Hiéroglyphe et plus-value

Selon Oxfam, 82% des richesses produites en 2017 dans le monde ont été accaparées par le 1% des plus fortunés
Avec Trump, la «troisième guerre mondiale» attend les Etats-Unis. D. R.

Par Saadeddine Kouidri – Aujourd’hui, le monde vit des crises dans tous les domaines. Elles ne sont pas cycliques et elles ne l’ont jamais été pour la majorité des populations. Le système capitaliste qui domine le monde est donc un système politique défaillant. Il est la première cause du manque de liberté, autant sinon plus que le système socialiste de l’ex-URSS. Ce dernier a cru à une idéologie alternative dans le marxisme. Le marxisme étant un matérialisme, il ne peut être une idéologie. Une alternative à l’idéologie ne peut être que cette conscience qui se nourrit perpétuellement de science, d’histoire… Le socialisme idéologique était voué à l’impasse. Lénine, en prenant conscience, a tenté une marche arrière tactique juste pour se coller à la réalité que Staline a été incapable d’imiter. On constate que l’idéologie surnommée libérale est l’unique idéologie, qu’elle soit sous forme de religion, de philosophie ou d’économie. Elle a été fourbie chez les prêtres égyptiens à l’ère des pharaons. Leur hiéroglyphe s’avère non pas comme une pictographie, mais elle était basée sur la métaphore, la parabole et l’énigme pour mystifier aux yeux du peuple la technique (de l’agriculture en premier lieu) et de la politique de la cité. Des subterfuges de prêtres pour maintenir le peuple égyptien dans l’ignorance. Ils pratiquent la sorcellerie et finissent par accoucher des dieux pour gouverner. Leur sorcellerie équivaut aux médias d’aujourd’hui où domine la publicité de leur politique et de leurs produits à la consommation. Le mensonge produit depuis à profusion maintient vive, vaille que vaille, cette arme des féodaux-bourgeois. Alliée à la pratique de la mithridatisation, qui remonte à la nuit des temps, pour annihiler toute conscience, toute sensibilité individuelle.

Dans le film Snowden d’Oliver Stone, on nous révèle encore une fois que les Etasuniens violent leur propre constitution pour pouvoir continuer la guerre qu’ils mènent sans discontinuer contre leurs propres concitoyens, particulièrement les Noirs et les pauvres, et contre d’autres peuples étrangers. Pour gagner leurs guerres, ils surveillent tout le monde, c’est la preuve par trois, comme s’il fallait encore une, que nous donne Edward Snowden, cet ancien agent de la CIA, à l’instar de Sanchoniathon de Béryte, cet hiérophante phénicien, un autre traître à sa caste et qui démystifie les hiéroglyphes à travers la simple reconstitution de l’histoire ; il est pour ainsi dire le premier matérialiste ! Hier, la rétention du savoir, la sorcellerie ; aujourd’hui, le mensonge et le secret. La Maison-Blanche a des tribunaux secrets, nous révèle Snowden.

Le PPP ou la raison continue de fournir au privé à la fois la richesse du travailleur, c’est-à-dire sa plus-value, et la richesse du sous-sol, la devise du pétrole pour ses importations. Sachant qu’en contrepartie, il ne prend soin ni de la ressource humaine ni de celle de l’argent public qui lui sert non seulement d’importer, mais, paradoxalement, de nuire à la production nationale, quand il ne se réserve pas une partie pour acheter des biens à l’étranger. S’il y a une seule raison de privatiser l’unité publique, il y a plus de deux pour nationaliser l’unité privée. Pourquoi les économistes qui connaissent les conditions dans lesquelles sont les travailleurs du secteur privé ne jugent pas opportun de conseiller la nationalisation de toute entreprise qui n’applique pas la loi du travail ? Il y a au moins une raison : le secteur public est de plus en plus en connivence avec le secteur privé, ce qui fait que le clivage n’est plus entre le secteur privé et le secteur public, comme du temps de Boumediene, mais entre ceux qui produisent et ceux qui vivent de la rente. Cette conscience semble absente chez le syndicat comme chez certains économistes. La politique de la production n’a pas les faveurs de l’administration actuelle et particulièrement celle qui donne le droit à l’importation, à croire qu’elle est dominée par le privé et l’informel plus précisément, jusqu’à nous faire croire que les acteurs de l’informel sont tapis au cœur même de l’appareil de l’Etat.

On constate que le Parti des travailleurs (PT) est toujours présidé par un membre fondateur depuis sa création, à l’instar des partis qui s’opposent tout en étant fidèles au Président et à son programme ! Ils ont un point commun : les élections, l’unique activité politique officielle. Une politique qui déconscientise jusqu’à ces jeunes qui rêvent des 72 houris et celui qui veut la houriya. L’un est pressé de monter au ciel. L’imam lui a fait comprendre que c’est mieux s’il se faisait accompagner. Et l’autre défie la mer et la mort dans l’eau.

