Droit de réponse à la «mise au point» de M. Merdaci

Naïmi
Kaddour Naïmi. D. R.

Par Kaddour Naïmi – Il y a plusieurs manières de répondre à cette «mise au point»(1) : par le silence, mais je risque d’être accusé de dérobade, et donc de confirmer les déclarations du professeur à mon sujet ; par le même ton, mais il n’est pas dans mon style éthique ; par l’humour polémique, mais, dans ce cas, il serait blessant et humiliant pour le destinataire (comme son dernier paragraphe l’est à mon égard), mais ce comportement n’est pas dans mes principes. Aussi, je me contenterai d’examiner ses arguments et autres qualificatifs pour laisser au lecteur le jugement que la raison lui dictera.

Constatons d’abord que Merdaci écrit : «Il est plus simple lorsqu’on prend l’initiative d’un débat public de le faire dans la clarté.» Effectivement. Mais la contribution où j’ai évoqué le terme de «mtourni» mérite-t-elle le qualificatif «insidieux» ? Où serait donc cet aspect ?… Et où serait l’«hasardeuse phénoménologie de bric et de broc» ? Ces qualificatifs du professeur me portent à ajouter une autre observation concernant le terme «mtourni». Pour ceux qui l’ignorent, ce mot est une déformation du français «retourné». Cet adjectif était et demeure utilisé par les services secrets français pour désigner soit un espion d’une nation ennemie que les agents français sont parvenus à assumer le double jeu, à leur profit, soit un de leur espion que les agents ennemis ont réussi à faire travailler pour eux. De là découle que l’emploi du terme «mtourni» par le professeur est encore moins pertinent. Davantage encore quand il le présente comme «concept» : où en est la démonstration convaincante ?

«Mtourni» n’a que le son qui plaise ; doit-on s’en contenter pour parler de concept «nouveau et radical» ? (2) Par conséquent, qualifier Slimane Bénaïssa de «mtourni» me semble un très superficiel abus de langage. Il aurait suffi au professeur, comme il l’a d’ailleurs fait, de décrire les faits et déclarations du personnage. Pour le reste, je préfère appliquer à ce dernier le qualificatif de harki de forme inédite actuelle, c’est-à-dire dans le domaine culturel et idéologique. Et même de double harki : au service des castes dominantes en France et en Algérie. A propos de mon jugement sur Slimane Bénaïssa, où est le fait de «corseter les mots et même subodorer naïvement…» ? Je n’ai fait que rappeler le parcours réel de Slimane Bénaïssa, en avouant mon absence de certitude sur l’identité de celui que j’avais connu en 1969-1970. Ne trouve-t-on pas en Algérie des personnes ayant les mêmes noms et prénoms ? Au lycée que j’ai fréquentais, le proviseur s’appelait… Si Kaddour Naïmi. Et plus d’une fois, quand j’écrivais à quelqu’un en signant de mes nom et prénoms, le destinataire me demandait : «Etes-vous l’artiste de théâtre connu ?» Ajoutons que le nom de famille de ma mère est… Bénaïssa, et il ne serait pas étonnant de trouver un homme de cette famille portant le nom de Slimane. Ajoutons un dernier argument : dans ma famille, mon grand-père, mon père, un de mes frères et l’un de ses fils ont les mêmes nom et prénom : Mohammad Naïmi. Il se pourrait donc que le Slimane Bénaïssa, que j’ai connu dans ma jeunesse, ne soit pas celui évoqué par Merdaci. Tout simplement. Je n’ai fait que montrer de la prudence dans mon examen, évitant d’affirmer là où je manque de preuve irréfutable.

S’agissant de ma proposition – c’est le mot que j’emploie – de donner au mot «harki» une définition plus large et plus universelle, où sont les preuves que je me comporte en «tribunitien emprunté» ? En passant, j’ai cherché le mot «tribunitien» dans le dictionnaire ; il donne «erreur» ; sans Wikipedia, le mot est employé comme adjectif, et non comme substantif(3). Dès lors, il semble que le professeur aurait dû employer le mot «tribun». Quant à l’emploi du terme «harki», «dans le seul sens que lui attribue l’histoire du Mouvement national algérien», j’avais cité à ce sujet la position d’une amie, et je l’ai discutée. Pourquoi s’en tenir à cette unique acceptation, alors que ma tentative de l’élargir à d’autres domaines sociaux et à l’époque actuelle a provoqué de significatives réactions, dans les commentaires du journal et dans des lettres privées qui m’ont été envoyées ?

Concernant l’allégation qui m’est imputée d’«imposer d’inappropriées béquilles d’expériences politiques, économiques et culturelles internationales» ? Où sont les preuves de mon «imposition» ? En quoi consistent ces «béquilles», en plus «inappropriées» ? Où serait l’erreur de réfléchir sur le terme «harki» pour en dégager une idéologie, éclairée et enrichie par des expériences internationales ? L’Algérie serait-elle isolée, avec une spécificité, dans une planète à part ? La Guerre de Libération nationale algérienne ne fut-elle pas, aussi, le résultat d’«expériences politiques, économiques et culturelles internationales» ? L’autogestion qui eut lieu en Algérie, juste après l’indépendance, n’a-t-elle pas bénéficié de ces expériences internationales ? Et le capitalisme privé qui s’empare de l’Algérie actuelle n’est-il pas, lui aussi, dépendant du même phénomène ?

Venons-en au concept «mtorni» – plutôt que «mtourni» – dont il semble douter du sémantisme à la fois nouveau et radical. Est-il interdit de se permettre d’en douter, dans ce que le professeur qualifie lui-même d’«échange apaisé et démocratique» ? Ainsi, si j’ai bien compris (cette réserve, signe de modestie intellectuelle, serait-elle interprétée comme un procédé «insidieux» ?), concernant le mot «mtourni», le professeur s’attribue, lui, le mérite d’un «sémantisme à la fois nouveau et radical». Je ne vois pas où se trouvent cette nouveauté et encore moins cette radicalité. J’ai discuté la pertinence de ce terme(4). Au lecteur d’en juger. Notons que tandis que Merdaci refuse que son emploi du terme «mtourni» soit discuté, en même temps, il récuse ma recherche d’un emploi nouveau, alors que je ne prétends même pas à la «radicalité» du mot «harki». Cependant, tandis que personnellement j’ai tenté de présenter des arguments, même si discutables, quant à l’emploi du terme «mtourni» par Merdaci, lui, concernant ma suggestion d’élargir l’acception du mot «harki», se contente de parler d’«inappropriées béquilles». Est-ce suffisant comme argument dans un «débat clair» et «apaisé» ?

