Deux journalistes critiques arrêtés : Mohammed VI muselle sa presse
Par Sadek Sahraoui – La Police judiciaire a convoqué, hier samedi, deux salariées du quotidien marocain privé Akhbar Al-Yaoum pour être entendues et interpellé une journaliste du même groupe de presse, a annoncé le journal, au lendemain de l’arrestation de son directeur. La journaliste en question est Ibtissam Machkour, directrice de publication du site d’information féminin Soltana du même groupe.
Toufik Bouachrine, 49 ans, a été arrêté, quant à lui, vendredi au cours d’une descente menée par une vingtaine de policiers dans les locaux de son quotidien à Casablanca. Placé en garde à vue, il était toujours interrogé samedi par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), alors que le motif de son arrestation restait inconnu, selon un communiqué de son journal repris par l’AFP.
L’arrestation de Bouachrine a suscité une vague de réactions dans le pays où plusieurs militants des droits de l’Homme, avocats et députés lui ont exprimé leur soutien. Connu pour sa liberté de ton, il a été condamné il y a un mois à verser l’équivalent de 40 000 euros à deux ministres pour «diffamation». En 2009, il avait été condamné à quatre ans de prison avec sursis et à des dommages et intérêts pour la publication d’une caricature dans son journal jugée irrespectueuse envers la famille royale et le drapeau national.
Le procureur général du roi près la cour d’appel de Casablanca a annoncé, vendredi, que le parquet avait chargé la police judiciaire de «mener une enquête» sur Toufik Bouachrine «suite à des plaintes parvenues au parquet». Mais pour «préserver l’intégrité et le secret de la procédure et garantir la présomption d’innocence, l’objet de ces plaintes ne peut être divulgué à ce stade». «L’enquête qui suit une arrestation est secrète (…) mais jamais le motif de l’arrestation», a réagi auprès de l’AFP l’avocat Mohamed Ziane, présent devant le siège de la BNPJ avec d’autres soutiens du journaliste.
Il n’y a que dans le royaume moyenâgeux du Maroc où ces choses peuvent arriver. Et dire qu’une grande partie de la presse française passe son temps à présenter Mohammed VI comme un démocrate et un défenseur des droits de l’Homme.
S. S.
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