La privatisation du FLN, la privatisation du commerce extérieur, la privatisation du cinéma, la privatisation d’El-Hadjar par une firme indienne – de cette privatisation on en est revenu –, la privatisation du textile, du phosphate… prouvent après tant de dégâts humains et matériels que la privatisation n’est pas la solution, sans pour autant pouvoir dire que le tout public l’est. Il y a de quoi être contre la privatisation des entreprises, sans pour autant pouvoir militer pour le secteur public économique. Il est inutile d’opposer l’un à l’autre. Nulle part au monde, le secteur public n’a été performant. Par contre, dans beaucoup de pays, le privé l’a été. Chez nous, aucun des deux secteurs ne l’est, et la question est pourquoi c’est le privé qui bénéficie des encouragements, y compris de la part de fonctionnaires, de syndicalistes… pour redorer son blason ? Le capitalisme est représenté par le privé, alors que le secteur public, lui, représente plus d’une alternative, dont le socialisme. A la performance du privé dans le monde, j’oppose l’éventuelle alternative que peut entrouvrir le secteur public aux jeunes diplômés démunis d’héritage. Cet énorme avantage suffit pour le préserver en l’améliorant. Le secteur public maintient l’espoir aussi pour les chômeurs et les salariés algériens, sachant que dans le secteur privé, dans la plupart des cas, ils sont surexploités, sans couverture sociale, sans syndicat, et en sus, l’absence de l’Inspection du travail.

Il semble, à l’appui des grèves et particulièrement celle des médecins résidents, que l’UGTA ne s’occupe que du secteur privé, tout en sachant que la grande majorité des travailleurs de ce secteur ne sont pas syndiqués et souvent dépourvus de la sécurité sociale ! Faut-il conclure que l’UGTA est réduite au rôle de partenaire du public-privé et s’adosse dorénavant au sigle PPP ? Le ministre de la Santé a le courage de dire que les médecins résidents avaient raison et que l’administration avait peut-être tort. Les médecins résidents, ne résidant ni chez le privé ni chez le public, sont dans ce no man’s land où les adeptes de la privatisation veulent les maintenir. Comment oser demander un plateau technique pour soigner les malades au moment où Sidi Saïd parle de privatisation ? Comment oser demander des équipes pluridisciplinaires dans des régions isolées ou exiger l’application de la loi qui exempte les plus de 30 ans du service national aux médecins résidents ?

Suite à l’illégalité de leur grève, prononcée par le tribunal et rapportée par la presse du 29 janvier 2018, le délégué du Collectif autonome des médecins résidents (Camra) déclare que les 15 000 résidents ne sont pas intimidés par ce jugement politique et qu’«ils sont décidés à poursuivre leur combat pour l’amélioration des conditions dans lesquelles ils évoluent».

Le délégué du Camra qualifie le jugement de leur grève de politique ; personnellement, je le qualifierais de politique réactionnaire. Elle n’est pas seulement politique, car améliorer sa condition de vie est naturelle et la contrarier est antisociale, et c’est pour cela que je qualifie ce jugement de réactionnaire, à l’appui des propos diffusés auparavant sur Canal Algérie de leur ministre de la Santé, leur donnant raison tout en pointant du doigt sa propre administration.

L’alternative à l’idéologie est à la fois un mix de science et d’histoire qui booste l’intelligence en permanence pour améliorer la réalité, le vécu. Nous savons que l’être vivant se définit par l’action et l’expérience, et qui mieux que la réalité, la vérité pour alimenter sa conscience, son champ d’activité. L’homme ne se définit pas par le travail, mais par sa conscience qui est son champ d’adaptation à la vie.

Le choix entre le public et le privé nous interpelle : qui doit gérer la plus-value ? Qui doit gérer les richesses naturelles ? Selon le rapport annuel de l’organisation Oxfam, 82% des richesses produites en 2017 dans le monde ont été accaparées par le 1% des plus fortunés. Il est de combien en Algérie ? Quand une information de plus nous invite à nous méfier du secteur privé, il n’y a pas a à hésiter, tout en sachant que nous n’avons toujours pas d’alternative crédible, surtout quand on se rappelle ce que dit Marx à ce sujet. Il y a plus de 150 ans, il affirmait que «le Capital a horreur de l’absence de profit. Quand il flaire un bénéfice raisonnable, le Capital devient hardi. A 20%, il devient enthousiaste. A 50%, il est téméraire ; à 100%, il foule au pied toutes les lois humaines et à 300%, il ne recule devant aucun crime».