Quant à Omar Fetmouche et au directeur du théâtre d’Oran, évoqués par Merdaci, je renvoie à mon livre (5), où je me limite à révéler des faits et des écrits. Alors, le lecteur jugera.

Ce n’est pas fini. Il reste à examiner l’avant-dernier paragraphe du professeur. Tout d’abord, demandons au lecteur quelle est la relation entre le fait de discuter des mots «mtourni» et harki, et mes actes durant mes séjours en France, Italie et Chine. Ensuite, notons le double procédé du professeur. D’une part, dans ce qu’il affirme, il ne me nomme pas, alors qu’il s’agit de moi ; d’autre part, en voulant me stigmatiser, le professeur se dresse un portrait de «patriote» avec «humilité». Au lecteur d’en juger. En parlant de lui-même, Merdaci écrit : «Celui qui écrit ces lignes n’a pas le souci d’un retour d’affection dans son pays ; il ne l’a jamais quitté.» Le mot «retour» suppose auparavant une «rupture». Quelle preuve concrète possède à ce sujet le professeur ? Vise-t-il mon éloignement géographique du pays ?… Ce fait justifie-t-il à lui seul l’emploi du mot «retour» ?… Quant au «pays», avant d’éprouver de l’affection pour lui, parce que terre de ma naissance, mon affection va à son peuple laborieux, au sein duquel je suis né.

Venons à la seconde partie de la phrase du professeur. Me voici reproché d’avoir quitté le pays. Ainsi, Merdaci partage le point de vue des représentants de l’Etat qui stigmatisent les Algériens pour le seul fait d’avoir quitté le pays. Cependant, me concernant, Merdaci en connaît les motifs, du moins l’objectivité intellectuelle devrait le porter à les connaître. Ces motifs sont exposés en détail dans mon livre sur le théâtre. J’invite donc le lecteur à en prendre connaissance, et il saura comment juger cette assertion du professeur. Je me contenterai simplement d’en signaler un aspect : l’un des motifs qui m’avaient contraint à quitter le pays, ce fut précisément le langage tenu à l’époque par les gens du PAGS à mon endroit, à cause de mes positions sociales(6), lequel langage est identique, comme style et procédure, à celui de Merdaci. Il reste à savoir quels sont les motifs réels qui expliquent que Merdaci, lui, n’a «jamais quitté le pays». En outre, ce fait est-il par lui-même suffisant pour juger une personne ?… Voici un fait historique qui relativise cet argument. Les Algériens qui quittèrent le pays durant le colonialisme n’eurent-ils pas une influence importante sur le déclenchement de la Guerre de Libération nationale ? Ajoutons ceci. Si un Algérien quitte le pays et s’en désintéresse, on le lui reproche. Si, par contre, il éprouve «un retour d’affection» (pourquoi ces guillemets ?), on le lui reproche également. Cela dit, il serait intéressant de savoir ce qui en a «coûté» à Merdaci pour les mérites qu’il s’attribue «d’avoir fidèlement défendu l’Algérie, l’intégrité de sa culture et de son identité». De quelle Algérie, de quelle culture, de quelle intégrité parle-t-il ?… Les intégristes islamistes, aussi, emploient les mêmes mots. Hitler, Staline, de Gaulle, Samuel Huntington (l’idéologue du «choc des civilisations») ou Bernard-Henri Lévy recourent aux mêmes termes. Mais tous ne précisent jamais le contenu. Et pour cause !… Celui qu’ils y mettent ne sert pas les intérêts du peuple dominé-exploité, mais ceux de la caste dominatrice. Par conséquent, le professeur d’université, en outre soucieux de préoccupations «utiles», qu’est Merdaci ne devrait-il pas être plus précis ?

Par contre, à mon propos (toujours sans me nommer), Merdaci dit au lecteur, que j’ai «participé à mai 1968 en France pour y disserter à tire-larigot sur le sexe et la révolution». Que le lecteur lise mon témoignage(7) et il saura quoi penser de cette affirmation. Ce que le professeur appelle «mai 68» fut, en France, d’une part, le plus important mouvement populaire révolutionnaire, depuis le Front populaire de 1936 : dix millions de travailleurs en grève, et le président de Gaulle qui abandonne l’Elysée pour se réfugier en Allemagne, chez le chef de l’armée française outre-Rhin, le fameux général Salan ; d’autre part, «mai 68» fut le mouvement le plus important dans le domaine de la libération sexuelle en général et, en particulier, de la libération de la femme du joug masculin. L’auteur d’une «mise au point» ne devrait-il le dire, s’il veut être «utile» ?

Concernant mon écrit sur ces événements, ajoutons qu’outre à la maison d’édition libertaire française qui l’a édité, il le sera prochainement par deux autres de même orientation, en version italienne et anglaise. Est-ce parce que ces maisons d’édition aiment voir «disserter à tire-larigot sur le sexe et la révolution» ?… Précisons, enfin, qu’un autre intellectuel algérien a tenu, au sujet de ma participation au mouvement social de mai 68 en France, le même langage calomniateur, et sans me nommer ; j’ai répondu à ses propos, et on découvrira ce que cela m’a coûté et continue à me coûter en Algérie parmi les «progressistes»(8).

Je suis également accusé d’avoir «cherché à convaincre les Italiens (convient-il de le noter, la gauche communiste et les syndicats) d’un furieux militantisme frelaté». Où sont les preuves de ces assertions ? La seule vérité dans ces allégations est que j’ai nié leurs étiquettes aux dirigeants italiens. A leur prétention de «gauche communiste» et de «syndicats» de travailleurs, j’ai opposé, preuves à l’appui, leur opportunisme politique(9). Comme par hasard, leur position était semblable au PAGS algérien : ils pratiquaient ce qu’ils appelaient le «compromis historique» avec la caste étatique capitaliste, représenté par le parti nommé «Démocratie chrétienne». Le «convient-il de le noter» du professeur me laisse croire que Merdaci fait partie et/ou défend cette «gauche communiste», donc les «progressistes» algériens partisans du «soutien critique». Dès lors me deviennent clair la méthode, le langage et le style qu’il emploie à mon encontre. Il en fut ainsi contre moi en 1968-1973 et de même lors de mon séjour en Algérie, en 2012-2013(10).

Ensuite, le professeur affirme que j’ai «sillonné les routes de la Chine et tagué sa Grande Muraille». Là, encore, où sont les preuves ? A ce sujet, une anecdote. En cinq ans de présence en Chine, je n’ai jamais visité ni «tagué» cette muraille. En voici le motif : lors de sa construction, les paysans étaient contraints de la construire avec leurs mains, jusqu’à leur épuisement ; une fois morts, leurs cadavres étaient mélangés aux matières premières composant le mur. Cela donne-t-il envie d’aller «admirer» cette «merveille» qu’est la Grande Muraille et de la «taguer» ?

