Pour une citoyenneté active dans la cité
Par FCDR – Aujourd’hui, nous assistons bien malgré nous à une reconduction du régime autoritaire avec un personnel frappé par la gérontocratie. C’est dire l’assurance du pouvoir dans sa capacité à se renouveler et à marginaliser toute contestation. Dans ce rapport de forces défavorable à l’idée démocratique, le pouvoir a tiré sa force dans le verrouillage tous azimuts des sociétés politique et civile : mise au pas des médias lourds, menaces judiciaires et financières sur la presse écrite indépendante, interdiction de manifestations publiques, difficultés à créer des associations et enfin, le must des must, l’usage de la fraude électorale. Toute possibilité d’alternative est bloquée tandis que l’alternance est réduite à la lutte des clans issus du système. Beaucoup se bercent encore de cette illusion pour espérer un changement.
A côté de ce schéma qui est le fait du pouvoir, que dire de la responsabilité de l’opposition ? L’opposition démocratique à laquelle nous appartenons a sombré dans le fonctionnement anti-démocratique sanctifiant l’opportunisme et le pouvoir personnel. Le choix des partis démocratiques de miser, pour leur survie, sur la compromission avec le régime qu’ils accompagnent systématiquement dans toutes ses initiatives est l’autre talon d’Achille de notre famille politique. Le corollaire de ces errements stratégiques s’est immédiatement révélé : l’incapacité à s’unir dans un front républicain et démocratique. C’est une tragédie qui a laissé quantité de cadres sur le chemin de l’errance et tué l’espérance pour un nombre non évalué de générations.
Pourtant, il ne faut jamais désespérer et toujours se remettre à l’ouvrage. Dire cela, c’est signifier sa volonté à toujours s’engager malgré le musellement de la société politique, la surveillance de la société civile et la répression qui s’abat sur les militants.
L’engagement citoyen n’est pas, en effet, réductible au travail partisan. L’engagement dans la cité, expression de la citoyenneté active, peut permettre la montée d’une nouvelle génération de militants qui aura forgé son esprit de lutte dans la construction civique. Il faut viser le moyen terme et ne pas réfléchir, du moins à courte durée, en termes d’accession au pouvoir. C’est le prix à payer pour avoir une chance de changement.
Créer des associations de différentes sortes – culturelle, sociale, écologique, sportive, civique, etc. – et renforcer les organisations syndicales est une manière de s’immerger dans les profondeurs de la société pour arriver à ce que Antonio Gramsci appelait autrefois la domination culturelle. C’est avec cet élément que l’on peut mener le combat politique et idéologique. A l’heure actuelle, cette force appartient au religieux, émis à la fois par les salafistes de toute sorte et le pouvoir lui-même. Il faut profiter des interstices qui existent notamment au niveau communal pour se lancer dans la fondation d’associations, mais les niveaux wilaya, inter-wilaya et national sont des échelons à explorer également.
Entre le politique et le culturel, la frontière est mince et, par conséquent, différents thèmes peuvent être abordés. Ainsi, la censure est contenue, du moins en partie, tandis que la formation de citoyens engagés, pénétrés de la chose publique (Respublica), est assurée.
Même long et difficile, ce combat sera exaltant !
Ahmed Badaoui, Moulay Idris Chentouf, Tarik Mira, Ramdhane Moula, Hamid Ouazar
(FCDR)
Ndlr : Les idées et opinions exprimées dans cet espace n’engagent que leurs auteurs et n’expriment pas forcément la ligne éditoriale d’Algeriepatriotique.
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