Le gouvernement «supplie» les barons de l’informel de déposer leurs fonds dans les banques

Incapable d’imposer toute la rigueur de la loi aux détenteurs de l’économie informelle, malgré toutes les professions de foi et les mises en demeure solennelles, le gouvernement n’a plus trouvé, pour intégrer l’argent circulant dans la sphère illégale, que de lancer un appel priant les détenteurs de fonds informels de se rapprocher des agences bancaires pour une mise en conformité fiscale dite «volontaire». Euphémisme inventé pour dissimuler la fatuité et l’immoralité d’une action qui s’apparente davantage à un aveu d’impuissance face aux cartels de l’informel qui ont déjà, à travers leurs relais politiques, menacé de ne pas se conformer à la directive obligeant l’usage de chèques dans toute transaction financière. L’annonce a été faite ce lundi par la Direction générale des impôts (DGI), conformément à la loi de finances complémentaire 2015, pour intégrer les fonds informels dans la sphère bancaire. L’administration fiscale appelle «les personnes concernées» à se rapprocher des agences bancaires pour s’informer des modalités de mise en œuvre de ce programme mis en place à compter du 2 août, tout en rappelant «les avantages» fiscaux dont peuvent bénéficier les dépositaires de fonds, «quelle que soit leur situation». Une forme de blanchiment qui ne dit pas son nom, même si la DGE insiste dans sa note sur le caractère «légitime» de ces fonds ou les transactions qui en sont l’origine, dans le sens où celles-ci ne doivent correspondre à «aucun acte incriminé par le Code pénal et la législation régissant la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme». Le gouvernement ne dit pas, ici, comment il entend vérifier l’origine des fonds admis dans le cadre de ce programme ni quels sont les dispositifs envisagés pour parer à d’éventuelles tentatives de blanchiment. Le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, avait usé du même discours moralisateur et populiste, en appelant les détenteurs de capitaux à ne plus «cacher leur argent» et à «en faire profiter l'économie du pays». Il a assuré que les banques allaient commencer à recevoir ces fonds à partir du 15 août et que le gouvernement comptait sur «l'inclusion de ces fonds pour diversifier ses sources de financement extrabudgétaires». Il promet qu’en 2018, l’Algérie «va sortir d'une économie moins diversifiée à une économie diversifiée», et que les acteurs de la sphère réelle travailleront «en toute sécurité», mais n’en donne aucune garantie. Ainsi, pour le gouvernement, ce sont les trabendistes qui vont sortir l’Algérie de la dépendance aux hydrocarbures.
R. Mahmoudi
 

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