L’aveu d’Emié : «Nous n’avons pas pleinement pris conscience de ce qu’était la violence terroriste»

«Je souhaite que nous ayons une pensée particulière pour les 120 journalistes algériens qui ont été assassinés pendant les années noires», a déclaré l’ambassadeur de France à Alger, ce jeudi, lors d’une réception organisée en l’honneur de journalistes algériens ayant suivi une formation dans le cadre du programme Tahar-Djaout. «Ils sont parmi les premiers journalistes à avoir payé de leur vie leur opposition au terrorisme, parmi les plus nombreux martyrs de la liberté d’expression», a encore souligné Bernard Emié, pour qui les noms de Tahar Djaout, Rabah Zenati, Abderrahmane Chergou, Mustapha Abada, Saïd Mekbel «et tous les autres, si nombreux, restent gravés dans nos mémoires et dans les vôtres». «Au-delà du monde de la presse, nous penserons aussi à tous les intellectuels, tous les artistes qui ont été les victimes de cette violence, et tout particulièrement au grand chanteur Matoub Lounès, que plusieurs d’entre vous connaissaient personnellement et à qui une dizaine de villes françaises ont depuis rendu hommage en donnant son nom à l’une de leurs rues», a ajouté Bernard Emié qui ne cache pas sa gêne face aux Algériens qui reprochent à son pays d’avoir tourné le dos aux journalistes algériens qui se faisaient massacrer par les hordes sauvages du GIA et qui se demandent aujourd’hui où étaient ces millions de gens qui ont marché le 11 janvier 2015 et qui dans le monde a manifesté sa solidarité envers les journalistes algériens morts sous les balles des terroristes : «Ils ont raison. Nous n’avions sans doute pas alors pleinement pris conscience de ce qu’était la violence terroriste. Ce n’est que progressivement que nous avons compris qu’il s’agissait d’un combat commun, un combat sans frontières contre la barbarie et pour la liberté», confesse l’ambassadeur de France à Alger, convaincu que «le temps du repli, de l’isolement, de l’ignorance est terminé» : «Au lendemain des attentats de Paris, nous avons dit "Nous sommes Charlie", mais nous pouvons, nous devons dire aussi, en mémoire de vos confrères algériens, de ces journalistes assassinés : "Nous sommes Tahar Djaout"». La France, selon Bernard Emié, ne doit pas se tromper de combat : «Il ne s’agit pas d’une guerre contre une religion, mais d’une guerre contre la haine. Les attentats qui ont été commis à Paris sont une insulte à l’islam et les musulmans sont les premières victimes du terrorisme», a-t-il dit.
Lina S.

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