Louisa Hanoune : «La loi de finances va détruire l’immunité de l’Algérie»
La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) met en garde contre le danger que représente le projet de loi de finances pour 2017 pour le pays en général. S’exprimant ce vendredi à l’ouverture de la réunion du comité central à Alger, Louisa Hanoune n’a pas lésiné sur les mots pour critiquer ce texte de loi qui, selon elle, «offre l’Algérie sur un plateau d’argent aux grands groupes internationaux». La pasionaria du PT ne parle pas seulement des conséquences directes sur le pouvoir d’achat des Algériens, déjà mis à rude épreuve durant l’année qui s’écoule. Louisa Hanoune évoque la «perte totale» de la souveraineté nationale et «l’appauvrissement du peuple algérien». Elle considère que ce projet de loi de finances pour 2017 détruit l’immunité du pays. En plus de constituer un lit pour le terrorisme, ce projet de loi contient de nombreuses dispositions «antinationales», selon elle. Il s’agit notamment des «facilitations» accordées aux investisseurs étrangers.
Pour Louisa Hanoune, les investisseurs étrangers, s’ils viennent dans le contexte actuel, c’est pour «traire la vache à lait du soutien à l’investissement». Elle prévient contre ces orientations qui ne seront pas, d’après elle, «acceptées par les Algériens» et assure qu’«aucun Algérien n’ignore que si la majorité est accablée par l’austérité, une minorité parmi les nouveaux riches ne paie même pas ses impôts». Louisa Hanoune souligne que le front social «est en ébullition» et un premier signal d’alerte vient d’être donné par les syndicats autonomes qui appellent à une grève la mi-octobre.
La patronne du PT, qui soutient totalement les revendications «plus que légitimes» des représentants des travailleurs, estime que les «injustices se creusent, le désespoir se renforce, la peur de l’avenir gagne de plus en plus de secteurs de la société». Evoquant l’ampleur de la corruption qui a mis à mal les caisses de l’Etat et freiné le développement du pays, Louisa Hanoune considère que «chercher à faire porter aux citoyens le fardeau de la crise financière est inacceptable». Les montants des devises détournées «donnent le tournis», s’insurge-t-elle, avançant le chiffre de 450 millions d’euros perdus dans les affaires Sonatrach I et II. La patronne du PT dénonce la diminution des transferts sociaux et la réduction du budget d’équipements. Elle met en garde également contre le recours à l’endettement externe. Pour elle, tout recours à cette option, qui est sur la table du Premier ministre, «aura des conséquences incalculables sur le pays en général et sur la souveraineté nationale en particulier».
Louisa Hanoune ne manque pas de critiquer le nouveau projet de loi sur la santé. Ce projet consacre, selon elle, le désengagement de l’Etat et donc «la liquidation de la gratuité des soins par l’accablement de la Cnas via la contractualisation avec les hôpitaux». Elle souligne que l’orientation socio-économique met son intégrité et sa souveraineté en péril. Louisa Hanoune appelle à la mobilisation des travailleurs pour, dit-elle, «organiser le sauvetage de l’Etat algérien et donc la nation, menacés comme jamais dans le passé». La SG du PT estime qu’aux choix dangereux sur le plan économique, s’ajoute la «médiocrité politique» qui frappe le premier parti du pouvoir. Elle qualifie les propos d’Amar Saïdani, tenus le 5 octobre dernier, contre des personnalités politiques et ex-hauts responsables de l’Etat, comme une «atteinte à la guerre de Libération nationale».
Louisa Hanoune a, par ailleurs, commenté la proposition faite par la présidence de la République de désigner Abdelwahab Derbal à la tête de la Commission nationale indépendante de surveillance des élections, estimant que les élections ne sont pas «la priorité» du PT.
Sonia Baker
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