Theresa May nouveau Premier ministre : le thatchérisme de retour
Au Royaume-Uni, on se dirige vers un remake de l’expérience du thatchérisme des années 80, à travers la personnalité de Theresa May, actuelle ministre de l’Intérieur, qui remplacera ce mercredi, au 10 Downing Street, David Cameron. Sa rivale, l’eurosceptique et actuelle secrétaire d’Etat à l’Energie, Andrea Leadsom, a annoncé son retrait de la course de succession à David Cameron, qui a annoncé son intention de démissionner dans la foulée du «non» des Britanniques au maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne lors du référendum du 23 juin dernier. Dans une déclaration à la presse ce matin à Londres, Leadsom a tenu a souligné que Theresa May, à qui elle apporte son soutien, était «la mieux placée» pour diriger le gouvernement.
Les choses s’accélèrent, le Royaume-Uni qui vit une très grave crise constitutionnelle, engendrée par le référendum sur le Brexit, devait désigner un successeur à David Cameron pour mettre un terme au statu quo. Le choix des quelque 150 000 membres du Parti conservateur aurait dû, initialement, être connu le 9 septembre prochain, mais l’actuel Premier ministre a mis fin à toutes les spéculations en annonçant en personne son départ mercredi, pour permettre à Theresa May de s’installer aux commandes le même jour.
Theresa May a d’ores et déjà annoncé les couleurs de sa stratégie, une fois au 10 Downing Street. Pour elle, il n’est plus question de faire marche arrière et d’envisager un quelconque stratagème pour rester au sein de l’UE ; dans une déclaration ce matin, May a laissé entendre que «Brexit signifie Brexit» et «nous en ferons un succès», excluant toute possibilité d’organiser un deuxième référendum sur le Brexit. «Nous avons besoin d’une vision audacieuse, nouvelle et positive pour le futur de notre pays, la vision d’un pays qui fonctionne pour tout le monde, pas seulement pour quelques privilégiés», a-t-elle indiqué lors d’une première déclaration du lancement de sa campagne pour briguer la présidence de son parti et succéder à David Cameron. En un mot, cette eurosceptique convaincue prône une approche ferme dans la gestion des affaires. May, qui a toujours opté pour une politique stricte en matière de contrôle de l’immigration, a une nouvelle fois mis en exergue que le vote pour le Brexit était un message clair appelant à un contrôle de la libre circulation des personnes. «Cela ne peut pas continuer comme aujourd’hui», a-t-elle martelé.
En tous cas, le qualificatif de dame de fer lui convient pleinement, compte tenu de ses positions très dures sur des dossiers liés notamment à la question des immigrés clandestins ou des prêcheurs islamistes. Le bras de fer le plus médiatisé, dans lequel elle s’était engagée avec force, c’était celui contre le prédicateur radical jordanien Abu Qatada, qu’elle a réussi à faire déporter en 2013, alors que ses prédécesseurs avaient tous échoué. Elle a régulièrement plaidé pour que son pays quitte la convention européenne des droits de l’Homme et juré de le faire si elle devenait Premier ministre. Elle sera donc sans conteste la mieux placée pour mener une bataille implacable contre le terrorisme et le radicalisme de tous bords, ainsi que les supports de propagande acquis notamment aux idéologies extrémistes basées au Royaume-Uni.
De Londres, Boudjemaa Selimia
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