Une militante française accuse les autorités marocaines de l’avoir séquestrée et brutalisée

«Bonjour à toutes et à tous,
J’ai été enlevée contre ma volonté hier soir à 21h30 de l’aéroport de Laâyoune et séquestrée dans un véhicule présenté comme étant un taxi. Je n'ai pas été expulsée, ayant fait valoir que cette expulsion aurait été illégale car sans décision judiciaire alors que j’étais entrée en toute légalité à Casablanca.

«Bonjour à toutes et à tous,
J’ai été enlevée contre ma volonté hier soir à 21h30 de l’aéroport de Laâyoune et séquestrée dans un véhicule présenté comme étant un taxi. Je n'ai pas été expulsée, ayant fait valoir que cette expulsion aurait été illégale car sans décision judiciaire alors que j’étais entrée en toute légalité à Casablanca.
Je n'ai pas pu vous prévenir de la suite car ces policiers fourbes et menteurs ont déclaré qu'ils allaient me présenter à une autorité judiciaire comme je le réclamais depuis 2 heures. Mais voyant la vingtaine qu'ils étaient pour me conduire, tous en civil, je me suis dit que ma sécurité pour être assurée nécessitait que je prévienne le consulat et les défenseurs des droits de l'Homme. Ils m'ont interdit de téléphoner, ce que j'ai voulu faire mais l'un d'eux plus vindicatif que les autres m'a saisi la main pour me prendre mon mobile. Dans la bousculade qui eut lieu, il a fait valser la batterie que je n'ai pu rattraper. Donc, mon téléphone qui n'a plus de cache ni de batterie est hors d'usage. Ils m'ont ensuite conduit à ce qu'ils ont déclaré être un taxi où je ne voulais pas monter sans ma batterie. Ils se sont alors mis à trois pour me pousser dans le véhicule, un autre passant par l'autre porte pour me tirer… Je précise que je n'ai pas été tabassée, seulement rudoyée à deux reprises : dans l'aéroport et devant le taxi. Deux hommes en civils sont montés à bord en sus du chauffeur. Trois fourgons des GUS (Groupes urbains de sécurité) nous ont «escortés» jusqu'à la sortie de Laâyoune ainsi qu'un véhicule banalisé qui fut seul à nous suivre jusqu'à la sortie du territoire non autonome du Sahara Occidental. Direction Agadir, m’a-t-on annoncé alors. Pour quoi y faire ?
Durant le voyage, j’ai craint plusieurs fois que nous ayons un accident : le chauffeur roulait «à tombeau ouvert», téléphonant sans cesse ou répondant à des appels alors qu’une circulation importante de gros camions venant en face éblouissait souvent. Je ne pouvais m’attacher, les ceintures à l’arrière ne pouvant être accrochées ; d’ailleurs, personne n’était attaché. Les deux portières arrière étant bloquées, si nous avions eu un accident nous n’aurions pu sortir. On ne m’a permis qu’une seule fois d’aller aux «toilettes», plus d’une heure après que j’en ai eu fait demande. Il fallait que mes «accompagnateur» téléphonent à droite et à gauche pour y accéder, de même pour que je puisse avoir accès à mon bagage à main enfermé dans le coffre. Le taxi ne s’est pas arrêté dans l’un des restaurants devant lesquels nous sommes passés, mais à la dernière pompe à carburant où les WC femmes étaient d’une puanteur écœurante, sans chasse d’eau ni porte, dans un couloir dont la porte n’avait pas de serrure.
Ma deuxième demande n’a pas été exhaussée car nous approchions d’Agadir. Pourtant, c’est à Inzgen qu’on a prétendu me débarquer vers 4h30 devant un hôtel (moins 1*) où, d’ailleurs, personne n’avait réservé de chambre. J’ai refusé de quitter la voiture. Un policier est intervenu à la demande du chauffeur, mais il a fait droit à mon exigence d’être conduite dans un hôtel correct à Agadir comme prévu. Ce qui est fait maintenant.
Je vous quitte car je n’ai pas dormi avec tout ce chambard. Je mets le message en copie à ma famille car je ne sais pas si vous avez pu avertir mes filles et petite-fille. Je tiens à les rassurer. Dès que j’ai acheté un téléphone, j’appelle tout le monde. MERCI POUR VOTRE SOUTIEN».
Michèle Decaster

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