Comment des affairistes véreux détournent les devises engrangées grâce à la rente pétrolière

Le détournement de devises en Algérie prend de plus en plus de l’ampleur. Cette pratique, qui a toujours existé, s’est généralisée de manière inquiétante ces dernières années en raison de la corruption qui gangrène l’économie nationale et la société. De plus en plus nombreux, des affairistes véreux usent de procédés «sophistiqués» et font preuve d’ingéniosité pour tromper la vigilance de ceux censés veiller aux respects de la réglementation. Les masses d’information qui nous parviennent tous les jours font état de transferts illicites massifs de devises à l’étranger par des «patrons» de sociétés sans scrupules qui trouvent des moyens peu orthodoxes pour contourner la loi. De la surfacturation à la création de sociétés-écrans auxquelles on paie de pseudo-prestations de services en passant par l’alimentation directe de comptes en devises non déclarés par la société mère, les devises algériennes, obtenues grâce à l’exportation des hydrocarbures, s’évaporent dans les circuits de trafics en tous genres. Une nouvelle caste d’affairistes sans foi ni loi recourt à ces pratiques, notamment dans le domaine de l’automobile. Ainsi, des importateurs de véhicules malhonnêtes arrivent grâce à la garantie automobile à alimenter leurs comptes cachés à l’étranger. Comment ? Quand ils effectuent une réparation sur un véhicule encore sous garantie, ils se font dédommager par la maison mère, conformément au contrat qui les lie. Mais ces «concessionnaires» s’arrangent pour ne pas rapatrier les devises, comme l’exige la loi. Ainsi, on demande à la maison mère d’effectuer le virement dans un autre compte que celui de la «société» basée en Algérie. Certains concessionnaires automobiles représentants de marques connues dans le monde usent et abusent de ce procédé qui leur permet d’alimenter leurs comptes personnels à l’étranger. Selon un document en notre possession, plusieurs concessionnaires ont eu recours à cette technique pour placer des sommes faramineuses à l’étranger. Ils ne déclarent bien entendu pas les dédommagements obtenus auprès de la maison mère et intègrent les frais de réparation dans le volet «pertes», ce qui leur permet également de faire baisser l’impôt sur le bénéfice. Par cette technique, qui échappe ainsi à tout contrôle, plusieurs affairistes véreux arrivent à placer des millions d’euros et de dollars à l’étranger, loin de tout soupçon. Il y a aussi une autre pratique courante qui consiste à faire payer en devises virées à l’étranger des prestations de services effectuées en Algérie. La cible principale : les expatriés et les émigrés qui bénéficient de rabais importants en contrepartie de la discrétion. Pour blanchir leur argent à l’étranger, ces affairistes créent des sociétés civiles immobilières (SCI) dont le statut n’exige pas la publication de l’état des comptes annuellement. Ces techniques s’ajoutent à tant d’autres qu’on découvre au fil des jours, notamment grâce à l’éclatement de certains scandales de corruption à grande échelle, comme celui de l’autoroute Est-Ouest.
Rafik Meddour
 

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