Au secret pratiqué par les Etats, au mensonge des médias, s’ajoute la confusion. Un exemple pour illustrer cette spécialité des sionistes et leurs valets. Macron, lors d’une cérémonie, déclarait à Netanyahou que «nous ne céderons rien à l’antisionisme, car il est la forme réinventée de l’antisémitisme». Le président français ne fait qu’alimenter la confusion, dans le but de décourager toute critique envers Israël, quand on sait que l’antisémitisme relève du pénal en France, alors que l’antisionisme est toujours considéré comme une simple opinion. Le sionisme est synonyme de la dépossession de la terre de la Palestine. Ce vol semble naturel à leurs yeux, quand on sait que le capitalisme est né de la dépossession des paysans de leurs terres communes qu’ils cultivaient et en privant les femmes à leur accès, il y a de cela plusieurs siècles. On a une illustration dans les westerns, où les aventuriers accompagnés d’évangélistes – qui au moment d’expier souhaitent être enterrés à Jérusalem – plantaient les clôtures, mettant l’indien hors des grandes surfaces de pâturage et de chasse ; c’est la méthode de l’enclosure. Les sionistes pratiquent une méthode similaire adaptée au terrain ; l’occupation de la terre palestinienne par la construction de logements.

«Pourquoi est-ce que toutes ces personnes issues de pays de merde viennent ici ?», a demandé le président Trump. Sollicitée à ce propos, la Maison-Blanche n’avait pas contesté ou démenti, se bornant à souligner que M. Trump se battrait «toujours pour le peuple américain» ! La Maison-Blanche affirme donc que nous sommes de la merde et allez vous faire foutre, semble-t-elle dire à notre Maison-Noire, notre chère Afrique. S’opposer à l’idéologie, où Trump n’est qu’un de ses représentants, n’est pas une sinécure, mais ne pas le faire, comme on le constate, coûte toujours plus cher, car le capitaliste exploite les peuples jusqu’à les déshumaniser toujours davantage, jusqu’à souhaiter en faire de la merde.

En sus de la misère et des guerres qui prennent de l’ampleur, le robot est présenté comme un ennemi, alors qu’il sert déjà et peut servir davantage à notre émancipation. Une autre confusion avec la robotisation de l’Homme que Charles Chaplin anticipe dès 1936, au temps du cinéma muet, avec sa magistrale comédie dramatique dans son film Les temps modernes. Un film disponible sur DVD et sur YouTube, à voir et à revoir, surtout aux enfants.

Pour les adultes, Citizen Kane d’Orson Welles, réalisé en 1941, Snowden d’Oliver Stone ou Citizen Fours, réalisés en 2016, qui relatent des situations à la fois historiques et actuelles, intemporelles. Steven Spielberg, que je n’aime pas, contrairement à Welles, vient de réaliser Pentagonpapers qui retrace une des épopées de la presse étatsunienne quand elle avait défié la Maison-Blanche en osant, à l’appui de documents secrets fuités, que la défaite américaine face aux Vietnamiens était inéluctable. Mais pour ne pas se faire humilier, la Maison-Blanche préféra mentir et continua la guerre. Cela nous rappelle la défaite française et notre victoire dès 1956. Comme le disait Giap, «l’impérialisme est un mauvais élève», et c’est pour cela que la France est condamnée à s’embourber au Mali !

Un nouveau film, et c’est un plaisir de l’apprendre, même si on n’est pas certain de le voir. Deux journalistes, Nedjma et son ami, qui traitent des 72 houris du paradis des musulmans, qui en fait s’avère une erreur et d’après une récente interprétation qu’une vieille de 72 ans ! Je profite d’interpréter à ma façon tant que je n’ai pas ce plaisir de voir le film Enquête au paradis (Tahqiq fel djenna) de notre cher Merzak Allouache. Il est programmé en France depuis le 17 janvier et je me suis demandé au moment même où je l’ai su : pourquoi Ahmed Bédjaoui, diplômé de l’IDHEC (Institut du cinéma de Paris) versé plus dans l’accompagnement de délégations étrangères et la présentation que sur la réalisation, lors de son passage la veille sur Canal Algérie, faisait l’éloge de Omar Gatlatou érroudjla. Il bottait donc en touche, car il précisait qu’Allouache était un enfant de la Cinémathèque. Une façon de nier qu’Allouache était un élève l’Ecole de cinéma des Asphodèles, à Ben Aknoun. Cela me semble comme une marque de ressentiment envers cette éphémère Institution et une jalousie envers un cinéaste du cru capable de faire un film sur le paradis des musulmans !

S. K.

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