Et de quoi parle le professeur en écrivant «poussé un vil canasson dans une course truquée, fusse-t-il de Troie» ? N’est-ce pas ici le style typique d’une certaine «intelligentzia» algérienne : des mots aussi ronflants que vides de signification ?

Par contre, Merdaci, après le traitement qu’il m’a réservé ci-dessus, déclare en ce qui le concerne avoir «souscrit, en toute humilité, à d’autres préoccupations plus utiles et plus accordées au devenir de sa société». Le lecteur doit-il le croire sur paroles ? Ne faudrait-il pas savoir quelle forme a eu cette «humilité», quelles furent les «préoccupations plus utiles» et savoir de quelle «société» il parle, puisqu’il souhaite un débat «clair» ?… Enfin, que sait ce professeur de ma vie et de mes activités à l’étranger, à part ce que j’en ai révélé dans mes trois écrits : sur la guerre et la paix, sur le théâtre et mon témoignage sur mai 68 en France ? Et que sait-il de mes rapports entretenus avec des gens du pays, en Algérie ?… Absolument rien !

Concluons. Pour les personnes qui l’ignoreraient, je les invite à prendre connaissance de la phase la plus obscurantiste et tragique du mouvement «communiste» international, en particulier russe. Ces personnes découvriront qu’un certain Jdanov(11) «présidait» à la «culture», quel langage il employait contre celles et ceux qui critiquaient, à partir de positions authentiquement prolétariennes et populaires (que les apparatchiks du régime dénonçaient comme «gauchistes»), le régime et l’Etat soi-disant «soviétiques»(12). Que ces personnes comparent le genre de discours jdanoviste avec celui de Merdaci, et elles vérifieront s’il ne s’agit pas d’une identique procédure. En voici les caractéristiques. D’une part, contre l’adversaire, le procès d’intention concernant ses écrits et ses actes, diabolisant sa personne, la stigmatisant par des affirmations sans preuves concrètes. N’appelle-t-on pas cela : calomnie ? L’originalité de Merdaci, à ce sujet, par rapport à Jdanov, est de tenter de masquer ses propos par l’évocation d’un «débat clair», «apaisé» et «démocratique». D’autre part, Merdaci se dresse un autoportrait de «patriote» (Jdanov, lui, de «communiste»), en recourant stylistiquement à des mots à effet, lesquels ne peuvent fonctionner que sur des personnes superficielles. Là encore, Merdaci est original : contrairement à l’arrogance manifestée par Jdanov, le professeur avance son «humilité». Dans la Russie de l’époque non seulement stalinienne, mais, soulignons-le, durant le règne même de Lénine (13), les personnes visées par ce genre de langage étaient envoyées au goulag ou assassinées comme «contre-révolutionnaires gauchistes». A l’époque de la dictature de Boumediène, la même expression était employée par les gens du PAGS, notamment à mon encontre, parce que, à leurs yeux, j’avais le tort de sympathiser avec les thèses du PRS de Mohamed Boudiaf. Celles-ci dénonçaient l’opportunisme antipopulaire du PAGS. Et aujourd’hui, en Algérie, je subis un ostracisme, qu’un seul journaliste évoqua, de la part de ceux-là mêmes qui se drapent dans le «patriotisme» et le «progressisme»(14), tout en bénéficiant de privilèges, concédés en échange de leur «soutien critique» à l’Etat auquel ils se déclarent verbalement opposés.

Finissons avec un argument, lié à ce qui vient d’être dit. Merdaci écrit : «La doctrine politique de Naïmi est connue : il faut plus incriminer l’Etat (ou l’instance) qui nomme les fonctionnaires d’autorité que ceux qui en bénéficient.» (AP, 31 mars 2018). Pour ma part, il ne s’agit pas d’une «doctrine» (que je lie à un dogme indiscutable parce que infaillible) mais d’une conception (que je relationne avec une position scientifique, susceptible de mise en question sur la base d’observations empiriques). Il ne s’agit pas, non plus, de «politique» mais de sociologie. Le professeur pourrait m’accuser d’ergotisme, mais j’ai comme principe de m’efforcer à diminuer la confusion intellectuelle et le verbiage. Ils ne sont «utiles» à aucune «société», que je conçois comme étant composée de dominateurs et de dominés, où les premiers recourent à la confusion et au verbiage pour aliéner les seconds. Pour en revenir à ma vision sociale, effectivement, j’avais ajouté une précision sur le rôle de l’Etat, au sujet de l’article de Merdaci. Il s’était contenté de critiquer la nomination de Slimane Benaïssa comme «commissaire» du Festival international de théâtre de Béjaïa. Et Merdaci me répondit dans le même journal en reconnaissant le bien-fondé de ma remarque sur la responsabilité de l’Etat. Mais voici ce qu’ajoute Merdaci, en me nommant : «Il mettra, de ce strict point de vue, les directeurs des Théâtres régionaux de Béjaïa et d’Oran dans la même case que le Français d’origine algérienne Benaïssa.»… Où sont les preuves convaincantes de ces affirmations ?… Tout ce que j’ai dit, dans mon étude sur l’idéologie harkie, est ceci : je proposais de considérer «harki» toute personne servant une caste dominatrice, qu’elle soit nationale ou étrangère, et cela par les armes ou par une production intellectuelle. Et, dans mon ouvrage sur le théâtre, j’ai essayé de donner des preuves montrant comment des personnes se déclarant «progressistes» servaient, en réalité, les intérêts de la caste étatique en place, en échange de privilèges obtenus par l’occupation d’un poste administratif, avec les avantages qu’il offre. Dans ce dernier cas, je n’ai pas employé le terme «harki».

Quant à l’emploi systématique du mot «Français», de la part de Merdaci, au sujet de Benaïssa, là, encore, pourquoi mettre en avant ce terme ?… Durant la Guerre de Libération nationale, le FLN n’avait-il pas mis en garde pour ne pas confondre le peuple français avec l’oligarchie colonialiste ?… La réprobation du comportement de Benaïssa peut-elle se justifier par son choix de la nationalité française ?… Pour ma part, non ! Il est dans le fait de servir l’oligarchie dominante en France. Attention donc à ne pas opposer «Français» et «Algériens» (ou toute autre nationalité). Cela procède d’un chauvinisme nationaliste ethnique, dont on connaît l’emploi opportuniste par les castes dominantes, et les ravages conséquents dont les seules victimes furent les peuples.

