Illusions perdues

Le retrait de la CLTD de Sofiane Djilali, président de Jil Jadid, nous fait perdre toutes nos illusions quant à l’aboutissement de tous les appels qui allaient dans le sens du rassemblement des forces démocratiques et républicaines. Quelle fut notre déception de constater que cette CLTD n’est obnubilée que par la préparation pour leurs partis des futures élections de 2017 et n’a pas été en mesure de proposer un projet alternatif à celui du pouvoir, pour que tous les Algériens puissent non seulement mieux vivre leur pays, mais aussi mieux vivre dans leur pays. Nous observons à travers nos différents contacts et rencontres une hausse croissante du pessimisme chez les citoyens. Ce pessimisme trouve son origine dans l’incapacité des politiques d’imaginer des propositions crédibles de sortie de la crise multidimensionnelle que subit depuis de longues années notre pays et dont souffrent les citoyens, et parmi eux les républicains/démocrates amoureux de leur pays rêvant de démocratie, de liberté et d’un mieux vivre ensemble. Les tentatives des partis «d’opposition», depuis «l’ouverture au multipartisme», de créer un front démocratique ont toutes échoué. Pourquoi ? Cette problématique n’a pas, à ce jour, fait l’objet de questionnements, de débat pour en tirer les enseignements utiles et agir en conséquence pour éviter de nouvelles désillusions. Il nous semble que l’option prise par la coordination d’élaborer un projet de plateforme, de le faire entériner par les chefs des partis et de réclamer des élections anticipées n’est pas, nous semble-t-il, une bonne approche. Cette option reste une démarche bureaucratique, purement administrative dans son esprit, engagée dans la précipitation et excluant les prérequis à une action politique efficiente. L’action politique efficiente, dans le contexte actuel, doit :
– définir les prérequis à mettre en œuvre avant la phase de transition souhaitée, la plateforme étant l’aboutissement d’un processus et non son commencement ;
– être inclusive de toutes les forces patriotiques souhaitant un changement pacifique du régime et du mode de gouvernance ;
– s’inscrire dans la durée. Le changement ne peut se faire en quelques jours ou quelques mois. Le changement doit émerger des profondeurs du peuple et non de la volonté de partis politiques ou syndicaux, toujours à la recherche de compromis et d’arrangements sauvegardant les intérêts de chaque clan ;
– rechercher et mettre en œuvre des modes d’action innovants pour mobiliser les citoyens autour de cet objectif. Sans capacité de mobiliser des «troupes» suffisantes pour le changement, le «régime» n’accédera à aucune demande de changement.
A la lecture des différents articles de presse nous relevons ce qui suit :
– (débats au sein du Civic d’Oran). Un ensemble non homogène avec des gens qui ont des idées diamétralement opposées, qui ne peuvent du jour au lendemain dire qu’ils sont d’accord sur tout. Cela demande un temps de débats sérieux, d’argumentaires, etc. pour se convaincre les uns aux autres et aboutir à quelque chose de solide. Il ne s’agit pas de dire on va faire le changement, on va faire la transition, on va faire l’Etat de droit, alors que les questions essentielles n’auront pas eu le temps d’être débattues et seront mises de côté. Ceci suscitera forcément des tiraillements qui risqueraient de disloquer cette coordination. On en tire le sentiment d’une logique de changement de personnes (du ôte-toi que je m’y mette), alors, là, il n’y aura aucun résultat tangible ;
– la coordination avait annoncé avoir quasiment finalisé la rédaction de son projet de plateforme, qui comprend probablement les grands axes qui tournent autour, notamment, des mécanismes à mettre en place afin de mener le pays vers une «vraie démocratie» et que d’ores et déjà, elle veut proposer une «Constitution consensuelle» devant mener vers la révision de toutes les lois importantes qui découleront de cette loi fondamentale. La coordination demandait également la dissolution de toutes les assemblées élues et l’organisation d’élections anticipées sur la base des nouvelles lois adoptées pour aboutir à une élection présidentielle anticipée. Cette démarche équivalait à mettre la charrue avant les bœufs et cela ne pourrait que mener encore une fois vers un échec dont nous ne pourrons jamais nous redresser. Où on n’est-on et où sont les forces que nous avons pour obliger le pouvoir à faire ces élections ou accepter nos desiderata ?
– le train est mis sur les rails et il sera demandé aux autres personnalités, partis politiques, syndicats et autre société civile de venir le prendre et d’entériner cette plateforme à laquelle ils n’ont pas été associés ;
– nous avions pensé que l’initiative lancée par la coordination avait pour but de rassembler et d’agréger les forces républicaines qui se réclament de la démocratie et des libertés et désirant le changement radical du système de gestion de la société afin d’assurer une transition démocratique. Or, ce que nous constatons, c’est que nous avons affaire à une coordination algéro-algéroise excluant d’emblée toutes personnalités, intellectuels, universitaires, cadres des autres wilayas du pays possédant de bonnes expériences des affaires de l’Etat, qui ont été de tout temps marginalisés alors qu’ils peuvent apporter leurs expertises, et une scène politique atomisée par une multitude de micro-partis, sans ancrage, sans projet, autoproclamés représentants du peuple et détenteur de la seule vérité ;
– cela nous amène à citer la rencontre entre la coordination et le groupe des Forces du changement qui s’est soldée par un échec. Les citoyens attendent des succès et non des échecs faute de prise en compte des intérêts supérieurs de la nation et de la nécessité des compromis allant dans ce sens. Arriver à des compromis demande du temps. La première chose qui serait souhaitable d’envisager, c’est qu’il vaut mieux consacrer un temps nécessaire de préparation pour réaliser le projet. Il vaut mieux que le temps de préparation soit le plus long possible afin que le projet mature, que les idées s’échangent, et c’est pendant ces travaux, que petit à petit chacun va argumenter pour enrichir la plateforme et aboutir ainsi au consensus. Ce qu’il y a à tirer comme enseignement, c’est que la meilleure idée n’est pas la bonne idée ; la meilleure idée donnée par un individu n’est toujours pas la bonne idée, car la bonne idée c’est celle qui est acceptée par tous.
Nous nous posons aujourd’hui légitimement la question de l’efficacité de cette action et surtout de sa réussite pour que le plus nombre ait la possibilité d’y adhérer par conviction.
Chadly Mohamed Benguesmia
Civic d’Oran

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