C’est la France qui persécutait les juifs d’Algérie
Par Abdelkader Benbrik – Le lobby sioniste de France a toujours accusé les musulmans d'antisémitisme, surtout les Algériens. Ce lobby a gangrené l'Algérie pendant l'occupation, tenté le célèbre putsch contre de Gaulle en 1961 et formé la sinistre organisation criminelle OAS. Les Algériens, avant les envahisseurs français, vivaient en harmonie avec la communauté juive qui était considérée comme algérienne à part entière. Cette fraternité entre les communautés musulmane et juive en Algérie et surtout à Oran a toujours régné, ce qui gênait le colonialisme dans sa «réalisation coloniale». Il fallait diviser pour régner. Le commencement était par la distribution des surnoms à tous ceux qui n’étaient pas français. D'abord, ceux qui sont venus de l'Andalousie étaient des «escargots» du fait de leur arrivée en Algérie transportant leur maison sur leur dos. Les juifs des «piments», la frita, produite à base de poivrons doux, était pour eux une nourriture de base. Les musulmans à la chéchia et le turban étaient des «fromages hollandais», des «bouteilles cachetées» ou des «melons». Alors que les Français, nouveaux débarqués en Algérie, étaient des «françaouis» ou «gaouri».
N'oublions pas que le 14 juillet 1865, une date fatidique, Napoléon III a signé le sénatus-consulte sur l'état de la population et de la naturalisation et qui propose la nationalité française aux juifs et aux musulmans qui le désirent. C'est cette date qui marque le début, comme à Oran, de l'ère antijuive et la création de l'antisémitisme qui est lié à la politique française coloniale des élections des assemblées. Ainsi, la première ligue antijuive est créée le mois de juillet 1871 par des Français dans le but de marginaliser les juifs. La communauté juive d'Oran représentait à cette époque 15% du corps électoral. Un poids important qui vote selon les orientations et indications de leur consistoire, dont l'influence revient à Simon Kanoui, surnommé «Rothschild d'Oran». En fait, toutes les élections étaient truquées par des rabatteurs qui achetaient les voix des électeurs de toute origine et confession, mais on n'en fit grief qu'aux juifs, nouveaux venus dans la citoyenneté et trouble-fête. L'antijudaïsme monta progressivement jusqu'au début des années 1890. A cette époque, des ligues antijuives se créent, rassemblant dans un parti «français» les électeurs de gauche. Ils l'emportent aux élections municipales de 1897 : le pharmacien français Gobert, radical anti-juif, est élu. En mai 1897, un attentat contre un conseiller municipal d'Oran, venu assister à une course cycliste à Mostaganem, provoque le pillage des magasins des juifs au quartier Derb de cette ville par les Européens et quelques musulmans. Cet exemple est suivi à Oran où la mise à sac des boutiques appartenant aux juifs dure trois jours. Quand l'affaire Dreyfus éclate, la vague anti-juive connaît son paroxysme, notamment à Alger. Cependant, le gouvernement refuse de répondre aux appels des populations européenne et musulmane qui revendiquaient l'abrogation du décret Crémieux. Mais le marasme économique dans lequel se débat l'Algérie démobilise les politiciens. «On ne vit pas de politique» est-il écrit dans la Dépêche algérienne du 1er avril 1902. Aux élections de la même année, les candidats républicains l'emportent sur les anti-juifs : la situation a été maîtrisée. Le porte-parole de l'antijudaïsme était le docteur Molle. Celui que ses amis appellent le rénovateur de l'antisémitisme algérien ne pardonne pas aux juifs d'avoir voté contre lui. Fondateur d'une «ligue latine», puis d'une «union latine» qui appelle l'union des Latins contre les juifs, il réussit à obtenir le boycott des commerçants juifs, que les musulmans n'appliquaient pas. Aux élections municipales de mai 1925, sa liste l'emporte avec 2 000 voix de majorité. Le docteur Molle avait le soutien pour mener sa campagne électorale du journal Le Petit Oranais qui a pour slogan- manchette une phrase de Luther : «Il faut mettre le soufre, la poix et, s'il se peut, le feu de l'enfer aux synagogues et aux écoles juives, détruire les maisons des juifs, s'emparer de leurs capitaux et les chasser en pleine campagne comme des chiens enragés». Une plainte contre cette manchette est engagée par le gouverneur général Violette avec gain de cause, la manchette du journal a été retirée. Plus tard, le même journal ornera sa première page d'une croix gammée, malgré les protestations de la communauté juive, soutenue par des musulmans militaires de la Première Guerre mondiale. Les «unions latines» du docteur Molle prospérèrent pendant plusieurs années, elles domineront la vie politique de l'Oranie. En 1932, un an après le décès du docteur Molle, Oran et Sidi Bel-Abbès éliront encore des députés français anti-juifs. Le journal Le Petit Oranais attaque les juifs, une nouvelle fois, par la publication quotidienne de croix gammées peintes au goudron, collées sur le mur des édifices d'Oran. Les établissements Juan Bastos ornent leurs cahiers de papiers à cigarettes de 12 croix gammées. Le décret du sinistre Crémieux adopté par la France coloniale était en fait un complot pour diviser les deux communautés algériennes (juive et musulmane). Les juifs, la plupart d'ailleurs piégés par ce décret, ont très vite adopté la nationalité française, alors qu'ils étaient des juifs algériens, c'est à partir de cet événement que certains juifs, devenus des policiers, des gendarmes, des militaires, combattaient les indépendantistes algériens. Mais une partie est restée fidèle à la terre de naissance de ses ancêtres, certains militaient dans le parti communiste, d'autres durant la guerre d'Algérie ont rallié le FLN et l'ALN. Avant l'application du décret Crémieux, les juifs d'Algérie vivaient dans la fraternité avec les musulmans, sans aucune quiétude, une solidarité constante était assurée dans tous les domaines. Aujourd'hui, le lobby sioniste de France et ses organismes veulent déformer la vérité en accusant les musulmans, en particulier les Algériens ; à chaque fois, ils trouvent certains médias français à leur disposition pour ressortir la vieille histoire du 5 juillet 1962 à Oran.
A. B.
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