Revenons aux directeurs régionaux de théâtre. Merdaci m’accuse de les considérer : «Tous des factotums du pouvoir, peu importe les trajectoires personnelles.» Comme on le constate, à Merdaci, celles-ci importent pour les personnes défendues par lui. Au contraire, dans mon cas, nous avons lu le traitement réservé à mes «trajectoires personnelles». Arrivons à l’argument : «Tous des factotums du pouvoir.» Oui, monsieur le professeur ! En dernière instance – je dis bien : en dernière instance -, oui ! Comme le furent les dirigeants du PAGS où ces personnes militaient ou auquel allaient leurs sympathies idéologiques. Le «soutien critique» fut la tactique par laquelle les détenteurs du pouvoir étatique ont manipulé ceux qui croyaient les manipuler, en leur concédant, oui !, des privilèges au sein de l’administration. Les résultats sont connus : ces opposants «soutien critique» furent, objectivement, des «factorums du pouvoir» en place. Et les plus honnêtes de l’ex-PAGS le reconnaissent en parlant d’«erreurs d’analyse». Pourtant, le PRS les avaient décrites et dénoncées en leur temps. J’espère en avoir fourni des preuves dans mon livre sur le théâtre(15).

A présent, il serait utile de savoir quelle est la conception de Merdaci concernant l’Etat algérien, depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui. Qu’il nous donne les preuves démontrant si l’Etat est ou non le produit d’une opposition entre une caste dominatrice-exploiteuse et une majorité de dominés-exploités. Qu’il nous expose, aussi, le rôle, depuis l’indépendance, de cette couche d’intellectuels, dans tous les domaines, dont le théâtre, qui a toujours (exceptés de rares moments d’ostracisme ou de répression étatiques) bénéficié de privilèges en termes de postes administratifs, en échange de «soutien critique» au régime en place. Que le professeur nous donne les preuves concrètes pour savoir si de cette couche de harkis de forme nouvelle (bureaucratique et idéologique), n’ont pas fait et ne continuent pas à faire partie trop de personnes qui se proclament «patriotes», défenseurs de l’«Algérie», de la «culture», de l’«intégrité», n’ont «jamais quitté le pays», sont «progressistes», «démocrates», de «gauche» et même «communistes». A ce sujet, le professeur est invité à fournir aux lecteurs des preuves convaincantes, parce que vérifiables et incontestables, concernant ses affirmations, à employer les mots adéquats en parlant de «société», de «culture», d’«intégrité» et d’«identité», à préciser les enjeux conflictuels non pas uniquement secondaires (genre critiquer Slimane Bénaïssa, ce qui est bien entendu utile, quoique facile), mais fondamentaux (ce qui essentiel). C’est ce que je l’avais porté à faire(16), quand il a reconnu que la nomination de ce personnage n’est que la conséquence d’un choix étatique, non imputable à un seul ministre. Espérant que la situation de Merdaci comme professeur, donc, sauf erreur de ma part, fonctionnaire étatique (actif ou à la retraire) ne conditionne pas sa conception concernant la nature et le rôle de l’Etat, et, par conséquent, ne détermine pas sa conception de ce que sont, quelle que soit la nation, les authentiques liberté et solidarité sociales, ainsi que leur coût concret pour celui qui les défend non pas seulement en paroles, mais en actes, même au prix de s’exiler de la terre(17) où il aurait souhaité toujours rester pour apporter à son peuple dominé une contribution afin qu’il puisse vivre dans une société libre et solidaire, excluant toute forme de harkisme, quel que soit le «beau» masque avec lequel il se drape aujourd’hui. L’exil de tant d’Algériens à l’étranger n’est pas causé uniquement par une gestion négative d’une caste étatique, mais, tout autant, par la masse de harkis de type nouveau à son service, sans lesquels cette caste étatique ne pourrait pas exister. D’où ma longue chronique sur l’idéologie harkie actuelle, à propos de laquelle il reste beaucoup à découvrir et à neutraliser, si l’on désire que le peuple algérien réalise enfin l’idéal qui lui était promis et pour lequel il lutta lors de la Guerre de Libération nationale.

K. N.

[email protected]

(1) Voir https://www.algeriepatriotique.com/2018/07/11/mise-point-a-propos-concept-mtorni/

(2) Lire également, à la fin de la «mise au point» de Merdaci, un commentaire du lecteur «Anonyme», relatant l’emploi religieux de «mtourni» durant la période coloniale.

(3) Respectivement en http://www.cnrtl.fr/definition/%C2%A0tribunitien

et https://fr.wikipedia.org/w/index.php?search=%C2%A0tribunitien&title=Sp%C3%A9cial:Recherche&fulltext=1&searchToken=1bb22w0x3xurbhy2x1109dh4i

(4) https://www.algeriepatriotique.com/2018/07/07/contre-lideologie-harkie-pour-la-culture-libre-et-solidaire-lideologie-harkie-aujourdhui-16/

(5) Ethique et esthétique au théâtre et alentours, librement disponible ici : https://www.kadour-naimi.com/f-ecrits_theatre.html

(6) «Naïmi Kaddour : Quelques appréciations sur un artiste que j’ai connu il y a plus de quarante ans», http://www.elwatan.com/culture/quelques­appreciations­sur­un­artiste­que­j­ai­connu­il­y­a­plus­de­quarante­ans­28­08­2012­183363_113.php

(7) http://www.atelierdecreationlibertaire.com/Un-mai-libre-et-solidaire.html

(8) Livre sur le théâtre : Livres 2 et 4.

(9) Outre à mon livre 3 sur le théâtre, ces faits sont évoqués dans la préface de mon ouvrage La guerre pourquoi ? La paix comme ?, librement accessible ici : https://www.kadour-naimi.com/f_sociologie_ecrits.html. Pourquoi le professeur ne mentionne pas que, dans mon témoignage sur le mouvement social de mai 68, j’ai émis la même négation concernant le parti «communiste» français et le syndicat CGT, qui en était la courroie de transmission ? Par les «accords de Grenelle», ils établirent leur forme de «soutien critique» à l’oligarchie patronale française, trahissant ainsi les travailleurs qu’ils prétendaient représenter et permettant la répression étatique qui mit fin au mouvement révolutionnaire populaire.

(10) Les faits sont dans mon livre sur le théâtre.

(11) https://fr.wikipedia.org/wiki/Andre%C3%AF_Jdanov

(12) J’en ai parlé dans mon ouvrage Ethique et esthétique au théâtre et alentours, précisément pour dénoncer ce comportement de la part de la mouvance pagsiste quand j’étais en Algérie, dans les années 1968-1973, et, par la suite, lors de mon séjour au pays en 2012-2013.

(13) Voir notamment Voline, La révolution inconnue, librement accessible sur internet.

(14) Mohamed Kali, «Y a-t-il un cas Kaddour Naïmi ? Polémique en scène», 30 mars 2013. http://www.elwatan.com/hebdo/arts­et­lettres/polemique­en­scene­30­03­2013­208424_159.php

(15) Entre autres, j’ai évoqué le bilan fait par celui qui en fut le secrétaire général du PAGS, Sadek Hadjerès.

