Droite française : François Fillon enterre Sarkozy et efface ses derniers vestiges
Fillon est en train d’effacer les dernières traces de l’indésirable Nicolas Sarkozy au sein du parti Les Républicains. Il le vide pratiquement de la garde sarkozienne. C’est ainsi que le président par intérim du parti, Laurent Wauquiez, est rétrogradé à l’une des vice-présidences. Le secrétaire général, Eric Woerth, est remplacé, quant à lui, au pied levé par Bernard Accoyer, ex-président de l’Assemblée. Bernard Accoyer, député de Haute-Savoie, a soutenu François Fillon depuis le début de la primaire. Laurent Wauquiez était président par intérim de la formation depuis la démission de Nicolas Sarkozy de la présidence du parti pour cause de participation à la primaire. Le coup a dû être durement ressenti par Nicolas Sarkozy. C’est que Bernard Accoyer est connu pour être un fidèle à la ligne chiraquienne. En le nommant, François Fillon montre qu’il veut vite faire oublier l’ère Sarkozy.
François Fillon et Bernard Accoyer ont déjà travaillé étroitement ensemble, notamment lors de la réforme des retraites de 2003. Le premier est ministre, l’autre rapporteur du projet de loi. Le Haut-Savoyard est doué pour jouer les équilibristes. C’est sans doute pour cette raison que François Fillon a porté son choix sur lui. Il compte sur son ancien camarade pour fédérer autour de son programme de campagne un maximum de personnalités de droite.
La «désarkozysation» des Républicains ne s’arrête pas là. La députée filloniste Isabelle Le Callennec est nommée seconde vice-présidente. Jean-François Lamour, également député filloniste, devient président de la commission nationale d’investiture à la place de Christian Estrosi, soutien de Nicolas Sarkozy. Un comité politique, dirigé par Gérard Larcher, président du Sénat et soutien de la première heure de Fillon, a été également mis en place. Le parti n’a donc pas de président officiel, sa direction revenant de fait à François Fillon, candidat de la droite à la présidentielle. Bernard Accoyer a deux adjoints, Annie Genevard, députée filloniste, et Gérald Darmanin, ancien directeur de la campagne de Nicolas Sarkozy, l’un des rares à avoir échappé à la purge, mais dont le maintien s’explique par le choix fait par Sarkozy et sa garde prétorienne de voter Fillon au second tour de la primaire.
Maintenant qu’il tient les commandes des Républicains, François Fillon devrait très bientôt passer à la prochaine étape qui consistera, pour lui, à composer son futur gouvernement. La tâche est un brin présomptueuse puisque, jusqu’à preuve du contraire, il n’est pas encore à l’Elysée. Celle-ci répond toutefois à une promesse de campagne. C’est écrit noir sur blanc sur son site de campagne : «François Fillon désignera les principaux ministres appelés à conduire les réformes juste après les primaires, soit quatre mois avant l’élection présidentielle. C’est la condition nécessaire pour que les ministres puissent se préparer aux lourdes responsabilités qui leur seront confiées et réussissent dans leur mission.»
Le candidat doit donc trouver une quinzaine de noms, en accord avec ses déclarations de campagne, selon lesquelles il préconisait «une équipe resserrée de dix-huit ministres». Il est à parier que, là aussi, les sarkozistes ne se compteront que sur les doigts d’une seule main.
Khider Cherif
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