L’Algérie, c’est la femme(*)

Par Abderrahmane Zakad – Ce n’est pas parce qu’on a mis des femmes derrière les guichets des PTT que la femme est libérée. Réflexion.
Je reviens des montagnes de Kabylie.
J'ai vécu le siècle d'Alexandre et celui de Périclès.
Et l'hiver approche.
Dans les contrées perdues, où même le colonialisme n'a jamais mis les pieds.
Du côté des Aït Smaïl, Sémaoun, dans l'Akfadou et ailleurs.

Par Abderrahmane Zakad – Ce n’est pas parce qu’on a mis des femmes derrière les guichets des PTT que la femme est libérée. Réflexion.
Je reviens des montagnes de Kabylie.
J'ai vécu le siècle d'Alexandre et celui de Périclès.
Et l'hiver approche.
Dans les contrées perdues, où même le colonialisme n'a jamais mis les pieds.
Du côté des Aït Smaïl, Sémaoun, dans l'Akfadou et ailleurs.
Là où les opérations Jumelles et Emeraude ont tout décimé.
Où les femmes portent encore les paraphes des bombes et des incendies.
Nous devrions y jeter un regard. Pour voir et comprendre.
La colonisation nous a laissé en héritage des veuves et des femmes isolées.
Sans hommes.
La famille élargie s’est effritée, la touiza est un vieux souvenir.
Ces femmes kabyles ou chaouies ne demandent pas de l’aide.
Elles espèrent seulement qu’on les regarde.
Car les regarder c’est découvrir sa mère ou sa grand-mère.
Les regarder c’est comprendre qu’elles n’ont pas leur droit.
J'ai rencontré de vieilles femmes qui vont toujours chercher du bois.
J'en ai vu d’autres, une bouteille de gaz sur le dos.
J'ai vu des hommes qui traînent encore derrière eux la femme.
J'ai vu des femmes alignées devant des unités de soins
Qui ne soupçonnent même pas de quoi elles sont malades.
J'ai vu des femmes en grappes, par bouquets, les hommes éparpillés.
J'ai vu les mules et les bœufs, propres, sabots curés. Les femmes pieds nus.
J'ai vu une femme portant des Louis d'or au cou, un autre Louis en fibule, un vieil homme la traînant comme une banque.
Ce que je n'ai pas vu :
Les hommes prendre la charge des femmes qui ont trop donné.
Les jeunes, aujourd'hui instruits, donner l'éveil à leur mère et grand-mère.
Les arrivistes parfumés s’occuper de ces femmes, isolées, qui les ont enfantés.
Apprendre aux filles, futures mères, à prendre une conscience citoyenne.
Se rebeller afin d’être reliées à la société.
Agir pour se défaire des contraintes, se soustraire aux hommes
Entendre leur cri, enfanter les lois pour une députation rurale.
Tout cela devrait être expliqué aux hommes de pouvoir et à tous les hommes.
Parce que «l'Algérie, c'est la femme» (Pierre Bourdieu, sociologue).
A. Z.
Ingénieur-urbaniste
(*) Le titre est de la rédaction

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