(16) https://www.algeriepatriotique.com/2018/03/31/reponse-questions-professeur-merdaci-fonctionnariat/

(17) Dans le même livre sur le théâtre, j’en fournis les conditions matérielles.

Comment (20)

    awrassi
    19 juillet 2018 - 6 h 51 min

    L’heure n’est pas au débat; elle est, comme toujours, à la réflexion et surtout au choix. Quel chemin (quelle économie) l’Algérie doit-elle suivre ? De ce choix dépendra les questions (et les réponses) à débattre … Il existe trois options sur la table : le libéralisme t(capitalisme monopolistique), le socialisme (capitalisme « socialisé ») et le communisme (économie étatique planifiée). Le prix de la tomate importe plus à ma belle-mère que le mtourni, le harki ou le traître d’hier ou d’aujourd’hui. Le Berbère n’a jamais eu l’occasion de voir plus loin que sa tribu, son clan ou ses intérêts personnels. C’est un fait historique qu’il ne sert à rien de rappeler. Seule un Etat fort et centralisé pourra le changer …

    Med
    18 juillet 2018 - 9 h 31 min

    N’ayant pas lu les propos du professeur Merdaci, je ne connais pas les dessous de ce conflit sémantique mais apporter une modeste contribution sur certains points de ce débat.
    Mai 68 a été, certes, au début un mouvement progressiste. Mais passant du rouge au rose pâle, il a été vidé de son sens original. Après les accords de «Grenelle» ce fut un mouvement au service du capitalisme, œdipien, libéral libertaire (libéralisation des mœurs, liberté sexuelle…), sociétal au détriment du social.
    Quant au débat entres intellectuels, il existe dans le monde entier. Pasolini était communiste et se positionnait contre d’autres intellectuels communistes. Il défendait plus les policiers durant les manifestations en 1968 que les étudiants, pourtant de gauche. Que Boudjedra se positionne contre Daoud ou Sansal est tout à fait légitime, sinon un devoir. L’écrivain allemand, Günter Grass, a écrit un pamphlet –« Ce qui doit être dit » avant sa mort, qui dénonce les positions des intellectuels allemands, acquis à la propagande sioniste (en vertu aussi d’un sens de culpabilité) et provoquant un tollé général.
    De Gaulle (ceci n’est pas une adhésion au Gaullisme) qui incarnait la figure du « père », était en fait la cible d’une révolution colorée. De Gaulle avait rompu depuis 1966 avec l’OTAN et tentait d’ouvrir un dialogue avec l’URSS. Il fallait à tout prix le stopper. Il a cédé la place à Pompidou, un atlantiste libéral, beaucoup plus ouvert au capitalisme que De Gaulle.
    Comme on a stoppé le fameux « Compromis historique » en Italie avec l’assassinat par les Brigades rouges du démocrate-chrétien Aldo Moro. Aldo Moro voulait rompre avec la logique de la guerre froide et intégrer les communistes dans la gestion du pouvoir. Cela n’était pas du goût ni des américains ni des soviétiques. Comme on a éliminé Enrico Mattei, (ami de l’Algérie) président de l’ENI, qui luttait contre les 7 grosses compagnies pétrolières, Exxon, BP etc… Par ailleurs les acquis sociaux réalisés (par les forces du « Compromis ») en cette période n’existent pratiquement presque plus de nos jours en Italie (il y a près de 40% de chômage chez les jeunes au centre et au sud de l’Italie, les diplômés émigrent vers d’autres horizons soi-disant plus cléments).
    Le « Compromis historique » n’a pas eu lieu en Italie, mais en Algérie, avec le PAGS, cela a été une phase historiquement nécessaire, qui a permis entre autre la réalisation de la nationalisation des hydrocarbures en 1971. Une telle décision politique de nos jours aurait signifié une intervention militaire.
    La « dictature » de Boumediène (que je mets entre guillemets) a représenté une phase historique. Boumediène avait, à l’instar de De Gaulle, une approche autoritaire (voire plus) à l’exercice du pouvoir, dérivant aussi d’une tradition des sociétés arabo-musulmanes où ce dernier était concentré entre le politique, le militaire et le religieux. Boumediène avait cependant entamé un processus de démocratisation qui touchait à l’organisation calcifiée du parti unique et aux structures de l’État, mais en raison de sa mort soudaine, n’a pas abouti. Cette question nous renvoie à une autre question qui a marqué notre histoire. La position du FLN par rapport à celle du MNA en 1954. Le choix de la lutte armée. Le « Que faire » de Lénine est assez édifiant.
    Le « Livre noir du Communisme » a eu beaucoup de succès après la chute du Mur de Berlin en 1989. Le capitalisme a triomphé et réécrit l’Histoire comme il l’entend, jetant l’opprobre sur un système qui a permis cependant à d’autres pays de se libérer du joug du colonialisme.

    Karamazov
    17 juillet 2018 - 17 h 28 min

    C’est vrai, on ne peut que mentionner l’élégance avec laquelle il a répondu. Mais surtout le tact.
    « Cela dit, il serait intéressant de savoir ce qui en a «coûté» à Merdaci pour les mérites qu’il s’attribue «d’avoir fidèlement défendu l’Algérie, l’intégrité de sa culture et de son identité ».

    Alla khati les guillemets de « couté » ne sont pas de moua. Je n’ai aucune raison personnelle d’en vouloir au professeur à ce point.
    Non, je ne vous traduit pas.

    Larbi
    17 juillet 2018 - 11 h 16 min

    Israel va envoyer un satellite sur la lune, et notre Professeur d’université disserte sur les mots mtourni , mtorrni qu’il a élevés au rang de concept. Il doit s’ennuyer cet enseignant.

    Rachid Tazoulti
    16 juillet 2018 - 21 h 05 min

    Invraisemblable mais vrai ! D’habitude ont dit des femmes qu’elles se crêpent des les chignons, mais là des pseudo intellectuels qui s’échangent des mots sur le dos d’un dramaturge – Mtourni – Mtorni ou Harki – et qui a fait ses preuves dans son domaine de prédilection.

    Je pense que le jour où  »nos intellectuels » pour autant qu’ils aient été qualifiés comme tels par le lectorat produiront pour le plaisir de leurs lecteurs et laisseront les évaluations aux professionnels de la littérature, de la philologie, de la sociologie, de la dramaturgie,… etc… ce jour là l’Algérie littéraire aura fait un grand pas.

