Attentat sanglant contre Charlie Hebdo : comment Bernard-Henri Lévy tente de se refaire une virginité

Invité de la chaîne qatarie Al-Jazeera, mardi soir, le héraut du «printemps arabe» Bernard-Henry Lévy s’est prononcé pour la première fois sur les attentats du 7 janvier qui ont visé le journal satirique Charlie Hebdo à Paris. Contre toute attente, celui qui a pendant des années montré un zèle inégalé dans toutes les campagnes lancées contre le monde arabe et qui a l’habitude de galvaniser les esprits à la moindre attaque à caractère «antisémite», en France, ne veut plus assumer sa responsabilité. Pis, il se présente comme un donneur de leçons. Il a d’entrée qualifié un éventuel recours de la France aux mêmes dispositions décidées par les Etats-Unis au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, à savoir la préparation de ripostes militaires, d’«erreur américaine» qu’il ne faudrait pas rééditer. Il a appelé les autorités de son pays à tirer les enseignements de ce qu’il appelle «l’échec des lois antiterroristes américaines». Veut-il faire oublier que lui-même était, en 2011, le maître à penser de l’invasion de la Libye, et qu’il n’a jamais caché sa peine de ne pas voir la Syrie bombardée par les avions de l’Otan, pour lui faire subir le même sort ? Se sent-il aujourd’hui coupable des conséquences dramatiques de l’islamisme international, dont il a été un des promoteurs les plus actifs, sur son pays ? Sinon, pourquoi évite-t-il de se mêler aux débats actuels animés dans les médias français sur les attentats de Charlie Hebdo ? Une chose est néanmoins sûre, c’est que, pour une fois, BHL donne l’impression d’être dépassé par les événements ou en tout cas à la traîne du débat. Il se contente d’envoyer des messages sibyllins, en considérant par exemple que «la majeure partie des jeunes musulmans de France souffrent de chômage et d’exclusion, mais cela ne signifie pas que tous les musulmans qui souffrent de chômage sont des terroristes». Un discours actuellement en vogue, en France, relayé par la classe dirigeante et les médias dominants, mais qui cache mal une tendance au durcissement et à la stigmatisation de toute une communauté livrée à la vindicte populaire – la multiplication des actes antimusulmans en est la preuve – depuis les attentats du 7 janvier. Reprenant cette rengaine, Bernard-Henry Lévy se dit content de la participation «en grand nombre» des musulmans de France dans la grande marche du 11 janvier à Paris. Même esprit conformiste dans sa réponse à une question sur les caricatures blasphématoires reproduites par Charlie Hebdo après les attentats, en jugeant, tout simplement, que cela «entre dans le cadre du droit à la liberté d’expression garanti à chaque citoyen par la république laïque», même s’il dit comprendre «le désarroi de certains».
R. Mahmoudi
 

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