L’armée algérienne a pris ses dispositions : qui jugulera la menace terroriste dans le monde arabe ?

La prise de plusieurs villes irakiennes par les terroristes (Etat islamique en Irak et au Levant, EIIL) et leur avancée vers la capitale n’ont pas laissé indifférente la communauté internationale qui a exprimé ses vives inquiétudes. La menace est telle que le président des Etats-Unis n’a pas, au début, exclu d’intervenir pour stopper cette progression, avant d’y renoncer pour envisager «d’autres options» qu’il définira dans les prochains jours. Finalement, il a décidé l’envoi d’un porte-avions. Toutes les capitales occidentales ont proposé leur aide pour faire barrage à cette déferlante islamiste qui menacerait, d’après tous les médias internationaux, toute la région. Pourtant, le même groupe jouit de toute l’impunité en Syrie, pays voisin de l’Irak, et même du soutien moral et politique de ces capitales occidentales qui s’émeuvent, aujourd’hui, de la situation chaotique qui règne en Irak. Pourquoi cette duplicité ? Pourquoi ces puissances n’ont-elles jamais proposé d’aider la Syrie pour s’en débarrasser ? Il est vrai que les Américains et leurs alliés n’accepteront pas que le régime qu’ils ont aidé à s’asseoir dans la Mésopotamie, après la conquête qui a abouti à la chute du régime de Saddam Hussein, soit remis en cause. Alors qu’en Syrie, ce groupe extrémiste mène, avec d’autres, une guerre pour renverser un autre régime hostile. Or, ils n’auraient jamais prévu que les mêmes réseaux puissent avoir un autre plan et une autre démarche. A la différence d’autres groupes de la même obédience, plutôt versés dans un nihilisme qui échappe même à un Ayman Al-Zawahiri, EIIL, tout droit sorti des laboratoires des service de renseignement saoudiens, d’après les observateurs les plus avertis, cherche à instaurer un «Etat islamique» dans une zone délimitée entre l’Irak et la Syrie. Il a déjà réussi à s’implanter dans la zone frontalière, en chassant son rival syrien le Front Al-Nosrah, soutenu par le Qatar et la France, et en procédant à des recrutement massifs dans les provinces sunnites irakiennes, foncièrement hostiles au pouvoir central. Il a pu constituer une armée forte de 13 000 hommes : 6 000 en Irak et 7 000 en Syrie.
L’onde de choc arrivera-t-elle au Maghreb ?
Le danger que représente cette poussée du terrorisme islamiste en Irak, c’est qu’elle risque de déborder sur toute la région et de galvaniser, à court terme, tous les autres groupes djihadistes, actifs ou en formation, dans les différents pays du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et du Sahel. Faut-il s’attendre à des attaques massives dans ces régions dans les prochains mois ? Les pays les plus exposés à de nouveaux assauts sont ceux qui sont en pleine guerre civile : la Syrie, le Yémen et la Libye. En Syrie, une caravane d’acheminement d’armes est déjà mise en place par les membres de cette faction, depuis l’annonce de l’offensive, pour s’en approvisionner dans les villes irakiennes tombées entre leurs mains. Sur le terrain, ses éléments sont en position de force par rapport au groupes rivaux et à la «rébellion». En Libye, où Al-Qaïda est aux prises avec les unités du général Khalifa Haftar depuis plusieurs semaines, les islamistes extrémistes jouent le tout pour le tout, mais sont loin d’être anéantis. Les partisans d’une éradication des milices armées sont arrivés à la conclusion que sans l’intervention des armées des pays voisins – l’Egypte et l’Algérie, notamment –, il leur sera difficile de venir à bout de ces groupes qui ont réussi à lier leur sort à celui des anciennes «milices révolutionnaires» qui se sont bien installées dans le pays et en contrôlent des pans entiers. En cas d’échec de l’opération «Dignité libyenne» lancée par les anciens dirigeants militaires, un scénario à l’irakienne ne serait pas alors à exclure, et l’onde de choc ne ferait qu’aggraver le cas des pays de la région subsaharienne et dont les répercussions pourraient gagner l’Algérie par le sud, où les dispositifs de sécurité ont été renforcés. C’est une réalité établie, les terroristes d’Aqmi s’engouffrent dans toutes les failles laissées par la vacance de l’Etat pour s’y implanter. Le démembrement du Mali, comme c’est aujourd’hui le cas en Irak et en Libye, a été aggravé par l’afflux des groupes djihadistes dans le Nord qui ont fait de la Libye leur zone d’action, mais aussi de repli. Les pressions militaires qu’ils subissent depuis le lancement de l’opération «Serval» en janvier 2013 ne les empêcheront pas de se redéployer, comme le montre le nombre d’attentats commis en une année et demie dans tout le pourtour subsaharien, et même en Tunisie où Al-Qaïda au Maghreb islamique a, pour la première fois, revendiqué un attentat, celui perpétré le 28 mai dernier contre le domicile de l’ancien ministre de l’Intérieur.
R. Mahmoudi

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