Me Ksentini : «Il faut revoir la loi sur la lutte contre les stupéfiants»
Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), Mustapha Farouk Ksentini, s’inquiète de l’ampleur du trafic de drogue et de la propagation de ce «venin» dans les foyers algériens. Pour une lutte plus efficace contre ce fléau qui ronge la société algérienne, Me Farouk Ksentini appelle au changement d’approche et surtout à la révision de la loi sur la lutte contre les stupéfiants. Qualifiant de dramatique la prolifération des stupéfiants parmi les jeunes, Ksentini insiste sur l’urgence de réviser la loi n°04/18 relative à la prévention et à la répression de l'usage ou du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes. Cette loi, selon lui, compte plusieurs lacunes. Parmi elles, l’absence d’un cadre de prise en charge des consommateurs à travers notamment des séances de désintoxication. «Est punie d'un emprisonnement de deux mois à deux ans et d’une amende de 5 000 à 50 000 DA, ou de l'une de ces deux peines, toute personne qui, d'une manière illicite, consomme ou détient à un usage de consommation personnelle des stupéfiants ou des substances psychotropes», stipule l'article 12 de la loi en question. «Il est inconcevable de prendre en otage l'avenir d'un jeune qui était en possession de petites quantités de stupéfiants en le condamnant à une peine d'emprisonnement qui est loin d'être la solution indiquée en pareil cas, car provoquant l'effet inverse», estime Me Ksentini pour lequel la situation a atteint un tel degré de gravité dans le sens où le magistrat prononce, de façon systématique, des verdicts à l'encontre de personnes dont les noms sont cités dans des affaires liées aux stupéfiants, même «en l'absence de preuve matérielle». Les dégâts que fait la drogue dans la société influencent, selon cet avocat, le magistrat qui manifeste des «appréhensions à l'idée d'une relaxe en faveur de personnes impliquées même s'il s’agit de jeunes consommateurs». Me Ksentini suggère en quelque sorte d’alléger la peine contre les consommateurs et de renforcer leur prise en charge psychologique et sanitaire pour les extraire de l’environnement des drogués. Il considère également que le plus important, outre la révision de la loi en question, est de concentrer l'effort sur la protection et la sécurisation des frontières avec le Maroc, un pays exportateur de cannabis à travers lequel il tente de «nuire à la jeunesse algérienne».
S. Baker