Cadeau

Ouyahia
Ahmed Ouyahia. New Press

Par Sadek Sahraoui – Le rejet par la Commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale (APN) de l’article 6 du projet de loi de finances complémentaire (PLFC), qui prévoyait une TVA sur les kits CKD-SKD destinés à l’industrie automobile, est assez surprenant. Il l’est d’autant plus que ce sont les députés de la majorité présidentielle qui se sont le plus mobilisés pour faire passer à la trappe cette mesure.

En sabrant de la sorte le PLFC, l’APN a pour ainsi dire réduit à néant le projet de l’Exécutif de diversifier les sources de revenus de l’Etat. Le gouvernement Ouyahia comptait effectivement beaucoup sur les taxes introduites dans le cadre de ce PLFC 2018 pour compenser la baisse des prix des hydrocarbures. Force est de constater maintenant qu’il n’en reste plus beaucoup. Ceci dit, personne ne regrettera la disparition de cette TVA que tout le monde trouvait excessive eu égard aux prix déjà extrêmement élevés des véhicules de tourisme.

Si cette taxe avait été maintenue, les voitures neuves seraient tout simplement devenues inaccessibles pour le commun des Algériens dont le pouvoir d’achat a beaucoup baissé ces trois dernières années en raison de la hausse de l’inflation et de la surtaxation des produits importés. Les fabricants n’auraient, quant à eux, rien perdu puisqu’ils ont donné l’habitude d’adapter les prix de leurs produits à chaque fluctuation du marché. Ils se sont même beaucoup sucrés sur le dos du citoyen sans que l’Etat n’ait trouvé à redire. Ils continuent, d’ailleurs, à s’offrir des marges bénéficiaires qui dépassent tout entendement. Et le raisonnement ne s’applique pas uniquement pour les voitures. Il concerne de très nombreux autres produits.

C’est précisément sur cette question des marges que le gouvernement aurait pu jouer pour rendre la vie moins pénible aux citoyens. Il était également attendu des concepteurs de la PLFC qu’ils prennent des mesures fortes pour mettre fin à l’injustice face à l’impôt. Plutôt que de mettre en place à chaque fois de nouvelles taxes, l’Etat aurait pu ramasser énormément d’argent en décidant, par exemple, de luter contre l’évasion fiscale et le marché noir. Au lieu de cela, le gouvernement a choisi la solution de facilité. Dommage.

Il est extrêmement rare que des députés de la majorité naviguent à contre-courant des politiques du gouvernement. C’est probablement l’une des rares fois qu’un projet de loi est réduit à une véritable peau de chagrin. Il est donc possible de considérer le rejet de la TVA sur les kits CKD-SKD comme un nouveau désaveu de la démarche du gouvernement. Cela à moins que le pouvoir ait décidé à la dernière minute de faire un nouveau cadeau à la population. Après tout, c’est dans ses cordes puisque les prix des hydrocarbures sont repartis à la hausse.

S. S.

Comment (4)

    akildar
    24 juin 2018 - 12 h 01 min

    parler de la loi sur le projet de la loi des finances complémentaire 2018 est une chose.La barre est placé très haut poue le citoyen disons le prtit et surtout pour la majorité des retraités qui touche moins que le smig et même un peu plus..La revalorisation de cette année a été dérisoire (entre 500 da et 1000 da),juste pour acheter un kilo de sardine;ce qui veut dire une sardine par jour à partager entre la famille.Pourquoi des députés si haut perchés ne jettent pas un coup d’oeil à cette franche qu’on peut appeler non pas des retraités ,mais des maltraités.Nous sommes devenus la risée à travers le monde.

    lylo
    23 juin 2018 - 18 h 15 min

    en lisant ce commentaire ,le peuple fait savoir au pouvoir qu’il observe et n’est pas dupe.

    predator
    23 juin 2018 - 15 h 20 min

    Même les cieux sont avec eux, si la baisse du pétrole avait perduré un peu plus ils auraient déguerpi
    Je ne crois plus à rien

    MELLO
    23 juin 2018 - 13 h 10 min

    Tenter de saisir la démarche de ce pouvoir, et pas seulement du gouvernement, c’est comprendre comment il ( pouvoir) a, de tout temps, maintenu son hégémonie depuis 1962. Toutes les décisions prises, ont été faites de la même manière, à savoir lancer l’appât et attendre la réaction de la rue. Une autre astuce utilisée, le gouvernement propose et tente de faire passer une loi impopulaire et le président fait semblant de l’annuler. Le principe de la présente TVA aurait pu être arrêté tout au début des projets,comme d’ailleurs les prix des véhicules qui subissent des fluctuations en rapport avec la fausse dévaluation du Dinars. Et si cadeau, il y a ,c’est un cadeau empoisonné que nous offre cette majorité présidentielle.

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