L’Etat est au Square

devises
L'euro et le dollar ont connu un forte augmentation au marché noir. D. R.

Par M. Aït Amara – La déclaration du ministre du Commerce sur la véritable cotation du dinar qui se trouverait entre les mains des cambistes clandestins du Square n’a suscité aucune réaction. Pourtant, ce qu’a dit Mohamed Benmeradi est à la fois vrai et grave. Vrai, parce que les barons du marché noir de la devise, tapis dans l’ombre, sont ainsi érigés en Banque d’Algérie parallèle qui, à plus forte raison, maîtrisent mieux que les institutions financières officielles les rouages du change. Grave, car le ministre avoue de façon directe que l’Etat a été transféré au Square et que quelques nababs inobservables et insaisissables se substituent tout à fait naturellement aux banques légales avec la bénédiction des pouvoirs publics.

Ce n’est pas la première fois que l’Etat lève le drapeau blanc devant la mafia. Pis, incapable de lui faire la guerre, il a multiplié les appels du pied indécents à son adresse pour tenter de capter les milliards de dinars qui circulent en marge du circuit officiel. Pour appâter les requins, le gouvernement a tenté une parade, islamiser la pratique fiduciaire, croyant naïvement que les tenants du marché noir allaient se ruer sur les banques pour y déposer leurs sacs de billets pourris. Argent sale auquel on voudrait assurer un blanchiment en règle pour renflouer les caisses du Trésor public qui se vident à vue d’œil.

C’est en raison de l’échec de cette supplique insolite que le Premier ministre a dû recourir à une autre solution tout aussi inattendue : actionner la planche à billets faute d’avoir pu récupérer l’argent planqué dans les coffres secrets des seigneurs du trabendo et des trafics en tout genre.

L’Etat dans l’Etat. Un Etat occulte dominant qui vit à la périphérie du système institutionnel ; un autre, officiel, qui produit des lois qu’il n’impose qu’à lui-même.

M. A.-A.

 

Comment (12)

    Zembla
    1 février 2018 - 13 h 30 min

    La place du Square Port-Saïd, ne vous trompez pas, ce n’est pas uniquement une place boursière de la devises. C’est une véritable place du tout fait tout et du tout va dans le domaine de la distribution de la monnaie. Il y a pire sur cette place que ces pauvres cambistes. Il y a les banques de la place où sont distribués des crédits dont les montants faramineux compromettent les fonds propres de ces banques publiques à l’image exceptionnellement de la BNA, BEA et le CPA. Aucune notion de solvabilité, bancabilité et rentabilité n’est observée dans la distribution des crédits. Et dire que des missions de l’IVG ont élu domicile chez ces banques. A croire que cet organe de contrôle est incompétent ou complaisant.

    Zaatar
    1 février 2018 - 8 h 10 min

    Arrêtez de nous divertir. Les barons de la devise sont ceux du pouvoir lui même! Comment peut on vouloir nous faire croire qu’un état entier avec toutes ses institutions est incapable de combattre un fléau pareil?
    lorsqu’il s’agit de réprimander une marche comme celle des résidents, on sort la grosse cavalerie et la grosse artillerie pour matraquer ces pauvres médecins et les obliger et à se parquer dans leurs hôpitaux. On est même allé à faire croire qu’il y a eu des policiers blessés dans ces confrontations.
    Ici le problème est autre. Il s’agit d’un phénomène qui date depuis des décennies, qui a pris place sur la scène économique et financière du pays depuis des dizaines d’années et on veut faire croire que les gens qui sont derrière sont juste des escrocs notoires de la rue… que ne faut il pas entendre et lire!!!

    Anonyme
    31 janvier 2018 - 19 h 09 min

    Les cambistes du square ne sont que des petites mains au service des vrais malfaiteurs au cœur du pouvoir protégés par plus qu’une immunité sans parler des passeports diplomatiques et la protection de la justice.
    Ils n’ont aucun sentiment d’attache à la Nation algérienne car ils sont plus proches du Maroc de la France et des Etats Unis

    Ils sont prêt à provoquer une guerre civile pour se maintenir au pouvoir.

    Ne JAMAIS déposer plainte contre un responsable même avec des preuves car vous serez accusé poursuivi et enfermé pour des années
    La seule méthode de combattre ces escrocs les vrai patriotes la connaissent.

    H'na fi H'na
    31 janvier 2018 - 18 h 07 min

    Le Ministre ne nous apprend absolument rien sur ce sujet.
    Ce qu’il appelle l’état c’est une bande de politicards pour la plus-part incultes, leur fonction et surtout d’applaudir et de faire de caisse de résonnance au système qui les a recruté sans plus.
    le contradiction du discours politique avec la réalité de tous les jours n’est point nouvelle et ne se limite au square Port Saïd, mais elle est étendue pratiquement à tous les secteurs.
    La MAFFIA Algériennes, c’est comme ça qu’il faut l’appeler et la désigner, existe belle et bien et elle tient en otage les pantins qui font semblant de gouverner.
    L’importance de leur chiffre d’affaire démontre leur capacité de gérer non seulement le commerce en Algérie mais aussi de faire ou de ne pas faire des lois, de dégommer des ministres gênants, de faire reculer le gouvernement sur des décisions qui sont contraires à leurs intérêts et ainsi de suite.
    Morale de l’histoire :
    Le système continue d’occuper la scène d’un théâtre sans spectateurs avec de médiocres comédiens,
    Au fait le titre de la pièce c’est : H’NA FI H’NA. N’est ce pas, Mr le ministre ?

    lhadi
    31 janvier 2018 - 16 h 00 min

    L’incompétence de cette gouvernance incarnée par celui qui considère comme Louis XIV : « L’Etat c’est moi » ou comme le rapporta Léon Trotsky dans la bouche de Staline : « La société, c’est moi « , est de mettre, d’une part, la nation sans armes face aux nombreux défis, et d’autre part, rendre les gens sans défense dans leur esprit.

