Le RPK appelle à la vigilance suite aux graves propos de Ferhat Mehenni
Par Hani Abdi – L’appel du chef du mouvement séparatiste kabyle, Ferhat Mehenni, pour la constitution d’une milice armée a suscité de vives réactions de condamnation. La plus en vue est celle du mouvement autonomiste Rassemblement pour la Kabylie (RPK). Ce mouvement, coordonné par Hamou Boumediene, appelle, dans une déclaration rendue publique aujourd’hui, «à la vigilance et à la responsabilité».
«Le bureau exécutif du RPK, réuni en date du 4 juin 2018, considère les propos tenus par Ferhat Mehenni, au cours d’une conférence à Londres, d’une extrême gravité pour les faire passer cette fois-ci sous silence. Son appel à la constitution de ‘‘force de contrainte’’ et de ‘‘sécurité’’ pour se substituer à l’autorité de l’Etat est de nature à ouvrir une brèche à la violence et déboucher à terme à une guerre civile en Kabylie», a dénoncé ce mouvement, pour lequel «la résistance face à l’autoritarisme du pouvoir algérien, doit-on le réaffirmer, doit garder son caractère pacifique, reflet de son essence, et point d’ancrage duquel ses détracteurs voudraient la dévier». Le RPK a rappelé dans ce sillage que «le combat des mouvements démocratiques a toujours été pacifique et a vocation à le demeurer !».
«Jeter la jeunesse kabyle dans une confrontation avec les services de sécurité procède de l’abdication de toute responsabilité politique. C’est l’exposer à un affrontement sanglant pire que ce que nous avons vécu au cours des événements de 2001», prévient ce mouvement qui milite pour un statut spécifique pour la Kabylie. Le RPK considère que «l’exercice d’une autorité coercitive doit en toute circonstance s’exercer dans le cadre de la loi pour éviter les dépassements et les exactions sommaires». «C’est en respectant ce principe que toutes les sociétés se sont préservées de sombrer dans la violence sauvage et la barbarie», souligne ce mouvement d’essence pacifique qui affirme que «s’engager sur le terrain de la violence, c’est offrir une aubaine aux clans du pouvoir dans leurs manœuvres de stigmatisation de la Kabylie à la veille de l’échéance présidentielle de 2019».
Le RPK estime que le sens de discernement commande aussi de ne pas occulter les considérations géopolitiques et de rester insensibles au développement et à la prolifération des conflits au niveau régional. «Les exemples ne manquent pas dans l’actualité internationale (la Libye, la Syrie, le Sahel, etc.) et dans notre passé récent (la décennie noire) pour se laisser entraîner dans une aventure orchestrée par des forces obscures dont l’agenda est chargé par des actions de déstabilisation des nations», relève le RPK qui considère que «la Kabylie a, comme toute société, besoin de vivre en paix et personne n’a le droit de remettre en cause cette profonde aspiration pour quelque intérêt ou objectif qui soit».
«Le peuple kabyle, nous le disons avec force, n’a mandaté personne pour parler en son nom ou pour lui fixer un désir d’avenir au point d’envoyer ses enfants dans la gueule du loup», soutient le RPK qui invite «fraternellement les militants du MAK de bien analyser ce qui leur est proposé comme nouvelle démarche». Car, estime ce mouvement, «le risque politique et physique est tellement important que chacun doit le mesurer individuellement en toute conscience». Accréditer la thèse du passage à la force, c’est légitimer et donner raison à ceux qui caressent l’espoir de cataloguer le MAK dans le giron des mouvements terroristes.
H. A.
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