Campagne pour les sénatoriales et corruption : la nouvelle tactique de Saïdani pour soudoyer les élus

Première épreuve pour Amar Saïdani et son bureau politique depuis l’annonce de la révision de la Constitution qui devrait marquer le retour du FLN au gouvernement, les élections pour le renouvellement du tiers élu de la deuxième chambre revêtent une importance capitale. D’où cette volonté de mobiliser tous les moyens pour arracher une majorité écrasante. Instruit par les expériences passées, où la presse et les partis d’opposition l’accusaient régulièrement d’acheter carrément les voix pour faire élire ses candidats au Conseil de la nation, l'ex-parti unique a changé de méthode pour glaner un maximum de voix sans faire trop de bruit. Plus d’argent liquide, plus de dessous de table, mais des promesses de marchés et de projets pour les différentes APC visées dans cette campagne. La méthode est plus subtile, plus laborieuse, mais tout aussi efficace. C’est ainsi que des hommes d’affaires inféodés au FLN sont mobilisés pour jouer les intermédiaires auprès des APC détenues par des indépendants, hors de leurs wilayas, en leur promettant d’user de leur influence afin de leur faciliter les démarches pour l’octroi d’un marché ou d’un projet, en contrepartie d’un transfert de voix au profit du candidat FLN de leur wilaya. Les missi dominici qui se présentent généralement en hommes proches du pouvoir et de la haute décision économique prennent le soin d’énumérer au préalable tous les besoins en infrastructures ou en projets structurants de telle ou telle commune avant de s’approcher de leur «clientèle». Ils visent particulièrement les communes enclavées déshéritées. D’après nos sources, l’astuce a prouvé une certaine efficacité, vu la situation de détresse dans laquelle se trouve la majorité des communes rurales, mais aussi, il faut le dire, vu le niveau de conscience et d’engagement politique d’un bon nombre d’élus dits indépendants. Surtout que les émissaires ne laissent derrière eux aucune trace. Tout se passe dans une sorte de cloisonnement total. Un homme d’affaires établi dans la wilaya de Biskra, par exemple, peut être dépêché dans des communes à Bouira, sans préciser bien sûr son affiliation politique, ni même informer parfois la direction locale du parti (la mouhafadha), pour ne pas avoir à exposer celle-ci aux conséquences d’éventuelles fuites qui risquent de se retourner évidemment contre les représentants locaux.
Karim Bouali

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