Acharnement contre l’Iran : pour qui roule Mokri ?

Au moment où les membres de la CLTD, dont il fait partie, sont concentrés sur la préparation du prochain congrès de l’opposition, le chef du MSP, Abderrezak Mokri, semble plus préoccupé par le conflit entre le bloc sunnite et le bloc chiite qui fait rage en ce moment au Moyen-Orient, et se sent comme le devoir de se positionner et d’en rendre compte. C’est ce qui ressort d’une série d’articles publiés sur son blog personnel et sur le site officiel de son parti, où il use de toutes ses capacités rhétoriques pour vouer aux gémonies les chiites et le régime iranien. D’entrée, il lance cette curieuse définition de la politique, mais qui en dit long sur ses accointances suspectes : «Notre engagement dans l’action politique nous impose de nous opposer aux politiques iraniennes dans la région arabe, que ce soit pour ce qui concerne la position négative (de l’Iran) par rapport à la question égyptienne ou pour ses actes criminels en Syrie, en Irak, son soutien aux milices criminelles chiites et son prosélytisme dans le monde.» Mokri est-il missionné pour relayer ce discours aujourd’hui en vogue dans les pays du Golfe ? Il demande aux gouvernements arabes d’intervenir «énergiquement pour stopper l’expansionnisme iranien et les tentatives d’infiltration des sociétés arabes». Pour montrer sa «mansuétude» et sa preuve de «tolérance», il suggère à ces gouvernements de le faire par les moyens diplomatiques, c’est-à-dire en essayant de dialoguer avec «les agresseurs» chiites et de les convaincre de l’intérêt de la coopération. Plus sournois, le leader du MSP met sur un pied d’égalité l’«extrémisme sunnite» et l’«extrémisme chiite», certainement pour mieux voiler la démission des partis islamistes, dits modérés, et leur responsabilité dans la radicalisation accrue de la mouvance islamiste. Pour rester dans les canons islamiques, Mokri se plaît à se référer à Ibn Taymiya pour nuancer un paradigme répandu par les plus orthodoxes sur la «réalité» du chiisme dans l’islam. Mokri confirme que le célèbre théologien, qui est considéré aujourd’hui comme la principale source dogmatique, des salafistes, ne juge pas les chiites (dits aussi les rafidha) comme «apostats», mais juste «des égarés, des incultes et des ennemis jurés des musulmans» (sic). Plus pernicieux encore, Mokri s’appuie sur les mêmes sources pour circonscrire «toute guerre contre les chiites» comme une guerre contre «une secte réfractaire», et non comme «une guerre religieuse». Dans le même topo, le président du MSP se dit surpris de découvrir l’étendue du discours extrémiste en Algérie à travers le prêche incendiaire d’un imam salafiste auquel il a lui-même assisté, mais ne conteste pas le fond de sa pensée sur cette propagande dite sunnite, distillée par les relais wahhabites dans le monde arabe et qui va en s’intensifiant depuis le déclenchement de la guerre contre le Yémen. Connu jusque-là pour sa proximité avec la confrérie des Frères musulmans, et notamment du parti de Recep Erdogan, le MSP semble vouloir réorienter sa filiation, en s’approchant ostensiblement du wahhabisme.
R. Mahmoudi

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