Les craintes de l’Algérie face aux incertitudes du marché gazier

gaz gazier
Pour l'Algérie, le marché gazier n’est pas plus sûr que le marché pétrolier. D. R.

Par Houari Achouri – Hier, à Moscou, à l’occasion des travaux de la 19e réunion du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), le ministre de l’Energie, Mustapha Guitouni, a laissé comprendre que le marché international gazier sur lequel compte l’Algérie n’est pas plus sûr que le marché pétrolier qui rapporte au pays la quasi-totalité de ses ressources en devises. Le ministre algérien n’a pas caché ses inquiétudes en rappelant que «les politiques énergétiques adoptées par de nombreux pays de l’OCDE ont eu des répercussions défavorables sur la demande en gaz».

Mustapha Guitouni appelle les pays membres du FPEG à agir pour «trouver et mettre en œuvre, ensemble, des solutions adéquates et dans un esprit coopératif» pour éviter à l’industrie du gaz les mésaventures qui sont arrivées à l’industrie pétrolière du fait de la brutale chute des prix de l’or noir depuis près de quatre ans. En quelque sorte, le FPEG devrait, comme l’Opep sur le marché pétrolier, devenir un acteur influent sur le marché international du gaz.

La crainte de l’Algérie d’une mévente de son gaz a été expliquée par le ministre de l’Energie, qui a relevé la surcapacité de production induite par «l’émergence de nouveaux centres d’approvisionnement et d’exportation, en particulier grâce au gaz de schiste». La riposte pour l’Algérie est dans le renforcement du FPEG, dont les pays membres doivent «mieux s’organiser pour défendre leurs intérêts».

La politique énergétique algérienne mise en œuvre par le Premier ministre Ouyahia a confirmé la place prépondérante des hydrocarbures dans l’économie nationale en dépit du discours officiel qui appelle à la libérer de l’emprise de cette ressource épuisable. Les investissements dans le gaz pour augmenter sa production se poursuivent. L’annonce du projet d’exploitation du gaz de schiste est significative de l’intérêt porté aux ressources gazières de l’Algérie.

Cette tendance est illustrée par les informations récentes faisant état de l’entrée en production au premier trimestre de l’année 2018 de trois nouveaux champs gaziers qui sont localisés dans les régions de Reggane, Touat et Timimoun, en Algérie. Cet apport fait partie de la stratégie du groupe Sonatrach visant à renforcer les capacités d’autres champs. Mais, tout ce gaz devra être vendu sur le marché extérieur.

Dernièrement, le président-directeur général du groupe Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, a clairement affirmé que l’Algérie doit miser sur le gaz pour augmenter ses recettes en devises, étant donné la baisse actuelle du prix du pétrole sur le marché mondial. Il a évoqué l’éventualité de revoir à la hausse la capacité de transfert du gaz vers l’Espagne, puis vers l’Europe, via le Medgaz, gazoduc sous-marin assurant le transport du gaz vers Almeria sur une distance de 122 km à partir de Beni Saf. Cette capacité, qui est actuellement de l’ordre de 8 milliards m3 par an, devrait atteindre les 10 milliards m3/an avec le renforcement de cette infrastructure en équipements nécessaires.

L’acquisition de deux nouveaux méthaniers pour le transport du GNL, dont la réception officielle à Arzew s’est déroulée en présence du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, répond à la même préoccupation.

H. A.

Comment (6)

    karimdz
    6 octobre 2017 - 18 h 31 min

    Raison de plus pour ne pas développer le gaz de schiste, l offre est importante sur le marché mondial. Pourquoi donc investir, dépenser des sommes énormes pour briser la roche et au final, servir de cobaye pour les pays occidentaux et leur fournir du gaz, en prenant tous les risques et pas eux !

    Anonyme
    6 octobre 2017 - 9 h 47 min

    le problème de ce gaz a exploiter a mes yeux est le suivant : le peuple algérien ne fait plus confiance a ce pouvoir qui a tant volé d’argent de quoi faire vivre des générations et des générations de leurs familles, plus un problème de confiance qu’un problème d’uranium et d’eau ou d’écologie.

    mhd dz
    5 octobre 2017 - 20 h 41 min

    Ce qui me semble bizarre est que contrairement au pétrole ou l,on connaît tous les chiffres que cela rapporte à notre pays j,usqu au prix du baril nécessaire à équilibré le budget comme annoncé dernièrement donc 70 dollars,aucun chiffres(en dolars ou devises…peu importe) concernant LE GAZ sauf en mètre cube qui n,est pas une devise à ce que je sache alors s.v.p le gaz exporté rapporte COMBIEN En dollars ou euro??
    Des années que je lis la presse Algérienne et y en a que pour le pétrole alors messieurs,mesdames à vos calculette à moins que ce soit comme attendre que l,on lance un débat à tous les niveaux de la société Algérienne sur la corruption..

    Felfel Har
    5 octobre 2017 - 20 h 15 min

    Cet entêtement à exploiter le gaz de schiste n’a qu’une raison: faire durer le régime qui, tant qu’il y aura une goutte de pétrole à tirer, ne s’en ira pas. Aprés avoir épuisé le pétrole conventionnel, il s’accroche au gaz de schiste. Il est intéressant de noter que les pays non producteurs de pétrole conventionnel comme la France, La Belgique, l’Allemagne ont, sous l’influence de leurs écolos, tourné le dos au Fracking. Le jeu (qui aurait dû leur être bénéfique en termes d’approvisionnement en pétrole à bon marché) n’en valait pas la chandelles à cause des risques énormes qui sont inhérents à l’exploitation de schistes bitumineux. Ce n’est pas la « silver bullet » que tout le monde espérait. Les critiques sont nombreuses: faible densité en hydrocarbures, durée de vie limitée des puits, tremblements de terre dans des régions pourtant non-sismiques, risque élevé de pollution des nappes phréatiques à cause de l’utilisation massive de produits chimiques cancérigènes (plomb, benzène, uranium, radium, méthanol, mercure, etc.). Le gouvernement n’en a cure! « Après nous la fin du monde! » Le pire est que, même si on l’exploitait, il ne nous rapporterait rien car le marché est saturé et son prix n’arrête pas de dégringoler. Ce serait du pur gaspillage, du brafage d’une ressource qui doit bénéficier à nos enfants et petits-enfants. Hram a3likoum ya nass!

    L
    5 octobre 2017 - 17 h 33 min

    Meme l’ Iran sous embargo ne depend pas autant du prix du barile ou du gaz!

      Abou Lahab
      5 octobre 2017 - 19 h 27 min

      c’est nos voleurs qui dépendent du prix du gaz et du pétrole pas le peuple.

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