En vacances !
Par Kamel Moulfi – Depuis la nomination d’Abdelmadjid Tebboune Premier ministre, les accents de certains médias donnent l’impression qu’un vent de panique souffle.
Dans les discussions de rues, ce vent de panique est expliqué le plus simplement du monde : tout a commencé par le rappel à l’ordre signifié aux «forces de l’argent» soupçonnées de vouloir franchir la ligne de démarcation qui matérialise une des «constantes» dans notre pays, à savoir la séparation entre la politique et les affaires. Beaucoup d’observateurs notent que, pour avoir osé le dire puis le faire, le Premier ministre est suivi à la trace et son moindre faux-pas guetté. La façon caricaturale dont les faits et gestes de Tebboune sont rapportés par ses adversaires, ne cache-t-elle pas, en fait, leur sentiment d’impuissance à arrêter la machine mise en branle ? Ou, pire, leur crainte de voir le processus engagé pour recadrer le monde des affaires devenir irréversible, indépendamment de Tebboune, à cause des réalités économiques et sociales du pays, difficiles, qui dictent de nouvelles exigences dont celle, implacable, d’alimenter les caisses de l’Etat autrement que par les recettes pétrolières, incertaines et en baisse, ou par l’endettement extérieur, exclu, et encore moins par les tours de vis sur les dépenses sociales, à cause de l’inévitable réaction explosive de la population.
Ce qui semble reproché à Tebboune par l’instruction attribuée au Président qui l’a nommé, ce n’est pas le sens de sa démarche – chercher l’argent là où il est – mais la manière, le rythme et le bruit fait autour, pas le fond. Tous les échos indiquent qu’après le signal qu’il a émis, perçu comme «lutte contre la corruption», Tebboune a été spontanément soutenu par une grande partie de la population. Par contre son premier acte, spectaculaire, consistant à redonner sa place à une institution comme le Premier ministère, a été mal vu par les prédateurs et siphonneurs de l’argent public qui œuvrent à dévitaliser les institutions pour les ouvrir à l’informel incontrôlable.
Pour le moment, la population est en dehors de ce débat. Elle passe de belles journées de vacances dans l’insouciance, en famille ou en groupe de jeunes copains. Il lui reste encore deux bonnes semaines avant de remonter de la plage pour préparer la fête de l’Aïd et aborder, ensuite, la rentrée sociale.
K. M.
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