Un blogueur français à propos de Ghardaïa : «Il faut refuser l’engrenage de la phraséologie ethniciste !»

Le blogueur français Jean-Christophe Marti a dû avoir recours à une métaphore pour expliquer aux journalistes étrangers qu’ils font fausse route dans leur couverture des événements qui secouent Ghardaïa. Marti a transposé un titre de l’agence Reuters – repris par plusieurs médias – sur cet événement et l’a calqué sur une situation similaire imaginaire en France, remplaçant «Ghardaïa» par «Saint-Malo», «Berbères» par «Franciliens» et «Arabes» par «Celtes», pour donner le titre suivant : Affrontements ethniques en France : des Franciliens tuent des Celtes à Saint-Malo.Cette approche ironique mais ô combien judicieuse de Jean-Christophe Marti, vise, en fait, à montrer aux médias français leur légèreté et leur manque de discernement. «Aussi choquante et burlesque soit-elle, cette transposition du titre (…) est rigoureusement exacte», écrit-il dans son blog. «Or, les drames que vivent les habitants du M’zab ont des causes multiples, économiques d’abord, et ne sauraient être décrits comme un conflit "ethnique", sauf à faire le jeu de la pire propagande», corrige-t-il. Pour ce Français conscient que «chaque génocide, chaque "épuration ethnique" commence par et avec les mots», dire les choses ainsi «revient à jeter l’huile de l’ethnicisation sur un incendie social qui n’est contenu qu’à grand-peine depuis plusieurs années. S’il n’a pas dégénéré pour l’heure en embrasement, malgré les 22 morts au moins de cette semaine, c’est grâce aux efforts de toute la société du M’zab, notables civils et religieux en premier lieu. Lesquels ont une grande expérience de la gestion des conflits, au sein d’institutions pluriséculaires qui doivent être connues et étudiées lorsqu’il s’agit de rendre compte des évènements en cours. Ces modes d’organisation n’empêchent pas tous les drames. Mais ils font la preuve de leur relative efficacité ces derniers temps, dans un contexte pour le moins incertain». Marti dénonce «une propagande belliqueuse» provoquée par le «vide de la sous-information, quand ce n’est pas du total silence de la presse sur cette situation dans une région historique de l’Algérie». Pour lui, «il faut refuser catégoriquement d’entrer dans l’engrenage de la phraséologie ethniciste», rappelant que les habitants de la région du M’zab «ont participé à la Révolution et à la guerre d’Indépendance avec tant de foi patriotique que c’est un grand poète du M’zab, Moufdi Zakaria, qui a écrit l’hymne algérien, Qassaman.Et qu’absolument rien ne peut justifier que l’on parle d’eux comme étant une "ethnie" à part, qui aurait à s’affronter aux "Arabes", dans ce territoire du M’zab ouvert depuis toujours aux échanges économiques, marchands, culturels».
Sarah L.

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