Benflis plaide pour l’éthique à la veille du congrès de son parti

Lors de son intervention à la clôture des travaux de la commission nationale de la préparation du congrès constitutif du parti Talaiou El-Houriat, Ali Benflis a notamment souligné que son parti était une formation «moderne qui suscite d’ores et déjà beaucoup d’espoirs». A la veille de la tenue du congrès, il préconise de l'«innovation» dans les pratiques politiques, en vue de consacrer le principe de l'éthique qui est, à son avis, «de plus en plus boudée dans la sphère politique». Le nouveau parti sera, selon lui, «un cadre de lutte pour le bien de la société et du pays au lieu de se concentrer sur les individus». Talaiou El-Houriat se veut, par ailleurs, au sens de Benflis, «l’illustration parfaite de l’exercice loyal et honnête de la politique en tant qu’action au service de l’autre». «Nous devons être le parti où le sens de la responsabilité est érigé en idéal», dira notamment Benflis pour qui la constitution du parti, «intervenue à un moment de désespoir, de frustration, de détresse et d'injustice, porte haut et fort l'espoir et l’optimisme». Des aspirations portées par les Algériens «qui croient en l'avenir et se préparent pour un saut politique qualitatif». Parlant de son propre parcours , il dira «son attachement» à l’exercice «sain et dévoué» de l’action politique «au service d’idéaux nobles et le bien de tous» : «Tout au long de mon parcours qui m'a conduit à de nombreuses fonctions, entre professions et activités politiques et associatives, j’ai appris que la politique était une des plus nobles et des plus belles actions humaines lorsqu’elle est exercée avec honnêteté, crédibilité, intégrité et sérénité par des cadres sérieux croyant en la valeur du travail», dira Ali Benflis. Pour lui, en politique, «on ne doit pas s’attendre à de la gratitude et espérer des indemnisations car cet exercice est une lutte et un don de soi au profit de l'intérêt public». « La Politique n’est pas une profession ou le cheminement d’une carrière programmée en vue de gravir des échelons loin des positions de principe», a-t-il soutenu, estimant que le culte de la personnalité «est devenu dans la pratique actuelle de la politique, plus important que les projets politiques eux-mêmes». A la veille de la tenue du congrès, Benflis a souligné également à l’adresse des militants, qu’il «est impossible d'intégrer l'ensemble des membres fondateurs et tous les délégués au sein du comité central, du bureau politique ou du secrétariat national et autres organes directeurs du parti qui émergeront de son congrès fondateur».
 «Le règlement de la crise est possible sans heurts, ni ruptures»
Ali Benflis a relevé toute la difficulté à faire de la politique en Algérie lors de son intervention à l’ouverture du congrès constitutif de son parti, Talaïou El Houriyet, aujourd’hui à l’hôtel Hilton, à Alger. Devant quelque 2 000 congressistes et 500 invités de marque, l’ancien chef du gouvernement a souligné le discrédit de l’action politique et l’empêchement de tout militantisme. Il est revenu sur le système politique national qui «a tout fait pour descendre le militantisme de son piédestal», expliquant comment le militantisme qui se déploie en dehors du cercle restreint de ses clientèles est pour les détenteurs du pouvoir «douteux et suspicieux». Ce militantisme est souvent assimilé à un comportement antipatriotique, parfois à de l’intelligence avec l’ennemi. En présence d’anciens chefs de gouvernement, à l’image de Belaïd Abdeslam, Mokdad Sifi et Ahmed Benbitour, Ali Benflis affirme qu’il n’y a pas de place, dans notre système politique, pour un pluralisme politique maîtrisé, contrôlé et asservi et aucune pour un pluralisme politique qui se conçoit comme contrepouvoir ou comme pourvoyeur de projets politiques différents. Il a précisé que la création de ce nouveau parti politique n’est pas juste pour le plaisir de le faire. Il n’aurait aucun sens, non plus, tant l’idée même du pluralisme politique tarde à s’ancrer dans les mentalités, dans la culture et les mœurs politiques par lesquelles se caractérise notre système politique imposé à notre pays, a souligné l’ancien secrétaire général du FLN. Ali Benflis assure qu’il ne manque ni de réalisme ni de lucidité. Il ne pèche pas par excès d’optimisme, ni de naïveté et ne sous-estime ni la difficulté de la tâche ni le nombre et la diversité des obstacles qui jalonneront le chemin qu’il a décidé de suivre. «Ce dont il s’agit en ces instants, c’est aussi la réaction de femmes et d’hommes qui refusent de rester sourds à l’appel du devoir, de reculer devant l’adversité ou de se replier sur eux-mêmes alors que la République est menacée dans ses fondements, que l’Etat national est fragilisé, que la cohésion de la nation est mise en danger et que les équilibres les plus essentiels de notre société sont sérieusement atteints», a-t-il soutenu, considérant que l’échec n’est pas une fatalité, que l’immobilisme ou la régression ne sont pas indépassables et que même d’un présent aussi sombre peut naître la lumière du jour. Pour Benflis, le remède à toutes les crises qui secouent le pays existe. Leur règlement est possible sans heurts et sans ruptures. Et c’est ce qu’il vise par la création d’un nouveau parti dont la cérémonie d’ouverture a été marquée par une forte présence de l’opposition.
Meriem Sassi et Rafik Meddour

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