Russes et Américains accusent le régime d’Ankara d’acheter le pétrole détourné par Daech

En voulant à tout prix jouer les premiers rôles dans le grand échiquier du Moyen-Orient, en se couvrant toujours sous les oripeaux de l’Otan, dont elle est membre, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan prend aujourd’hui le risque de se retrouver isolée et même de devenir le bouc émissaire de tous les échecs sanglants et inexpiables commis par ses alliés occidentaux en Syrie, en Irak et en Libye. Après avoir abattu un avion de combat russe, tout le gouvernement turc s’est mobilisé pour alimenter la tension avec Moscou, dans le but avéré de faire réagir les grandes puissances occidentales, en agitant le principe de défense commune qui régit l’Alliance du traité de l’Atlantique Nord. Ankara cherche clairement à déclencher un clash entre les deux superpuissances mondiales. Il s’avère que toute cette surenchère du régime d’Erdogan contre Moscou et cette agitation autour de la Syrie, depuis quelque temps, cachait un jeu autrement plus dangereux, qui est celui d’entretenir des relations étroites avec l’organisation terroriste autoproclamée «Etat islamique en Syrie et en Irak». Avec cette «union sacrée» montée contre Daech, suite à la succession d’attentats qui ont, en quelques mois, endeuillé plusieurs pays et fait des centaines de morts, le temps est venu, pour les grandes capitales, de dévoiler ce jeu auquel s’adonne leur allié, et peut-être de s’en démarquer. Dans deux déclarations séparées, le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, et l’ancien commandant des forces de l’Otan en Europe, Wesley Clark, ont accusé Ankara de tirer profit, de façon directe et au plus haut niveau, des livraisons de pétrole écoulées par les contrebandiers de l’organisation terroriste. Une énigme qui a longtemps intrigué les observateurs internationaux. Pour le Premier ministre russe, il n’y a rien de surprenant que la Turquie intervienne pour protéger les combattants de Daech, «compte tenu de l'information disponible sur l'intérêt financier direct de certains fonctionnaires turcs liés aux livraisons de produits pétroliers provenant des entreprises appartenant à Daech», a-t-il indiqué. Accusation que conforte l’ancien commandant des forces de l’Otan en Europe, Wesley Clark, qui, dans une interview accordée cette semaine à la chaîne américaine CNN, a confirmé l’implication d’Ankara dans le trafic de pétrole dirigé par les groupes terroristes activant dans des zones pétrolifères, en Syrie. «Le pétrole que vend l’Etat islamique va sans doute en Turquie, mais les Turcs ne le reconnaîtront jamais», a déclaré l’ex-commandant de l’Otan qui connaît bien le dossier. Il explique que ce pétrole est acheminé par voie terrestre par des groupes armés totalement couverts par l’armée turque tout au long de la frontière avec la Syrie. Un vaste périmètre sur lequel les Turcs, soutenus par Paris, veulent toujours créer une zone tampon. D’après des informations diffusées sur cette affaire, un des fils du président turc est notamment impliqué dans ce trafic de pétrole, vendu à des prix imbattables. Ce qui aurait rendu les Turcs furieux contre les Russes, ce sont les raids aériens de l’armée russe qui ont récemment visé une colonne de camions de carburant et de raffineries aux mains de Daech dans cette région.
R. Mahmoudi
 

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