    Que Rachid Boudjedra reconnu, presque universellement, s’en prenne au chroniqueur Kamel Daoud ou au romancier Boualem Sansal, passe encore au vu de son passé historique et de ses écrits pertinents mais que des inconnus qui ne sont jamais sortir des frontières littéraires de l’Algérie jouent à jeu nous ne pouvons qu’être amusé par leurs débats… et la manière dont ils s’encensent … N’est ce pas amusant !?

    Anonyme
    16 juillet 2018 - 19 h 06 min

    Je pense que nos intellos manquent d’inspiration creatrice en ces temps caniculaires , et je comprends tres bien cette situation. A Toronto la temperature avoisine les 40 degres. Il serait louable que dans cette tribune on fasse l’etude des travaux de Benaissa que je ne connais pas et la, nous aurons a coup sur une idee de la personne en lieu de l’accabler de tous les qualificatifs d’une autre epoque. Il faut rassembler les Algeriens et faire tout pour qu’on beneficie de leur genie quel que soit de leur lieu de residence. Parler de Mtourni, de retrourne , ou de harki est est maniere d’eviter le debat intellectuel sur les questions importantes de notre devenir en tant que peuple et pays. Il faut prendre ce qui est bien dans l’etre humain et chercher a en prendre plus et non focaliser sur des futilites comme le lieu de residence ou les declarations a la presse. Comme au marche, je choisis ce que je veux et je peux acheter , du reste je m’en detourne sans faire de tapage ou acabler le marchand.
    D’apres ce que je sais de Benaisa , c’est un bon dramaturge a la notoriete nationale , je lui souhaite bon courage et qu’il cree encore plus pour le theatre algerien . Je m’en fous de son lieu de residence, de sa vie privee, du nombre de passeports qu’il a…… L’essentiel c’est qu’il livre la marchandise.
    C’est comme sur un terrain de foot, c’est le score qui compte en fin de partie et non autre chose. L’equipe de France a eu un jeu quelconque devant la Belgique et la Croatie mais a gagne la coupe du monde!
    Quand a Merdaci, il enseigne en francais depuis des lustre a Constantine, si je suis son raisonnement, je lui dirais qu’il a contribue a l’expansion de la langue de l’occupant et que l’enseignement d’une langue est toujours ideologique …. Mais je n’irai pas jusque la.
    La theorie deu Harki et de Mtorni rejoint quelque peu la theorie de l’imperialisme americain , du complot de l’etranger , de la suspiscion de tout ce qui nous associe avec l’exterieur. C’est une fort belle maniere de se refermer sur soi et de convoquer l’autarcie avec toutes ses consequences.
    Cette Histoire de Benaissa me rappelle aussi l’allegorie de la caverne de Platon . Quand l’homme revint a sa grotte il est malmene par ses semblables. Quand Benaissa est nomme comme commissaire a la culture, on lui trouve soudainement beaucoup de defauts.
    Mais cela fait partie du debat et c’est tres beau que l’on puisse debattre dans le respect de tous en toute honnetete :
    Il y’a un proverbe kabyle que beaucoup ignorent que je porterai aujourd’hui a votre connaissance. Il sied bien a cet article de Si Kaddour .
    Ikoray vdhane iraha : C’est presque intraduisible mais je vais essayer de le traduire.
    Les tetes sont constituees separement pour avoir des opinions differentes.

    Avec toute la modestie qui m’etouffe, comme dirait Abou stroff ,je salue tous les createurs du pays.

    Nasser, Chali.
    Toronto.

    Nasser, Chali
    16 juillet 2018 - 19 h 06 min

    Je pense que nos intellos manquent d’inspiration creatrice en ces temps caniculaires , et je comprends tres bien cette situation. A Toronto la temperature avoisine les 40 degres. Il serait louable que dans cette tribune on fasse l’etude des travaux de Benaissa que je ne connais pas et la, nous aurons a coup sur une idee de la personne en lieu de l’accabler de tous les qualificatifs d’une autre epoque. Il faut rassembler les Algeriens et faire tout pour qu’on beneficie de leur genie quel que soit de leur lieu de residence. Parler de Mtourni, de retrourne , ou de harki est est maniere d’eviter le debat intellectuel sur les questions importantes de notre devenir en tant que peuple et pays. Il faut prendre ce qui est bien dans l’etre humain et chercher a en prendre plus et non focaliser sur des futilites comme le lieu de residence ou les declarations a la presse. Comme au marche, je choisis ce que je veux et je peux acheter , du reste je m’en detourne sans faire de tapage ou acabler le marchand.
    D’apres ce que je sais de Benaisa , c’est un bon dramaturge a la notoriete nationale , je lui souhaite bon courage et qu’il cree encore plus pour le theatre algerien . Je m’en fous de son lieu de residence, de sa vie privee, du nombre de passeports qu’il a…… L’essentiel c’est qu’il livre la marchandise.
    C’est comme sur un terrain de foot, c’est le score qui compte en fin de partie et non autre chose. L’equipe de France a eu un jeu quelconque devant la Belgique et la Croatie mais a gagne la coupe du monde!
    Quand a Merdaci, il enseigne en francais depuis des lustre a Constantine, si je suis son raisonnement, je lui dirais qu’il a contribue a l’expansion de la langue de l’occupant et que l’enseignement d’une langue est toujours ideologique …. Mais je n’irai pas jusque la.
    La theorie deu Harki et de Mtorni rejoint quelque peu la theorie de l’imperialisme americain , du complot de l’etranger , de la suspiscion de tout ce qui nous associe avec l’exterieur. C’est une fort belle maniere de se refermer sur soi et de convoquer l’autarcie avec toutes ses consequences.
    Cette Histoire de Benaissa me rappelle aussi l’allegorie de la caverne de Platon . Quand l’homme revint a sa grotte il est malmene par ses semblables. Quand Benaissa est nomme comme commissaire a la culture, on lui trouve soudainement beaucoup de defauts.
    Mais cela fait partie du debat et c’est tres beau que l’on puisse debattre dans le respect de tous en toute honnetete :
    Il y’a un proverbe kabyle que beaucoup ignorent que je porterai aujourd’hui a votre connaissance. Il sied bien a cet article de Si Kaddour .
    Ikoray vdhane iraha : C’est presque intraduisible mais je vais essayer de le traduire.
    Les tetes sont constituees separement pour avoir des opinions differentes.

    Avec toute la modestie qui m’etouffe, comme dirait Abou stroff ,je salue tous les createurs du pays.

    Nasser, Chali.
    Toronto.

    Hakikatoune
    16 juillet 2018 - 11 h 58 min

    Allez courage chers intellectuels algériens, écrivains, spécialistes du théâtre et du cinéma, hommes de lettres, poètes, économistes, politologues, historiens, sociologues, ….. oublions le langage suranné et désuet du FLN de 1962 , évitons de jouer le rôle de distributeurs autoproclamés de « diplômes » de patriotisme ou antipatriotisme. Mettons nous au travail , au boulot chacun dans son rôle , et les vaches seront bien gardées !

