Mohamed Aïssa : «Nul n’a le droit d’instrumentaliser l’islam»

Le ministre des Affaires religieuses a dénoncé les tentatives d’instrumentaliser la passion qu’ont les Algériens à leur religion, l’islam. S’exprimant aujourd’hui sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, Mohamed Aïssa a regretté les dérapages enregistrés à Alger lors d’une marche «spontanée» de dénonciation des caricatures de Charlie Hebdo sur le Prophète. «Nous l’avons prévu. D’ailleurs, nos imams, sur les pupitres de l’ensemble des 15 000 mosquées, ont interpellé les fidèles à rester dans le contexte réel de la défense du Prophète et de la promotion de sa tradition. C’est-à-dire, au lieu de crier, de brûler, d’incendier et blasphémer, il est préférable de démontrer que l’islam est une religion de cohabitation, de convivialité, d’intelligence, de travail et d’engagement», a-t-il souligné, tout en rassurant sur le fait que la majorité des Algériens est immunisée contre ces viles tentatives de récupération des mouvements de masse. «Nous avons vécu cela dans les années 90, cela nous a conduits à des violences qui ont fait 200 000 morts. Les Algériens en sont conscients et vigilants aujourd’hui», a-t-il affirmé. Pour lui, les dérives enregistrées vendredi à Alger «ne relèvent ni de l’éthique et de la déontologie ni de la passion des musulmans». Le ministre des Affaires religieuses rappelle dans ce sillage que la seule bonne manière de défendre le Prophète, c’est de promouvoir sa tradition en mettant en avant les vraies valeurs de notre islam, à savoir «la tolérance, la cohabitation, le travail, la propreté, l’intelligence et la convivialité». Pour ce faire, il faut l’implication de tous, des médias aussi. Mohamed Aïssa relève l’excès de certaines chaînes de télévision qui offrent des tribunes à des personnages qui ont eu un rôle direct dans les malheurs des Algériens durant la décennie noire. Il considère que ces chaînes sont inconscientes des dégâts qu’elles font. «La course à l’audimat les pousse à l’extrême, sans mesurer l’impact de ce qu’elles diffusent sur la société», a-t-il constaté, estimant nécessaire d’aller vers la réorganisation de ces chaînes en leur rappelant leurs responsabilités. S’agissant de l’attentat contre Charlie Hebdo, Mohamed Aïssa assure que les auteurs n’ont rien à voir avec l’islam et qu’ils n’ont jamais fréquenté la mosquée, du moins celles contrôlées par des imams algériens. Il regrette en revanche l’amalgame que sèment les milieux racistes en Europe en assimilant le musulman au terroriste.
Rafik Meddour
 

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