La BAD met en garde : «La position extérieure de l’Algérie présente des signes d’essoufflement»

Dans son rapport 2014 sur l’Afrique du Nord, la Banque africaine de développement (BAD) estime que «la croissance de l’Algérie reste en deçà de son potentiel, tant le pays dispose d’importants atouts». La BAD, qui publie son rapport sous le thème de «la croissance inclusive», offre un tour d’horizon de toutes ses activités dans la région, ainsi qu’une synthèse de la situation socioéconomique de chacun des cinq pays étudiés. Concernant l’Algérie, la BAD souligne «d’abord, une stabilité politique lui permettant de se consacrer à la mise en œuvre de sa stratégie de développement». Ensuite, des infrastructures relativement développées constituent, selon l’institution financière, «un avantage comparatif pour la compétitivité de l’économie auquel il conviendrait d’associer la situation financière confortable, illustrée par des réserves de change estimées à environ 196 milliards de dollars». Pour la BAD, malgré un important potentiel, «l’Algérie reste toujours confrontée à d’énormes défis». Le pays aura besoin, selon le rapport, de «compléter le processus de transformation structurelle de son économie, d’assurer la diversification des sources de sa croissance pour renforcer la soutenabilité de ses finances publiques en faisant reculer sa dépendance au secteur pétrolier». En effet, souligne la BAD, «le secteur hors hydrocarbures, eu égard à ses performances moyennes enregistrées (5%) au cours de la dernière décennie, offre un potentiel qu’il conviendrait d’exploiter au mieux comme alternative en mesure d’apporter des réponses durables à la problématique de l’emploi des jeunes». Le taux de croissance dudit secteur est estimé à 5,9%, en 2013, contre 7,1% en 2012. Même si elle reste solide, la position extérieure de l’Algérie a commencé à présenter, selon la BAD, «des signes d’essoufflement au cours de l’année 2013». En effet, l'excédent de la balance courante s’est établi à 1,1% du PIB (contre 5,9% enregistrés en 2012) sous le double effet d’une baisse des exportations et d’une hausse des importations. Au niveau des finances publiques, «le retour à la prudence budgétaire», adoptée par les pouvoirs publics en 2013, a permis, selon le rapport, «d’augmenter les revenus fiscaux non pétroliers, sans toutefois réduire les dépenses sociales (transferts sociaux, soutien des prix et masse salariale), tout en cherchant à rationaliser les autres dépenses publiques». Ainsi, estime la BAD, «la consolidation budgétaire, un des premiers résultats attendus de la modernisation des finances publiques, a eu pour effet une réduction de 12% des dépenses de fonctionnement, réalisant ainsi des économies substantielles». Au plan social, relève la BAD dans son rapport 2014, «l’Algérie est en bonne voie d’atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (OMD)». «L’accès au logement et le chômage (à 9,8% en 2013, contre 10% en 2012) restent toutefois des défis majeurs pour le pays», rappelle la BAD qui souligne, concernant le logement, que les pouvoirs publics se sont fixé pour objectif, à la fin 2014, la construction de deux millions de nouveaux logements afin de résorber le déficit présentement observé». La problématique du chômage des femmes et des jeunes reste également au cœur des priorités des pouvoirs publics en Algérie, estime la BAD qui rappelle que «22,4% des jeunes âgés de 15 à 24 ans sont à la recherche d’un emploi». Pour l’institution financière panafricaine, «une croissance plus forte et soutenue contribuerait à faire reculer ce taux de chômage et pourrait être stimulée par la diversification accrue de l’économie et la poursuite de la mise en œuvre des réformes structurelles». Plus généralement, la BAD souligne, en s’appuyant sur le dernier rapport sur les perspectives économiques en Afrique, que «la croissance économique devrait être de 4,3% en 2014 et de 4,2% en 2015. Ainsi, pour l’année 2014, la croissance de l’économie algérienne devrait rebondir à un rythme plus soutenu que les deux précédentes années. Elle devrait être tirée par les investissements publics et soutenue par une relance de l’activité dans le secteur des hydrocarbures, qui devrait croître de 2%. La croissance hors hydrocarbures devrait rester supérieure à la moyenne pour atteindre 5,3%. L’inflation devrait se chiffrer à 4%, toujours aux alentours des limites fixées par les autorités monétaires.
Meriem Sassi

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