    Cette autorité politique, de notoriété publique malodorante, est le problème politique le plus sensible.

    Pourquoi ?

    Parce qu’elle n’a ni pris la mesure des sarcomes inhérents au sous développement ni tenu compte de la diversité de notre pays et de sa population, des courants de pensée qui le traversent, des philosophies et des croyances qui le partagent. Elle n’a ni la philosophie qui rend le mieux compte de la réalité et qui fournit les meilleurs moyens de transformer la société algérienne ni les convictions qui donnent la force et l’espoir et in fine assurent le succès vers le mieux être.

    Comment peut-on construite l’Algérie adamantine avec de solide charpentes si la nation n’est pas libérée de ce système d’un autre âge incarné par le Césarisme Bouteflikien qui se modifie d’après les besoins et les intérêts de ses névrosés dont les divers rejetons demeurent étrangers aux histoires intimes des luttes, des espoirs, des projets, des efforts, des tatônnements, des triomphes secrets, des désespérances cachées.

    Je vais être clair : Le mélange de visionnaire, de pragmatique et à l’autorité incontestable et incontestée, ne sont pas les trois notions qui viennent immédiatement à l’esprit quand on pense au Président de la république qui, en ces temps difficiles, ne préside qu’à son sommeil.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])

    Anonyme
    31 janvier 2018 - 15 h 04 min

    Il y a une volonté politique manifeste à faire fonctionner éternellement le pays de façon informelle. L’informel arrange grandement les intérêts de la nomenklatura.
    Quand on apprend qu’on vient d’attribuer 200 millions de dollars à un entrepreneur pour se lancer dans un secteur qui n’est pas le sien, alors qu’il a failli lamentablement (à coup de milliards de dollars) dans un secteur censé être le sien, quand on apprend que des employés de l’état touche des salaires dépassant le million de DA et demandent le double, on se demande où est cet état et s’il est quelque part, ce qu’il fout pour empêcher ce pays de partir en vrille.
    Il ne faut pas s’attendre à ce qu’un jour la corruption soit combattue, que l’informel soit éradiqué, que la traçabilité des opérations commerciales voit le jour, que les transactions se fassent par chèque. Le règne du sachet plastique noir bourré de liasses de billets de 2000 DA (chkara) a encore de beaux jours devant lui. Les réformes, les mesures, les promesses annoncées souvent en grande pompe avec tambour et trompette, n’ont été jusque là que des effets d’annonce, des fuites en avant pour anesthésier les esprits et gagner du temps.

    Errai
    31 janvier 2018 - 14 h 08 min

    L’état Algerien est à l’image de l’oignon qu’on nous refile dans nos marchés, la couche externe est d’apparence saine et les couches internes sont de plus en plus pourries à mesure qu’on s’y enfonce.

    Nasser
    31 janvier 2018 - 11 h 34 min

    Rectificatif : l’État est le premier à ne pas respecter ses propres règles. C’est un état d’esprit vérifiable aux agents de la circulation qui sont les premiers à brûler les sens interdits et autre feux rouges. Ils ne leur viendrait jamais à l’esprit de faire autrement. Ceci a titre d’exemple. Et la chaîne de commandement jusqu’au sommet est ainsi. Pour ce qui concerne la monnaie, il faut revenir au concept même de sa création. Sans contrepartie, elle est dite de singe. C’est le marché qui fixe le prix des produits. Parmi ces produits le billet. C’est vérifiable chaque jour que Dieu fait. La bourse te donne chaque jour les cotations. Lorsque l’administration se mêle de fixer un prix administratif, le marché se charge de la correction.

    Abou Stroff
    31 janvier 2018 - 10 h 26 min

    L’Etat est au Square » titre M. A. A..
    je pense que l’Etat est partout sauf là où il devrait être.
    en effet, le square fixe de le taux de change réel du dinar et indique clairement que l’économie algérienne repose essentiellement sur les revenus tirés de l’exportation des hydrocarbures dont la rente qui transparait dans le prix camoufle toutes les « tares » de la société, y compris le fait que l’économie algérienne est tout sauf une économie au sens où l’entend la théorie économique.
    en outre, l’entêtement de nos augustes dirigeants à procéder à l’exploitation du gaz de schiste (pour répondre aux intérêts bien compris des amerloques?) alors que rien ne concourt à garantir que cette exploitation sera économiquement rentable et stratégiquement judicieuse montre clairement que l’Etat est en partie au texas (voir les dernières déclarations de ould kaddour).
    moralité de l’histoire: quand des dirigeants n’ont pas une base interne, ils s’appuient sur des forces externes pour pérenniser leur pouvoir. cependant cette politique est, structurellement suicidaire à moyen et, particulièrement, à long terme.

    Anonyme
    31 janvier 2018 - 8 h 56 min

    Il n y a jamais eu d’Etat. Les assassins sont libres, les voleurs de miliards$ lavent leurs biens hallalisés par la zakat…..

    Salim
    31 janvier 2018 - 8 h 29 min

    Cette déclaration du ministre du commerce n’est pas importante, tout ceci n’est qu’un épais écran de fumée, regardez plutôt par là! Histoire de pointer du doigt les coupables désignés: les « squartistes », qui sont au problème que rencontre notre pays ce que que Lee Harvey Osvald était du complot de la CIA.
    La monnaie reflète le peuple, en fait. Et comme le peuple ne travaille pas, n’innove pas, estdans un sommeil profond, entre frustration et visa, entre léthargie et chemmā, en effet, rien ne va.

      en résumé
      31 janvier 2018 - 10 h 10 min

      Qui sème le vent …

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