La situation sociale explosive dans le Maghreb effraie l’Union européenne
Par Sadek Sahraoui – Si les capitales européennes, en particulier celles des pays du sud de l’Europe, suivent l’évolution de la question du Sahara Occidental comme on surveillerait du lait sur le feu, surtout depuis la menace de Rabat d’attaquer le Front Polisario, il ressort néanmoins que la plus grande crainte des Européens n’est pas tellement de voir se déclarer un conflit au Maghreb.
Une source européenne a confié à Al-Quds Al-Arabi que la hantise de Bruxelles est plutôt d’avoir affaire à des explosions sociales à la chaîne. «Ce que nous craignons le plus, ce sont les soulèvements sociaux au Maroc. Ils peuvent être plus dangereux qu’une guerre entre Rabat et le Front Polisario», a assuré cette source.
Al-Quds Al-Arabi précise que les Européens ont raison de ne pas s’inquiéter de l’éventualité d’une guerre entre le Maroc et le Front Polisario. Un tel conflit, écrit-il, ne pose pas de grands défis sécuritaires du moment où il est appelé à se dérouler dans une région désertique et quasiment inhabitée. Il n’affectera pas non plus l’approvisionnement en énergie de l’Europe. Les Européens ne craignent pas, non plus, des exodes importants de populations vers l’Europe, cela sauf si des affrontements ont eu lieu dans certaines villes dans le désert. Mais, pense-t-on, il y a peu de chance que cela se produise. Les dommages collatéraux seront donc quasiment nuls.
Al-Qods Al-Arabi indique que l’absence de réaction de l’Europe aux menaces du Maroc de reprendre la guerre confirme que le dossier du conflit du Sahara Occidental ne fait pas partie des priorités de Bruxelles. Autrement dit, l’Union européenne ne croit pas à l’éventualité d’un retour à la guerre et pense même que le Maroc est en train de bluffer.
Le journal arabe paraissant à Londres, citant encore sa source européenne, précise que «seule une implication de l’Algérie dans un éventuel conflit régional est réellement susceptible d’inquiéter l’Europe, en raison de l’importance que revêt ce pays pour l’Europe». «Même si la guerre éclate, cela n’affectera pas la sécurité de l’Europe. Ce qui nous inquiète, c’est de voir la guerre s’étendre à l’Algérie. A ce moment-là, la situation sera différente», indique cette source européenne, qui ajoute que les Européens sont beaucoup plus attentifs à l’évolution de la situation dans le Rif et à Jerada. Pour eux, assure-t-elle, «des soulèvements du pain sont plus dangereux pour la sécurité de l’Europe parce qu’ils peuvent provoquer des exodes massifs et poser de sérieux défis sécuritaires et sociaux».
S. S.
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