    Karamazov
    16 juillet 2018 - 9 h 54 min

    A ce que je vois certains lecteurs n’ont pas bien suivi ni lu les éminentes contributions de nos immenses érudits. Il ne s’agit pas d’un débat byzantin sur le sexe des anges et encore moins d’une chasse à courre contre des parias ou des mauvais citoyens mais d’une découverte scientifique qui ébranle la sémantique et la terminologie. Que dis- je ? La science toute entière est remise en question dans tous ses domaines, des mathématiques à la pata-psychologie. En ajoutant qu’ils ont épargné à notre patrie un interminable procès d’intention pour savoir qui est qui.
    En attendant, puisque mwamim j’ai du mal à me situer et à me culpabiliser correctement, car jusque-là je croyais me sentir proche à la foi de KD de Sansal de Yasmina K et de Benaissa, j’ai du mal a opté pour un qualificatif qui me sied car je vous avoue qu’il me semble reconnaitre pas mal de mes proches et amis. « Tous ceux pour qui j’ai un brin d’empathie vous les avez salis » aurait dit un ami à Si Qeddour.
    Donc, pour ne fâcher personne au risque de m’en éloigner, j’assume tous les qualificatifs : harki, mtourni, mtrouzi! Et je vous laisse la propriété exclusive des mots patriote et nationaliste .

    Anonyme
    15 juillet 2018 - 22 h 39 min

    Débat stérile,qui prend le goût fade du déjà lu,et débattu. Certes,du choc des idées jaillit la lumière, mais faudrait-il aussi que le débat tourne autour de discussions qui relèvent de l’actualité brûlante qui meuble le décor de notre vécu, soit-il laid ou louable. Dans ce créneau les questions à caractère sociale foisonnement, tout comme les sujets d’intérêt académique, culturel, ou économique, mais demeurer coincé dans le concept du harki,mtorni ou mtourni, en consacrant quelques 3 ou 4 longs articles autour de cette thématique, et en y nommant expressément ce monsieur Benaïssa, relève de l’incongru et d’une attitude quelque peu surréaliste.
    A mon humble avis,ce monsieur n’est pas plus dangereux que tous ces salafistes tapis dans l’ombre, ou ces caïds affairistes de l’immobilier qui financent leurs projets à coups de milliards, grâce au fric sale en provenance du trafic de la cocaïne, et d’autres sources malpropres.
    Il me semble que ce pseudo débat ne nous grandit point, au contraire, il contribue à nous appauvrir intellectuellement parlant,et à diminuer les concitoyens qui se sont exilés, ou qui ont décidé de s’établir de l’autre côté de la méditerranée pour des raisons dictées par tel ou tel motif impérieux( études, emploi,santé, famille etc…). Quelques soient les horizons de x ou y, l’essentiel c’est la contribution au débat, pour construire,et non pas pour nuire et détruire. Le débat c’est aussi proposer du neuf,innover et lancer des défis. À trop vouloir rabâcher, on tue tout élan à vouloir aller de l’allant,et inconsciemment,on se confine dans les relents du passé.

    Anonyme
    15 juillet 2018 - 20 h 06 min

    définition de tribunitien :A. − HIST. ROMAINE [Corresp. à tribun A] Qui est relatif, qui appartient au tribun, au tribunat. Pouvoir tribunitien. On créa les dictateurs, magistrats dévoués .

    yabdas
    15 juillet 2018 - 18 h 46 min

    les termes mtorni et non mtourni et parfois mtourzi etaient employes par le peuple pour qualifier les agents autochtones au service de l’etat colonial qui optaient pour le code civil abandonnant le statut particulier.cela ne faisait pas d’eux,automatiquement, des convertis.quant au terme harki,il appartient a l’histoire colonial.il est apparu a un moment precis de la lutte de liberation dans un contexte particulier.il a sens precis,pourquoi cette philosophie sterile pour l’etendre a d’autres domaines ou il n’a rien a voir.

    Montre leur la lune ...
    15 juillet 2018 - 17 h 48 min

    Montre leur la lune, ils regarderont ton doigt !

    Je ne comprends pas cette fâcheuse tendance de « nos » intellectuels nouvelle vague à s’attribuer le droit de distribuer des diplômes ou des accessits à un tel ou un tel autre algérien en matière de patriotisme ou de lui attribuer le carton rouge pour « harkisme » ou « trahison envers la nation » ou « m’tournisme » ! Pour qui se prennent-ils ? Qu’est-ce qui leur arrive ?

    Qu’ils s’occupent d’abord des vrais dangers qui guettent le pays qui sont d’ordre culturel, économique, politique et institutionnel et après on s’occupera de Kamel Daoud , de Yasmina Khadra et de Slimane Benaissa !!!! Qu’ils regardent l’état du secteur de la santé, de l’état de décrépitude de l’université et de la recherche technique et scientifique, de la corruption qui gangrène le pays, de la création artistique moribonde, de la santé économique et sociale du pays et après on s’occupera de Kamel Daoud , de Yasmina Khadra et de Slimane Benaissa ! Ok , les gars !!?? Allez reveillez vous, l’urgence ce n’est pas Kamel Daoud , Yasmina Khadra et Slimane Benaissa . Ils n’ont pas de capacités de nuisance pour faire sombrer le pays ! Ils n’ont ni sous-marins, ni bombes atomiques, ni une armée pour le faire !

    Oh secours mon Dieu qui êtes aux Cieux, c’est la catastrophe car des intellectuels ont usurpé la vedette aux personnels zélés du FLN de 1962 !!! Ils voient des « harkis » partout !!

    Karamazov
    15 juillet 2018 - 17 h 37 min

    Moi je trouve que vous entré par effraction pour faire de l’ombre à un débat auquel vous n’étiez pas invité. La mise au pas du Grand Professeur Merdaci n’était qu’un exercice de pédagogie qu’il ne fallait pas prendre pour un prétexte pour prendre sa mouche et renchérir pour envenimer un débat au départ d’une grande sérénité. A franchement parler vous vous êtes livré à un qualifiable travestissement du judicieux concept de « mtorni » pour lui faire perdre sons sens avec insistance dans d’interminable et harassantes chronique. Le bon sens et l’élégance vous auraient commandé un peu de reconnaissance à ce grand professeur et non de lui rendre en ingratitude ses leçons.

    Je suis triste d’assister à ce rabaissement de niveau sous prétexte de droit de réponse.

    J’arrête parce que ce n’est pas ici que j’ai envie de vous accabler puisque nous sommes de vielles conaissances.

