Yvan Blot à Algeriepatriotique : «C’est l’allié américain qui pousse la France à la guerre»

Yvan Blot impérialisme américain France
Yvan Blot, homme politique français. D. R.

Algeriepatriotique : Dans votre livre L’Europe colonisée, vous dressez un constat d’une Europe «colonisée» par une immigration incontrôlée et une dictature européenne totalement soumise à l’impérialisme américain. Quelles sont les raisons qui ont mené à cette Europe que vous décrivez aujourd’hui ?

Yvan Blot : Le général de Gaulle a vécu cela lors de la Libération. Il a empêché les Américains de mettre en place un gouvernement provisoire avec une monnaie provisoire américaine en créant la France libre. L’Europe était ruinée et craignait l’Union soviétique. A cette époque, les Etats-Unis étaient sans doute indispensables. Après 1958, de Gaulle a essayé de créer une Europe européenne en s’appuyant sur l’Allemagne et en empêchant le Royaume-Uni d’adhérer à la Communauté européenne de l’époque. Mais les Allemands voulaient la réunification de leur pays et pensaient que seuls les Américains pourraient les aider. Toutefois, de Gaulle a fait sortir la France de l’organisation intégrée de l’Otan et a fait construire une force nucléaire totalement indépendante. Depuis lors, les gaullistes ont perdu de l’importance politique. Il reste une droite atlantiste avec des personnalités comme Alain Juppé. A gauche, les communistes ont presque disparu et les socialistes sont pro-américains, car les Etats-Unis les ont financés dans l’après-guerre pour lutter contre les communistes. Lorsque l’Union soviétique s’est effondrée, c’était le moment pour échapper à la tutelle américaine, mais cela a été le contraire. Les Etats-Unis sont devenus la seule puissance mondiale sans contrepoids. Ces contrepoids commencent à émerger avec notamment la Russie et la Chine.

Vous proposez quelques éléments de réflexion qui devraient, selon vous, aider le Vieux Continent à retrouver sa souveraineté d’antan. Croyez-vous cela possible alors que l’Europe est de plus en plus soumise au diktat américain ?

Je pense que la classe politique est soumise aux Etats-Unis mais pas nécessairement les peuples. C’est pourquoi je préconise une réforme de la Constitution pour introduire le référendum d’initiative populaire, comme en Suisse. Par ailleurs, il faudrait diversifier la classe politique : il y a trop de fonctionnaires civils. Il faudrait des médecins, des avocats, des chefs d’entreprise et des militaires, notamment, qui apporteraient d’autres vertus dans le monde politique. Poutine a redressé la Russie grâce à ses vertus d’officier, comme de Gaulle l’avait fait pour la France.

On évalue le nombre des think tanks au sein de l’Union européenne à près de 2 000. A quel point ces «réservoirs d’idées pour décideurs de ce monde» qui établissent les règles sur lesquelles seront définis les projets politiques de demain sont-ils réellement influents ?

Ils n’apportent en général pas d’idées nouvelles. Un collectif ne remplacera jamais un grand penseur ou des philosophes comme Pascal ou Heidegger. Beaucoup de think tanks relaient la pensée dominante sans plus. En France, l’administration définit les règles et impose ses idées au politique : c’est la «technocratie». Contre cette déviation antidémocratique, il faut, comme vient de le dire Nicolas Sarkozy, recourir aux référendums.

Quelle est leur responsabilité dans la complexité de la crise financière, sociétale et politique en Europe ?

Ce sont moins les think tanks que les dirigeants des grandes banques et les hauts fonctionnaires qui sont responsables. Ce sont souvent des matérialistes qui ne voient que le gain à très court terme. Je fais plutôt confiance aux chefs d’entreprises familiales, aux vrais propriétaires qui ne jouent pas avec l’argent des autres et qui n’ignorent pas le long terme.

Quel rôle ont-ils joué dans la destruction programmée de certains pays arabes, selon vous ?

Je crois que les think tanks dont vous parlez sont des tentacules de la pieuvre américaine qui a voulu détruire tous les Etats arabes laïcs. C’est un mauvais calcul, car cela laisse la place à un islamisme radical destructeur pour tout le monde, musulmans, chrétiens et laïcs.

La situation sociale et économique en France n’a jamais été aussi grave que ces dernières années. Que se passe-t-il en France exactement ?

La France est exploitée par sa propre administration qui prélève plus de 50% de la richesse nationale et qui étouffe les chefs d’entreprise par trop de réglementations. On n’arrive pas à réformer l’Etat, car la pression des syndicats et des fonctionnaires est trop forte. Il faut des référendums.

La politique étrangère française semble incohérente, voire hasardeuse : interventions armées dans des pays souverains, ingérence, soutien (indirect) aux groupes terroristes en Syrie, etc. Comment expliquez-vous ces choix extrêmes ?

La France actuelle n’est plus celle du général de Gaulle. Elle est très soumise à l’allié américain qui pousse à la guerre. Je montre cela dans mon livre L’Europe colonisée. Il faut retrouver notre indépendance en politique étrangère. Ce sera difficile avec les socialistes qui après la Seconde Guerre mondiale ont été financés par les Américains pour affaiblir le parti communiste. Celui-ci a presque disparu, mais les habitudes demeurent.

Interview réalisée par Mohamed El-Ghazi

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