements publics couvrant la période 2010-2014 (construction de logements, de routes et de voies ferrées). C’est dire la fragilité structurelle dans laquelle se trouve l’économie algérienne, amarrée depuis des lustres aux exportations de pétrole qui lui fournissent l’essentiel des statistiques et des…recettes. La Coface pointe, d’ailleurs, une dépendance des comptes publics aux hydrocarbures qui perdure, puisqu’ils représentent environ 70% des recettes de l’Etat. L’excédent commercial doit connaître un nouvel effritement en 2014, malgré les exportations d’hydrocarbures – représentant 97% des recettes en devises – et des cours devant rester robustes, d’après la compagnie qui précise, à ce propos, que ces exportations sont soutenues par la mise en service en 2013 du site de production de gaz de Menzel Ledjmet Est et du champ gazier et pétrolier d’El-Merk, ainsi celle, en 2014, de deux nouveaux terminaux de gaz naturel liquéfié à Arzew et Skikda. Seul bémol, peut-être, qui pourrait influer sur la vitalité du secteur des hydrocarbures, une baisse prévue des achats de pétrole algérien par les Etats-Unis et qui serait, selon la Coface, provoquée par le développement de l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste. La Coface constate, sur un autre plan, que «l’Algérie reste assez largement tributaire de l'Europe pour son commerce extérieur et les perspectives moroses dans cette zone risquent de freiner les ventes algériennes». Quant aux importations, la Coface prévoit, pour 2014, une contraction qui serait induite par «les mesures restrictives prises par les autorités depuis 2009», et ce, «en dépit d'importants achats de blé, dont l'Algérie est l'un des plus gros importateurs au monde, et de biens d’équipement liés au développement des infrastructures». «Dans ce contexte, la balance courante sera tout juste excédentaire, son fléchissement étant aussi imputable à une hausse du déficit des revenus et à une diminution des transferts nets», ajoute la Coface. Comme c’est le cas durant toutes ces dernières années, les réserves de change seront là pour combler les défaillances structurelles de l’économie algérienne, mais aussi celles de ses dirigeants. «D’importantes réserves de change (un peu moins de trois ans d'importations) confortent une situation financière extérieure déjà solide. En outre, la politique active de désendettement extérieur, via notamment l’interdiction pour les entreprises d’emprunter à l’étranger, maintiendra le ratio dette/PIB à un niveau très faible (moins de 3% », relève la Coface. Cette dernière fait référence, par ailleurs, dans son document aux mesures prises par le pouvoir depuis le «printemps arabe» et «destinées à lutter contre le chômage des jeunes et à augmenter les logements sociaux, afin de désamorcer la contestation politique et sociale». La Coface constate, aussi, que le cadre légal des affaires reste «peu propice» à l’expansion du secteur privé et des investissements étrangers, hormis, précise-t-elle, «le secteur des hydrocarbures et des cas particuliers comme l’usine automobile Renault en construction à Oran». La Coface prévoit, par ailleurs, dans ses évaluations pour l’Algérie, une augmentation de la consommation privée. Celle-ci serait tirée, selon la compagnie, par les hausses des salaires du secteur public, le subventionnement des produits de base, mais aussi par un éventuel assouplissement des conditions de crédit, de même que l’investissement privé.
Amine Sadek
 

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