    L’ami qui vous veut du bien..

    Abou Langi
    15 juillet 2018 - 16 h 57 min

     » Il y a plusieurs manières de répondre à cette «mise au point»(1) : par le silence, mais je risque d’être accusé de dérobade, et donc de confirmer les déclarations du professeur à mon sujet ».

    Main non, vous auriez pu manger votre chapeau, on ne cherche pas votre mort kamim.
    Parce que là c’est encore plus grave.
    Les kabyles disent  » ldjrouh jerhène heloune imesleyène qazène renoun ».

    Genre les coups blessent temporellement mais les mots éternellement.

    Je crois que je vais partir en vacances, car je ne veux pas assister à cette boucherie.

    Mes condoléances à votre orgueil! H.U

    KIKI
    15 juillet 2018 - 16 h 07 min

    Il y a un mal qui est intretenu par certains algeriens et français envers les Algériens vivant en France pour les maintenir dans un état de suspicion un vieux poisson j en est vu craché sur Algérie ensuite sur la France selon leurs intérêt du moment qui ce nomme la BLEUIT
    Aux mon le terme Harki est clair ils ont fait leurs choix

    Slam
    15 juillet 2018 - 14 h 48 min

    Je suis frappé par la richesse lexique de notre « intellectuel » . Mtourni. Harki. Un style littéraire de barbouzien. Quant aux idées…

    Anonyme
    15 juillet 2018 - 14 h 20 min

    Vous nous gonflez avec vos obsessions de m’tourni , harki, et tous le le lexique chère aux médiocrates . Il suffit que quelqu’un réussit à se hisser hors du magma médiocratique pour qu’il reçoit ces qualificatifs .

    LOUCIF
    15 juillet 2018 - 14 h 19 min

    Monsieur Kaddour Naïmi , franchement je ne vous connais que par les articles que vous publié ici sur AP ! Pardon de vous avoir découvert tard et par hasard ici sur AP , et depuis peu de temps seulement, mais çà ne me déplait pas du tout, au contraire. En effet, j’aime le débat ! C’est un plus pour la pédagogie politique, pour l’exercice de la démocratie, de la liberté, du débat contradictoire, dont notre pays manque cruellement ! Ausi , laissez vous dire deux ou trois petites choses :

    Un : je suis d’accord avec vous pour dire que le PAGS était ambiguë du temps de Boumediène avec son « soutien critique ». En effet, il me paraissait anormal qu’après avoir traqué, chassé, poursuivi, torturé et emprisonné des militants ou sympathisants communistes algériens vers la fin des années 60, cet autocrate autoritaire moustachou, cet absolutiste (qui a destitué un autre dictateur en 1965, pourtant son ami et complice de 1962) a été indulgent envers le PAGS et ses dirigeants dès la mi décennie 70 ! Il a même intégré plusieurs d’entre eux dans certaines hautes fonctions étatiques !

    Deux : Si je comprends bien, sinon vous me corriger, pourquoi vous êtes d’une violence inouïe contre le communisme chinois ou russe, qu’on peut comprendre, mais vous ne faîtes aucune allusion au capitalisme ultralibéral ou néolibéral qui, au nom d’une idéologie soit disant basée sur la démocratie et sur la liberté, ont fait et font toujours des dégâts immenses, des crimes inimaginables (peut -être pas envers leur propre peuple), mais envers les autres peuples plus faibles qu’eux ! L’un dans l’autre, à peu de chose près, Lénine, Staline, Hitler, Mao, Kissinger, Nixon, Bush etc… etc… c’est du kif-kif au même, ils ont leurs coins sombres funestes soit envers leur propre peuples soit envers d’autres peuples ! Un être humain est un être humain … partout !

    Trois : Je ne comprends pas vraiment pas comment vous, homme de théâtre, de culture, écrivain, intellectuel, vous pouvez devenir un allié complice des « Boudjedra and Co » que je considère eux aussi victime d’une récupération par le pouvoir de Bouteflika comme l’a fait Boumediène en son temps avec certains cadres du PAGS ! J’ai le droit de le dire et de le penser, non ? Je n’ai pas de preuve, mais c’est mon sentiment. Eux aussi utilisent une violence inouïe quand ils parlent de Kamel Daoud et de Yasmina Khadra. Est-ce que c’est justifié ? On observe la même chose plus récemment contre Slimane Benaissa , de la part de certains en lui sortant d’autres raisons en sus. Vous, vous applaudissez des pieds et des mains Rachid Boudjedra d’avoir inventer la notion de «contrebandiers de l’histoire» quand il parle et attaque Daoud et Khadra par exemple ! Je voudrais bien savoir comment et en quoi (d’une manière précise et non générique) ces intellectuels peuvent être taxé de « m’tourni » ou de « harki new look, new genre» ou d’être accusés d’intelligence avec l’étranger ou d’agir contre les intérêts de l’Algérie, selon le cas ! Pourquoi ? Parce qu’ils critiquent l’islam politique fondamentaliste rétrograde ? Parce qu’ils sont contre le régime politique algérien, contre le pouvoir ? Parce qu’il le font à partir d’un pays étranger ? Pourquoi ce vocabulaire extrême et très violent entre intellectuels, pourquoi s’octroyer des droits d’exclusion, pourquoi ces leçons de patriotisme qui n’ont pas lieu d’exister de cette manière, alors qu’il est possible de critiquer ou d’être en contradictoire les uns contre les autres, sans toutefois s’ériger en juge, en censeur, en détendeur du patriotisme, en détenteur de la « vérité », si vérité il y a !
    Merci pour vos contributions. E bon courage dans vos combats, dans la défense de vos idées… quelqu’elles soient !

      passager
      23 juillet 2018 - 9 h 44 min

      Vous ne pouvez pas connaitre ce Monsieur car la Gauche semi officielle Algerienne n’en parle pas …les  » progressistes  » des années 70 n’aiment pas ses positions , alors nulle trace du personnage dans leurs litteratures…dommage pour l’Algerie que le seul discours apparemment moderniste depuis l’independance et à qui ont permettait l’expression , a été celui des progressistes des années 60 , soutiens de Benbella , hesitants au temps de Boumedienne avant de recevoir l’ordre d’integrer la foule (1975 ) , hibernation dans les années 80 et faux laics depuis les années 90…dommage qu’aprés 30 années d’independance , l’ouverture démocratique nous a mis entre deux protagonistes aussi faux l’un que l’autre : des faux musulmans drapés en islamistes , et des faux modernistes reliques des dits progressites des années 60…nous attendons toujours le discours moderniste Algerien , fidele à l’Algerie sans être ni anti machin ni Anti truc…tout le reste n’est que faux débat entre nostalgiques des veillées aux cités universitaires des 70..

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