Ali Benflis : «La révision constitutionnelle est une diversion qui vise à assurer la pérennité du régime»

Réagissant à l’annonce du projet de révision constitutionnelle faite par le président de la République, Ali Benflis, président de Talaie El-Hourriyet, la qualifie de «réaction de panique suscitée par la peur de la contagion des révolutions arabes (qui) s’est transformée, au fil du temps, en manœuvre purement politicienne visant à divertir l’attention des véritables défis actuels qui ont pour nom une impasse politique totale et une crise de régime manifeste». Pour l’ex-candidat à la présidentielle de 2014, le message présidentiel «n’a pas d’autre dessein inavoué que de donner un second souffle à cette manœuvre dilatoire et à cette entreprise de diversion qui durent depuis près de quatre ans». Ali Benflis estime, dans une déclaration parvenue à notre rédaction, que ce projet est «destiné essentiellement à assurer la pérennité du régime politique en place, en dépit de tous ses échecs et de tous les torts qu’il a causés et cause encore au pays, et non à offrir des perspectives de règlement à la crise globale dont toute la nation subit au quotidien les retombées dommageables du fait d’un système politique devenu synonyme de stagnation, d’immobilisation et de défaillance». Dans son réquisitoire, Benflis se dit «intimement persuadé» que «la vacance du pouvoir et l’apparente occupation du centre de décision national par des forces extra-constitutionnelles n’offrent absolument pas les meilleures conditions pour une révision constitutionnelle quelle qu’elle soit», et qu’«un pouvoir illégitime que la fraude a transformé en pouvoir de fait ne fait qu’instrumentaliser la loi suprême de la République à des fins personnelles de pourvoir et de convenance pour des intérêts catégoriels étroits». En résumé, l’ex-chef de gouvernement juge que le mal profond dont souffre le pays «n’est pas dans sa Constitution, mais bel et bien dans son régime politique». Il explique qu’«avec la survivance d’un système politique tel que le nôtre, l’œuvre constitutionnelle la plus accomplie serait de nul effet et de nul impact sur le traitement et le règlement de la crise de régime actuel qui met en péril la pérennité de l’Etat national et compromet les perspectives de développement économique et social du pays». En guise de remède à la crise, le président de Talaie El-Hourriyet réclame l’ouverture immédiate d’un processus de transition démocratique. Paraphrasant le chef de l’Etat, son ex-chef de gouvernement conclut sa déclaration ainsi : «L’Algérie a certes besoin d’une démocratie apaisée et nul ne saurait en disconvenir, mais elle a besoin, plus que tout, d’une démocratie non faussée.»
R. Mahmoudi

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