L’intellectuel, le responsable et le citoyen

Par Mohamed Benallal – Qui veut faire quelque chose trouve un moyen, qui ne veut rien faire trouve une excuse (proverbe).

Par Mohamed Benallal – Qui veut faire quelque chose trouve un moyen, qui ne veut rien faire trouve une excuse (proverbe).
Dans un Etat de droit, dans un Etat démocratique, dans un Etat de justice, d'égalité et de dignité, qu'il soit libéral, socialiste, communiste ou capitaliste, je récite activement mes devoirs et j'assume socialement mes obligations, tout cela dans le cadre axiologique pour la préservation de la République et des valeurs universelles et institutionnelles. C'est dans ce cadre que devrait se jouer l'engagement sincère de l'esprit de l'homme «citoyen», de l'homme «intellectuel» et de l'homme «responsable». Et pour s'affirmer toujours plus en valeur ajoutée morale, spirituelle et matérielle, les trois types d'homme devront faire de la rectitude, de la droiture, de l'impassibilité, de la rationalité et de la fermeté la Mecque qui guide leurs actes et leurs comportements en prière. Le refus d'endosser le rôle de l'intellectuel, de responsable et de citoyen laissera sans aucun doute la porte grande ouverte aux forces contraires aux valeurs que je viens de citer, et que la majorité du «ghachi» défend verbalement, faiblement, honteusement et tout bas (esprit d'assisté). Par contre, les intellectuels devront, par principe, imposer haut et fort leurs pensées de justice, d'action et d'abnégation qui concilient la vérité, la probité, éthique et l'humilité dans une discipline tracée et ce, dans un contexte sociétaire, sinon bonjour ! Le «ghachi» ne pourra devenir un peuple qu'après un réveil conscient des intellections. Einstein disait vrai : «Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font du mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire.» Avant d'entamer le sujet, il s'agit peut-être de définir l’intellectuel pour mieux s'aventurer dans cette modeste contribution.
Qui est intellectuel ?
Un intellectuel ou lettré, dans le jargon parlé intellecto-intellect, est celui qui a tendance à privilégier une activité créatrice de l'esprit pour le plaisir de l'intelligence (la faculté de comprendre de discerner et de saisir par la pensée) que ce soit une création, une œuvre ou une chose, c'est aussi la faculté de forger et de mieux maîtriser et saisir les concepts.
Quel est l'espace favorable de l'intellectuel ? Il y a, aussi, l'intellectualisme : c'est la philosophie doctrinale qui affirme la prééminence de l'intelligence sur les sentiments et la volonté. La conception doit nécessairement être mise en œuvre dans le cadre de la citoyenneté. Cette dernière devrait être créée par tout moyen dans un cadre de projet de société.
Comment reconnaît-on les intellectuels ? Alors que l'intellection représente l'activité fondamentale de l'intellectuel dans les secteurs suivant l'art, la culture, la science, la technologie, la religion, la politique, l'intellectuel est en général un penseur respectable qui intervient dans le débat politique, scientifique, culturel, économique, pour prendre position, défendre les valeurs ou proposer des solutions aux problèmes rencontrés au niveau de la société, de son projet de société, de son modèle de développement, de sa croissance économique, de son développement économique culturel et social, de son cadre de vie de l'amélioration de la vie des citoyens, de la gestion efficace des institutions politiques, administratives, économiques et sociales, etc. L'intellectuel est reconnu comme un esprit créateur, un esprit culturel, un esprit producteur, un esprit consommateur, un esprit politique, un idéologue….
L'intellectuel et la crise de société
La crise multidimensionnelle (politique, économique, sociale, culturelle…) que nous vivons actuellement en Algérie suppose des difficultés immenses et surtout des défis gigantesques à relever. Cette crise appelle nos intellectuels à reconsidérer notre propre système et de faire des choix judicieux pour s'en remettre.
L'intellectuel n'est pas un commentateur public. Nous avons le choix de l'esprit d'engagement et de l'action à susciter et à accomplir dans la vie publique et politique de manière à ne pas déserter le devoir et l'obligation qui sont en nous en toute égalité, en toute légalité, en toute justice et en toute dignité. Il faut en tant qu'obligation morale repenser le rôle de l'intellectuel dans notre société. Ne plus être un simple commentateur de l'actualité quotidienne, mais reconquérir le rôle d'acteur pour assumer la véritable responsabilité historique de figure de penseur et activant avec un engagement utile dans les grands débats de la vie du pays pour tenter de défendre ses valeurs et ses idées, de modèles économiques, politiques, éducatifs, culturels… dans le cadre de la justice.
L'intellectuel et la politique
La politique est un terrain propre à l'intellectuel qui sert à défendre en toutes circonstances ses idées et ses convictions comme disait J. Jaurès. «Le courage c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel.» Le rôle d'acteur réservé aux intellectuels est désormais assumé par tout le monde verbalement dans des cercles acculturés, cafés, «halqate» (rencontres), etc. Nos personnalités politiques appellent fortement à cette mise en œuvre de la société pour effacer les véritables intellectuels et les mettre soit en retrait, soit les marginaliser pour mieux les mimer avec un faux esprit. D'autre part, la démission de l'intellectuel vis-à-vis de la société laissera sans aucun doute un espace favorable pour les médiocres, exactement comme cette maxime qui dit : «Celui qui arrache les terres aux Arabes pour en faire des terres arables.»
La rente fait mal à l'intellectuel
La rente sert l'intérêt matériel des prédateurs pour mieux s'empiffrer et chasse les idées des intellects pour bien les ignorer. La réalité est qu'un désengagement total et croissant des «intellectuels», des «responsables» et des «citoyens» dans la vie politique sociale et autres domaines laissera sans aucun doute le terrain aux carriéristes, aux responsables cupides, aux affairistes faucons, aux médiocres… Cette démobilisation spirituelle peut être exprimée aussi par une très forte abstention lors des élections pour montrer leurs désengagements, alors, comment peut-on trouver le moyen d'engager fortement les «citoyens», les «intellectuels» et les «responsables» dans la vie publique. Une question que les véritables intellectuels engagés devront y apporter ? Au mieux, ceux qui se disent aujourd'hui intellectuels et se contentent de décrire la société en tant que telle sans vraiment apporter de réelle valeur ajoutée aux trois dimensions, à leurs propos ou analyses. Le rôle de l'intellectuel en Algérie a pris une tournure dans son quotidien, car il se rabat, se borne et se satisfait d'épiloguer, c'est-à-dire «critiquer» l'actualité, de décrire mal la société et d'inventorier les problèmes quotidiens sans pour autant s'engager dans le débat politique, social et autre. Un intellectuel devrait en principe évoquer des solutions à mettre en œuvre ou préciser de grandes orientations pour faire évoluer la société vers la «citoyenneté». Là encore, quel que soit le maillot politique dans le terrain de la confusion des responsables soumis, on constate la même incapacité à apporter des solutions au chaos de la société. Je vois dans cette tendance à l'inaction et dans ce désengagement total de la vie économique, politique et sociale une fatalité pour éliminer toute dynamique pour aller vers une démocratie où le citoyen sera roi et la loi serait reine.
M. B.

Ndlr : Les idées et opinions exprimées dans cet espace n’engagent que leurs auteurs et n’expriment pas forcément la ligne éditoriale d’Algeriepatriotique.
 

Pas de commentaires! Soyez le premier.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.