Un diplomate occidental : «L’option d’un 5e mandat est quasiment acquise»
Par R. Mahmoudi – Le débat politique algérien ne laisse pas indifférents les chancelleries et médias étrangers, contrairement à ce que laissent entendre certaines apparences. Un diplomate étranger en poste à Alger, cité par l’agence française AFP, affirme que «l’option d’un cinquième mandat pour le président Abdelaziz Bouteflika est quasiment acquise pour les milieux politiques occidentaux».
Commentant les derniers changements opérés à la tête de certains corps de sécurité, ce diplomate, qui a requis l’anonymat, avance qu’il s’agit de «réaménagements internes avant les élections». Il juge que le limogeage du général Hamel «visait à mettre fin aux ambitions de cet homme, considéré souvent comme un candidat potentiel à la succession de Bouteflika».
Dans le même registre, Pierre Vermeren, le professeur d’histoire à l’université Paris I et spécialiste du Maghreb, soutient que «tous les indicateurs extérieurs montrent qu’un petit groupe restreint, très influent et agissant au sommet de l’Etat algérien, pousse dans le sens d’une réélection du Président sortant».
Cet universitaire estime qu’il n’y aurait plus en Algérie de contre-pouvoirs en mesure de faire barrage aux choix arrêtés par les décideurs dès lors que «des groupes religieux, régionaux et culturels et des partis politiques semblent totalement marginalisés».
Pour Pierre Vermeren, «il n’y a rien qui empêche aujourd’hui de rééditer ce qui a déjà été essayé et a bien réussi», rappelant, à ce sujet, que le président Bouteflika avait été réélu en 2014 avec 81,5 de voix, «sans être apparu au public». L’universitaire français considère que les «puissants cadres de la Présidence» ont pu «neutraliser ou minimiser le rôle de l’armée et des services de renseignements qui étaient auparavant les faiseurs de rois en Algérie».
Enfin, l’universitaire français estime que les Algériens «veulent éviter à tout prix l’aventure politique et le chaos qu’ils ont vécu», allusion à la décennie sanglante des années 1990, où la violence terroriste menée par des groupes islamistes armés a fait des dizaines de milliers de victimes.
R. M.
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