Tamazight : l’escalade
Par Kamel Moulfi – Dans un style surréaliste et frisant un délire de nature plus pathologique que politique, les courants d’obédience MAK ont monté en épingle des heurts qui ont accompagné les manifestations dans cette région pour protester contre le rejet par l’Assemblée populaire nationale (APN) de l’amendement relatif à la promotion de tamazight.
Les informations locales ont fait état d’affrontements très violents qui ont éclaté à Bouira, il y a deux jours, entre des étudiants membres de l’Ugel et de l’UNEA et des étudiants membres de la Coordination libre des étudiants et sympathisants de la cause amazighe. Les courants MAK donnent à ce fait une signification totalement décalée par rapport à la réalité et inventent un conflit ethnique qui n’existe que dans leurs fantasmes pour faire réagir les «institutions» créées dans l’imaginaire du fondateur de ce mouvement séparatiste.
Car, en dehors de Bouira, où «un climat de tension et de violence s’empare de la ville depuis quelques jours», «ailleurs les manifestations pour tamazight se sont déroulées pacifiquement, sans affrontements, ni agressions». Par contre, au plan verbal, de vifs échanges ont eu lieu entre les formations politiques présentes dans la région. C’est ainsi que Louisa Hanoune a rejeté l’accusation de «manipulation» lancée contre le Parti des travailleurs (PT) par d’autres partis mais n’exclut pas que cette manipulation existe, suggérant qu’elle vient de partis qui cherchent à travailler contre l’unité nationale et qu’il s’agirait donc de milieux influencés par les idées séparatistes du MAK.
Le désordre installé à Bouira, et qui risque de s’étendre à Tizi Ouzou et Béjaïa, a déjà conduit à de fortes perturbations dans les établissements d’enseignement et les universités, avec le risque, si la situation va jusqu’au pourrissement, de compromettre les études dans cette région. Ainsi, le conseil de l’administration de l’université Akli-Mohand-Oulhadj de Bouira a décidé le gel de toute activité pédagogique et scientifique jusqu’à nouvel ordre.
Les réseaux sociaux sont utilisés pour la publication de commentaires extrémistes qui attisent la haine et pour la diffusion de fausses informations, appuyées par des photos-montage, rapidement gobées par des éléments fanatisés, vulnérables et totalement perméables, d’un côté, à la propagande du MAK et, de l’autre, à l’intox des islamistes, les deux se rejoignant dans leur œuvre destructrice. Car, pour ceux qui veulent introduire un désordre durable dans la région, qui serait préjudiciable, comme dans les expériences passées, à sa population, il n’y a rien de plus efficace que la fabrication de faits qui alimenteraient des facteurs de tensions, en marge de la revendication identitaire, dans le sens d’une escalade qui fournirait aux agents provocateurs le bain qu’il leur faut pour exécuter leurs tâches.
Les appels au calme et à la raison lancés par les partis politiques et des personnalités de la région seront-ils entendus ?
K. M.
Comment (12)