Algériens détenus à Guantanamo : la LADDH écrit à Barack Obama

La Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) a adressé un courrier au président des Etats-Unis, à la veille du quatorzième anniversaire de l'ouverture du centre de détention sur la base navale de Guantanamo, le 11 janvier 2002. La LADDH se dit «profondément préoccupée» par le sort réservé aux «huit Algériens qui sont maintenus en détention arbitraire depuis 14 ans, sans avoir été jugés ni même inculpés». Selon la LADDH, «même les dix-sept ex-détenus algériens à Guantanamo qui ont été libérés, dénoncent les longues périodes de détention individuelle» et «les différentes formes de torture» qu’ils ont subies. Ces ex-détenus, ajoute la LADDH, «ont été privés de leurs droits fondamentaux, notamment ceux de se défendre, d’avoir connaissance des preuves à charge, de pouvoir consulter un avocat et d’entrer en contact avec leur famille». Dans ce contexte, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme affirme que le camp de Guantanamo, «symbole d'une décennie d'atteinte aux droits de l'Homme et une tache d’ombre pour les consciences et les mémoires collectives (…), est devenu le visage des responsables du département d'Etat américain en pleine crise de confiance et de valeurs morales». L’ONG estime que «le chemin sera très long pour que les Etats-Unis puissent gagner à nouveau la confiance des peuples qui ont longtemps cru que les fondements et les principes de justice étaient des valeurs sacrées» chez les Américains. Par ailleurs, la LADDH se dit «alarmée par l’aggravation des difficiles conditions de détention» et «par le fait que les tribunaux militaires ne respectent pas les normes internationales des droits humains, notamment le droit à un procès équitable». S’adressant directement au Président américain, la LADDH rappelle à Barack Obama son «engagement formel de fermeture de Guantanamo» lors de son discours aux Archives nationales en mai 2009. «Mais, note l’ONG algérienne, quatorze ans après son ouverture, le centre de détention américain de Guantanamo est toujours ouvert». La LADDH rappelle, également, au locataire de la Maison-Blanche, l’article 9 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) qui «interdit les arrestations et les détentions arbitraires» et stipule que «nul ne peut être privé de sa liberté, si ce n’est pour des motifs, et conformément à la procédure, prévus par la loi». La LADDH se réfère à un texte du Comité des droits de l’Homme qui précise que «les détenus doivent être présentés devant un juge dans les plus brefs délais». La Ligue dénonce l’impossibilité de tenir un procès équitable «lorsque l’accès rapide et régulier à un avocat est refusé», et souligne qu’une protection est «primordiale contre des abus, tels que la torture et les aveux obtenus sous la contrainte». La LADDH trouve, enfin, anormal qu’un Président qui gouverne un pays dans lequel sont emprisonnés des accusés qui n’ont pas été jugés après quatorze ans de détention, obtienne le prix Nobel de la paix. Pour elle, il est grand temps que les Etats-Unis «arrêtent de s’autoproclamer les garants de la démocratie». La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme se fixe comme «priorité absolue» pour l’année 2016, «la libération les huit Algériens détenus à Guantanamo».
Karim Bouali

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