Invité encombrant
Par R. Mahmoudi – La visite qu’effectue le ministre saoudien de l’Intérieur en Algérie n’est pas une simple visite de courtoisie; elle ne vise pas non plus à «renforcer les relations bilatérales» comme indiqué dans le communiqué officiel transmis à la presse. Car on sait que tout ce qui intéresse les Al-Saoud, tout ce qui les fait bouger depuis déjà un certain temps, c’est l’envie de faire s’aligner derrière eux un maximum de pays de la région. Autrement dit, leur leadership.
On est habitués de voir, depuis deux ou trois ans, qu’à chaque fois qu’un officiel saoudien atterrit en Algérie, c’est pour essayer de faire pression pour obtenir quelque chose ou pour protester contre tel ou tel signe d’hostilité, comme ce fut le cas, en décembre dernier, lors de la visite du président du Majlis Echoura (Parlement). Venu officiellement dans le cadre du «renforcement des relations bilatérales», celui-ci avait une mission unique et précise : exiger des excuses officielles d’Alger suite au déploiement d’une banderole par un tifo anti-saoudien dans les tribunes d’un stade à Aïn M’lila. Le gouvernement a-t-il, oui ou non, raison de présenter ses excuses ? Les avis étaient partagés mais tout le monde a compris que, pour l’intérêt du pays, il ne servait à rien de faire parler la passion.
Dans la guerre impitoyable que se font aujourd’hui l’Arabie Saoudite et le Qatar pour le contrôle de la région arabe, l’Algérie essaie vaille que vaille de résister aux pressions médiatiques ou diplomatiques qui sont exercées sur elle, en tenant à rester à l’écart de toutes ces tensions et à éviter de s’attirer l’animosité des autres pays. Or, justement, cette neutralité absolue de l’Algérie semble déranger les protagonistes de la crise du Golfe… Elle les empêche d’avoir un appui pérenne dans cette région-clé pour la conquête du Maghreb et du Sahel. Il n’y a qu’à voir les pressions continues que les Al-Saoud et leurs alliés émiratis exercent sur le voisin tunisien, et qui finiront par le faire plier, pour comprendre l’intérêt qui les anime pour la région et, surtout, mesurer leur capacité de nuisance.
R. M.
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