Sonelgaz : quelle stratégie pour éviter les délestages ?

Par Abderrahmane Mebtoul – Selon le rapport de Sonelgaz pour l’année 2014, le contexte de forte croissance exige la mise en service de près de 2 000 MW par an pendant dix ans, soit entre 2014 et 2025, approximativement 35 milliards de dollars. Uniquement pour 2014-2017, Sonelgaz prévoit 1 600 milliards de dinars d'investissement, soit au cours du moment de l'extrapolation de 79 dinars pour un dollar, environ 20 milliards de dollars. Dans ce plan, outre l'investissent neuf dans les turbines à gaz, ce qui accroîtra la consommation intérieure de gaz – doublement 2025-2030 par rapport à la période actuelle –, une fraction devait être affectée au développement des énergies renouvelables et une autre pour la promotion de l'efficacité énergétique. Ces projections de Sonelgaz ont été faites avant la chute des cours depuis juillet 2014, Sonelgaz devant privilégier dorénavant le marché bancaire. Pour les énergies renouvelables, il existe un débat qui ne fait pas l'unanimité des experts en Algérie qui souligne que l'environnement économique et administratif est contraignant, étant peu probable. Ce n’est qu’à travers un changement notable de la politique énergétique, que l'Algérie arrivera à construire un environnement adéquat pour produire 30 à 40% de son énergie à partir de sources renouvelables à l'horizon 2030. Or, pour 2012 – les données ayant peu évolué depuis –, sur les 11 389 MW de capacité électrique installée en Algérie, environ 97% proviennent du gaz naturel, 0,9% des centrales diesels et 0,8% des installations hydrauliques, tandis que les centrales hybrides dont seulement une partie est produite par énergie solaire (le reste est produit par le gaz naturel), représentent 1,3%. Pourtant, avec un ensoleillement annuel moyen évalué à 2 000 heures et un territoire composé à 86% de désert saharien, la puissance solaire de l'Algérie est estimée à environ 1 700 KWh/m²/an dans le nord du pays et 2 650 KWh/m²/an dans le sud, ce qui correspond à une capacité électrique huit fois supérieure aux réserves de gaz naturel du pays. Selon le ministère de l'Energie, l'objectif est de disposer à l’horizon 2030, d'une puissance installée totale de 22 000 MW, dont 13 575 MW de solaire photovoltaïque et 2 000 MW de solaire thermique. Cependant, il existe des contraintes de financement, de rentabilité, bien que le coût mondial ait baissé de plus de moitié. Tout dépend de la future stratégie énergétique mondiale des firmes qui doivent produire à grande échelle pour réduire encore les coûts, auxquels s'ajoutent les pesanteurs politiques en Algérie où Sonelgaz ne fixe pas le prix de l'électricité n'ayant pas de stratégie propre sur les grands choix, ne pouvant décider seule de ses investissements et ne disposant pas de marge de gestion. C'est que la décision finale relève surtout du politique et notamment du Conseil national de l'énergie (CNE), seul habilité à définir les choix stratégiques.
Selon le PDG de Sonelgaz, la trésorerie de l'entreprise accuse un déficit énorme estimé à 80 milliards de DA. Ce déficit a été comblé par des emprunts en 2014 contre 44 milliards de dinars en 2011 et 75 milliards de dinars en 2013. Le prix de l'électricité étant plafonné par un décret datant de 2005, si cette situation devait continuer, soit l'Etat accorde une subvention d'exploitation, soit il augmente les tarifs. Sonelgaz propose de procéder par étapes en augmentant, dans un premier temps, la tarification pour les industriels qui consomment près de 20% de la production nationale, la clientèle haute tension, achetant son énergie à 2,2 DA alors que le coût de revient est de 3 DA. Toujours selon le rapport de Sonelgaz, les besoins en gaz de Sonelgaz pour la seule génération électrique sont passés de 12 milliards de mètres cubes en 2000 à 27 milliards en 2014, et pourraient bien atteindre les 100 milliards de mètres cubes d'ici une trentaine d'années, avec un risque d'épuisement à l’horizon 2040. Autre facteur, celui des créances habituelles qui s'élèvent à plus de 45 milliards de DA en 2014. Au 1er janvier 2014, les créances exigibles auprès de la clientèle par les sociétés de distribution (hors créances vis-à-vis de l'Etat concernant la facturation sud pour un montant de 3,1 milliards de DA), avaient atteint 43,2 milliards de DA, en augmentation de 2,9% par rapport à 2012, en raison de l'augmentation des créances des abonnés ordinaires privés et administratifs, respectivement de 2,3% et 4,4% par rapport à 2012. Ces créances sont détenues essentiellement auprès de l'administration et accessoirement auprès des clients privés. Pour certains responsables des sociétés de distribution, il est impossible de couper l'électricité à certaines institutions, notamment les écoles ou les hôpitaux. Par ailleurs, la course à l'investissement en diversifiant ses activités industrielles a fait perdre à Sonelgaz ses métiers de base à l'instar de Sonatrach, ceci se répercutant sur sa productivité. Il y a, enfin, les branchements anarchiques, le taux de pertes de l'électricité étant estimé entre 18 et 19% entre 2013 et 2014. Dans l'activité du gaz, le taux de pertes sont estimés à 7 ou 8%. Sonelgaz perd annuellement plus de 10 milliards de dinars à cause de cette fraude.
A. B.

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