Leïla, Louisa et les autres

Par Abdelaziz Ghedia – L'actualité de ces derniers jours m'oblige à déterrer un article qui date du mois de mai 2007 (paru sur Agoravox). A l'époque, le parti Jil Jadid n'existait pas, j'étais donc libre comme le vent. Aujourd'hui, même si je ne suis pas du même bord politique que Louisa Hanoune, je reconnais qu'elle mérite qu'on la porte aux nues. Jugez-en ! Mme Leïla Aslaoui, qui tient une chronique hebdomadaire sur Le Soir d’Algérie,est une femme atypique, je veux dire exceptionnelle. Magistrate de formation, elle ne rate plus aucune occasion, depuis l’assassinat de son mari, le 17 octobre 1994, par le terrorisme islamiste, de dire haut et fort ce qu’elle pense du régime actuel et de sa politique de «réconciliation nationale». Au point où elle en est, elle ne craint rien ni personne. C’est une femme que, personnellement, j’admire beaucoup. Pour son courage politique et la constance de ses idées. Et les idées, elle en a ! Ses chroniques sont toujours truffées d’anecdotes et de citations de notre terroir. Parfois, aussi d’anecdotes tirées des chroniques judiciaires. En plus de dix ans de combat, par la plume, contre le terrorisme islamiste, elle n’a pas dévié d’un degré de sa trajectoire. Ni perdu de sa verve. Le cap toujours maintenu droit devant, elle dénonce, dénonce jusqu’à en perdre le souffle et la salive, et, la semaine d’après, rebelote. Rien que pour cela, et cela n’est pas rien, je dois le reconnaître, je lui tire très bas mon chapeau. Des femmes de cette trempe, on aimerait bien en avoir treize à la douzaine, en Algérie ! Car c’est de ces femmes-là, et non pas de certains «hommes girouettes», qui tournent au gré du vent, qu’on peut attendre et espérer un changement de la politique en Algérie. Dans sa «Nouvelle» d’aujourd’hui, elle nous parle de son «rêve du 4 mai 2007» : «Un songe étrange dont je n’ai oublié aucun détail», dit-elle. Et elle se met à narrer ce rêve dont on n’a aucune peine à deviner qu’il s’agit, en fait, du duel télévisé entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, sauf qu’ici les noms des acteurs ont une consonance bien de chez nous : deux candidats ayant chacun un programme et des idées en face desquels se trouvaient Mohamed Benchicou, Hakim Laâlam et le caricaturiste Dilem, autrement dit la fine fleur du journalisme algérien. Malheureusement, à son réveil, le matin du 7 mai 2007, elle a pris conscience que ce rêve s’est effectivement réalisé, il s’est effectivement matérialisé, mais de l’autre côté de la Méditerranée, en France précisément, avec l’élection dans des conditions très démocratiques de Nicolas Sarkozy. Et elle termine sa «Nouvelle» sur une note on ne peut plus pessimiste : «Dans mon pays, dit-elle, il ne s’est rien passé et il ne se passera rien.» Avec tous mes respects à Mme Leïla Aslaoui, je tiens à lui confirmer et à la rassurer en même temps qu’effectivement elle s’est «trompée de date et de lieu». Par conséquent, je ne partage pas son point de vue. Il est trop pessimiste à mon goût. L’Algérie est sur le chemin du changement. Il y a beaucoup d’hommes et de femmes animés de bonne volonté qui œuvrent dans ce sens. Ces hommes et ces femmes sont peut-être dans l’ombre, on ne les connaît pas, mais ils œuvrent quand même réellement dans le sens du changement. Et, de toute façon, autour de nous, le monde a bel et bien changé et il n’y a pas de raison qu’en ce qui nous concerne nous restions toujours figés, toujours accrochés à des chimères. Le changement, dans le bon sens cela s’entend, est le vœu de tous les Algériennes et Algériens épris de justice et d’équité dans la distribution des richesses nationales. A chacun selon son mérite, bien sûr. Par ailleurs, parmi les hommes et les femmes connus et qui sillonnent actuellement l’Algérie dans le cadre de leur campagne électorale, je peux vous citer une femme politique qui ne ménage aucun effort en vue de l’avènement de ce changement : Mme Louisa Hanoune. Cette femme, qui ne mâche pas ses mots, n’a rien à envier, sur le plan politique, à Ségolène Royal ou à l’ex-dame de fer de la Grande-Bretagne, Margaret Thatcher. Elle est toujours à l’avant-garde du combat contre les multinationales et la mondialisation rampante qui risqueraient, si on ne prenait pas garde, de compromettre sérieusement notre souveraineté économique, politique et tout ce qui s’en suit. Malheureusement, il n’ y a pas beaucoup d’oreilles attentives à ses discours assimilés souvent à des discours imprégnés de trotskisme pour ne pas dire d’essence purement trotskiste dans un pays où l’islamisme politique a de plus en plus d’adeptes.
A. G.

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