Mettre fin à l’incohérence des discours engageant l’avenir de la nation

Par Abderrahmane Mebtoul – Le nouveau ministre du Commerce fait un bilan négatif concernant le dossier adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) où l'Algérie est observatrice depuis 1987. L’OMC représente 97% du commerce mondial et plus de 85% de la population mondiale après l'adhésion de l'Arabie Saoudite et la Russie. Que les journalistes aillent sur Internet et ils constateront que ce que propose le nouveau ministre en août 2015, ayant participé largement aux débats et propositions, a fait l'objet de différentes commissions et rencontres tant nationales qu'internationales entre 2000 et 2014 largement médiatisées, et donc que le problème est ailleurs fondamentalement politique. La critique de ses prédécesseurs sans discernement – je suis le Messie – traduit un manque de culture de l'Etat. Evitons tant la sinistrose que l'autosatisfaction, car dans tout ce qui a été fait ces dernières années, il y a des aspects positifs, mais également beaucoup d'aspects négatifs qu'il faut impérativement corriger. Ces déclarations contredisent tant le programme du président de la République qui a inscrit cette adhésion comme objectif stratégique, que les orientations récentes 2014/2015 du Premier ministre qui lors de ses derniers voyages tant aux Etats-Unis qu'en Europe avait demandé d'aider l'Algérie à cette adhésion. Le dossier OMC ne saurait relever d'un simple ministre du Commerce, mais engageant toute la société, il relève des prérogatives exclusives du gouvernement et toute déclaration de cette importance sur ce dossier sensible devrait être faite par la Présidence ou le Premier ministère, car la récente déclaration de l'actuel ministre du Commerce, au moment des tensions géostratégiques, porte un rude coup à la crédibilité internationale de l'Algérie. Un ministre des Transports engageant également du gouvernement déclare ouvertement dans une interview officielle qu'il n'y aura jamais d'ouverture des segments du transport (aérien, notamment) au secteur privé, contredisant ses prédécesseurs, et qu'il entendait engager de forts investissements. Ces propos engagent-ils le gouvernement qui par le passé avait une position très nuancée ? Un ministre des Finances qui fait des circulaires déconnectées des réalités économiques et sociales au lieu de s'attaquer aux problèmes fondamentaux de son secteur comme celle de l'obligation du chèque sans analyser l'essence de la sphère informelle, qui normalement relève du ministère du Commerce avec des empiétements des prérogatives, une circulaire concernant les transactions immobilières qui selon nos informations connaît un blocage avec une hausse des prix du fait de la lourdeur du système bancaire. Par ailleurs, cette déclaration à une télévision privée en ce début d’août 2015 que les mesures techniques actuelles qu'il préconise auront comme impact une appréciation du dinar, oubliant que la valeur d'une monnaie dépend fondamentalement de la production et de la productivité d'un pays et que 70% du cours du dinar est corrélé à la rente des hydrocarbures via les réserves de change. La politique monétaire bien qu'il y ait eu un petit assouplissement après la modification de la loi sur la monnaie et le crédit au début des années 200, relève essentiellement de la Banque d'Algérie, institution relevant de la présidence de la République avec de larges prérogatives, le rôle d'un ministre des Finances étant forcement limité aux choix budgétaires. La politique économique relève en grande partie d'autres départements ministériels, d'où l'importance d'un grand organe de planification stratégique relevant soit de la Présidence ou du Premier ministère et d'un grand ministère de l'économie nationale (idem pour l'éducation nationale pour donner un nouvel élan au système socio-éducatif) pour impulser la sphère réelle et la synchroniser avec la sphère financière.
A. B.

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