El-Qods capitale d’Israël : les Arabes mesurent leur impuissance
Par R. Mahmoudi – La plupart des chefs d’Etat arabes, parmi lesquels on trouve même le roi d’Arabie Saoudite, ont exprimé leur indignation suite à la décision annoncée par Donald Trump de reconnaître El-Qods capitale d’Israël, en admettant de fait l’extrême gravité de la situation et ses répercussions sur l’avenir de la région. Mais force est de constater qu’aucune initiative n’a été envisagée sur-le-champ pour essayer d’adopter une position commune et d’influer sur le cours des événements. La Ligue arabe, si prompte à se réunir pour condamner l’Iran ou le Hezbollah, s’est contentée d’une déclaration, au moment où huit pays, dont quatre européens, deux sud-américains et deux africains, demandaient une réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur cette question.
Pourquoi cette inertie des pays arabes devant une agression aussi frontale ? La cause palestinienne ne représente-t-elle plus un enjeu important pour ces pays ? Il faut remonter le fil des événements qui ont émaillé la scène politique régionale depuis quelques mois pour comprendre que la sentence prononcée aujourd’hui par le chef de la première puissance n’en est qu’un aboutissement logique.
Tout a commencé avec l’intronisation, soutenue ou suggérée par le locataire de la Maison-Blanche, en janvier dernier, du prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohamed Ben Salman, suivie d’une série de mesures de changement qui justifieront peu à peu des initiatives de rapprochement avec Israël : rachat de deux îles égyptiennes, classement du Hezbollah et du Hamas comme organisations terroristes, échanges de visites secrètes jamais démenties, lancement d’un mégaprojet à quelques encablures de l’Etat hébreu…
La dernière démarche en date entreprise par le jeune prince, qui a fini par tout révéler, c’est la proposition faite il y a quelques jours à Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, sur fond de menaces, d’accepter l’installation de la capitale palestinienne à Abou Dis, dans la banlieue sud-est d’El-Qods. La conjonction avec l’annonce de Trump prouve que tout a été manigancé à l’avance entre Washington et Riyad. D’où cette paralysie totale de «l’action arabe commune» d’habitude assurée par une Ligue arabe aujourd’hui entièrement à la solde des Al-Saoud.
R. M.
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