Document confidentiel – Le Maroc demande l’aide de l’Otan pour faire face au terrorisme

C’est officiel, le Maroc a demandé l’assistance de l’Organisation du traité de l'Atlantique Nord (Otan) pour faire face à la menace terroriste liée à la situation chaotique en Libye. Une correspondance datée du 6 août 2014 divulguée par le hacker marocain Chris Coleman le révèle. Le Maroc ne se suffit pas de l’opération «Active Endeavour» à laquelle il participe – au motif qu’elle n’a pas de composante aérienne – et préfère mettre en œuvre l’accord de sécurité qui lie le royaume au pacte militaire atlantiste pour la possibilité qu’il offre d’utiliser les avions de détection AWACS pour des missions de surveillance et d’écoute. Cette assistance n’ira pas jusqu’au contrôle de la police marocaine par les services de l’Otan ni à la surveillance aérienne interne. Le Maroc craint qu’en poussant cette assistance trop loin, elle entraîne des réactions négatives au sein de la population. Selon cette correspondance, la demande marocaine était, à cette date, encore à l’étude au niveau des services de l’Otan à Bruxelles. Il y a lieu de s’interroger si la délégation de la Chambre marocaine des conseillers qui a effectué une visite de travail de deux jours, les 18 et 19 juin derniers, au siège central de l’Otan, à Bruxelles, n’était pas chargée d’une mission en relation avec cette demande d’assistance formulée par le Maroc ? Il n’est pas exclu que la visite des parlementaires marocains qui fait suite à une invitation de l’Assemblée parlementaire de l’Otan ait été mise à profit sur cette question. En fait, il semble bien que la demande marocaine corresponde au rôle que l’Otan veut faire jouer au Maroc dans sa stratégie d’ensemble. Dans les milieux de l’Otan, le souhait a été exprimé, en effet, de faire contribuer le renseignement marocain dans la lutte contre Daech qui a opéré un fort recrutement dans le royaume. La coopération militaire entre le Maroc et l’Otan est considérée comme étant l’une des plus stratégiques. Le Maroc qui est classé «allié majeur non-Otan» des Etats-Unis participe activement aux activités militaires de l’organisation atlantiste. Les manœuvres militaires conjointes entre les Forces armées royales et l’armée américaine alternent avec les manœuvres navales de l’Otan avec la Marine royale. Ces dernières sont connues sous le nom «Active Endeavor» (Préoccupation commune) et ont pour but de se préparer à faire face à des attaques terroristes en Méditerranée. Preuve supplémentaire de l’implication du Maroc au sein du pacte atlantiste : cet automne 2015, le royaume prendra part à la plus grande manœuvre militaire depuis la création de l’Otan. L’exercice appelé «Trident Juncture» est inscrit dans une démarche d’interconnexion des forces pour les préparer à des missions conjointes. L’enlisement du Maroc au sein de l’Otan contraste avec la prudence observée par la Tunisie dans sa coopération militaire avec cette organisation et avec les Etats-Unis qui la dirigent. Récemment, dans une interview accordée à l'Agence Tunis Afrique presse, Khemaies Jhinaoui, conseiller diplomatique du président tunisien Béji Caïd Essebsi, avait annoncé que la Tunisie n’avait pas l’intention d'adhérer à l'Otan comme le laissait penser l’information sur le statut d'allié majeur non membre de l'Otan que lui ont accordé les Etats-Unis au même titre que d’autres pays comme l'Egypte, la Jordanie, le Maroc, Bahreïn et le Koweït. Il a tenu à démentir l'information selon laquelle la Tunisie aurait autorisé la construction d'une base militaire américaine sur son territoire. Ces propos rassurants étaient destinés à l’Algérie – dirigeants et opinion publique –, un pays jaloux de sa souveraineté chèrement reconquise.
Houari Achouri

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