Le marché du travail en Algérie : quel avenir attend nos étudiants ?

Par Abdelkader Benbrik – Aujourd’hui, plus de 60% des cols blancs au chômage et plus de 50% des ouvriers sans emploi le sont à cause du changement du système politico-économique du pays. La privatisation à la vitesse vertigineuse est aussi un facteur de départs en pré-retraite ou de licenciements. Des économistes parlent de la mauvaise gestion d’une politique économique qui a besoin d’introduction de réformes et de prise en main du patrimoine algérien, au lieu de proposer aux étrangers nos usines et complexes pour une bouchée de pain ! Longtemps considéré comme un laissez-passer vers la réussite, le diplôme que délivrent les universités algériennes est en train de devenir une sorte de «passeport pour nulle part en Algérie». Ce qui attend maintenant beaucoup de diplômés de l’enseignement supérieur, ce sont le sous-emploi, l’insatisfaction au travail et parfois le chômage pendant de longs mois ou années. Souvent en surnombre avant même d’avoir été embauchés ou constatant que leur formation se révèle inutile sur le marché du travail, ces diplômés déçus sont de plus en plus contraints à accepter des emplois inférieurs à leurs qualifications, si toutefois même ils en trouvent. D’ailleurs, constatation faite sur le terrain, plus de 90% des enfants des responsables et des influents ne sont jamais en chômage, diplômés ou pas, ils occupent les meilleurs postes et on leur facilite d’accès partout, etc. Certaines entreprises nationales n’embauchent que les enfants des travailleurs comme ils disent (un héritage d’un royaume). Alors que les enfants des chômeurs sont obligés d’hériter de leurs parents le chômage. L’illogique gangrène le pays depuis les débuts des années quatre-vingt. Cela se passe partout, surtout au niveau de l’audiovisuel, ceci s’est transformé en droit. Le nombre de demandes d’emploi non satisfaites s’élevait à des dizaines de milliers uniquement dans la région de l’Ouest. Un fardeau pour le ministère de l’Emploi qui doit scrupuleusement respecter la Constitution du pays qui garantit l’emploi à tous les Algériens ! Là aussi, les médias n’ont pas soufflé un mot. L’Anem qui est censée à assister les demandeurs d’emploi n’accomplit que rarement sa mission, elle ferme ses antennes parfois, à Misserghin (Oran) par exemple. Les fiches des demandeurs d’emploi sont détruites après 90 jours, pour ne pas montrer l’ampleur des demandes ! Certains diplômés de l’enseignement supérieur que nous avons côtoyé, las de l’inactivité, avaient opté pour l’immigration clandestine, ils ont réussi en quelque sorte et aux dernières nouvelles, ils se sont installés dans les pays scandinaves et du Golfe, d’autres se sont engagés dans la Légion étrangère en France, en qualité de cadres. La situation ne semble pas devoir se modifier dans un avenir proche. Les femmes sont particulièrement touchées. A l’exception des filles des influents et des responsables, les filles diplômées renforcent les rangs des chômeuses. D’autant plus que certaines institutions civiles et militaires avaient, ces dernières années, gonflé les critères de recrutement. Circonstance oblige et misère, de plus en plus de diplômés acceptent des emplois (s’il y en a) inférieurs à leurs qualifications, on observe alors une réaction en chaîne qui affecte l’ensemble du marché du travail. Toutes les catégories de travailleurs sont touchées et chacun à son tour est forcé de s’orienter vers des postes inférieurs à sa formation et à son expérience. L'avenir reste incertain. Certaines sources, gouvernementales soulignent que l’afflux d’étudiants dans les universités algériennes et «la production» de diplômés est «sans commune mesure avec les besoins, tant quantitatifs que qualificatifs, de l’économie nationale». Les universités devraient entreprendre une planification plus réaliste de leur enseignement et guider les étudiants dans le choix de leurs programmes et l’identification de leurs objectifs professionnels. Nos sources ajoutent que les innovations techniques ayant fait apparaître de nouveaux besoins en spécialistes, techniciens et cadres, il est probable que de nombreux diplômés pourraient trouver des emplois satisfaisants qu’ils n’avaient même pas envisagés. Il existe des possibilités intéressantes dans des domaines où traditionnellement les diplômés n’étaient pas employés, comme le secteur bancaire, à condition de redéfinir certains postes pour y inclure des responsabilités plus grandes. Ceci reste une théorie qu’il faut appliquer, et surtout mettre un terme au «piston et favoritisme» qui ont empoisonné le marché du travail et pourri les qualifications, et au faux diplômes comme le «gonflage» des notes du bac pour entrer à la faculté de médecine d’Oran où le scandale des faussaires a éclaté et montré que des familles influentes étaient impliquées. Certains étudiants que nous avons rencontrés ont été des victimes du piston, ils avaient fourni des dossiers avec leurs relevés de notes pour faire carrière dans une institution de sécurité, mais sans résultat malgré les tests concluants et l’avis favorable de l’enquête d’homologation ! Finement, on n’est pas sorti de l’auberge. Et pour l’avenir de nos enfants, seul Dieu le sait. L’histoire dira aussi comment des ministres et des responsables censés travailler jour et nuit pour résoudre le problème du chômage ont failli à leur mission.
A. B.

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